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dans les provinces européennes, provoquer des massacres afin d'élever des discussions et des interpellations au sein de la Sobranié et obliger ainsi le Gouvernement bulgare à s'adresser aux Puissances pour réclamer leur intervention.

La Sublime Porte croit devoir mettre en garde les Cabinets européens, persuadée qu'ils ne se laisseront pas circonvenir par de pareilles manœuvres. Les Autorités impériales ont adopté partout des mesures efficaces pour le maintien de l'ordre et de la sécurité et toute tentative criminelle sera promptement réprimée.

La Sublime Porte prie Son Excellence Monsieur le ministre des Affaires étrangères de vouloir bien transmettre à l'Agent diplomatique français à Sofia des instructions l'invitant à faire entendre dès à présent au Gouvernement princier qu'une telle démarche de sa part ne rencontrerait aucun appui auprès des Grandes Puissances dont l'unique souci est le maintien de l'ordre et de la tranquillité.

N° 3.

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

à M. de la Boulinière, Ministre plénipotentiaire, chargé de l'Agence et Consulat général de France à Sofia.

Paris, le 13 mars 1902.

J'ai l'honneur de vous adresser, ci-jointe, la copie d'un aide-mémoire officieux que m'a remis tout récemment l'Ambassadeur de Turquie à Paris, pour appeler mon attention sur les préoccupations que cause à la Sublime Porte l'agitation qui se fait jour dans la Péninsule Balkanique. Ainsi que vous pourrez le constater, le Gouvernement ottoman semble croire à des entreprises révolutionnaires prochaines de la part des Comités bulgares et il exprime le vœu qu'une action soit exercée sur le Gouvernement bulgare en vue de les prévenir.

Provisoirement nous n'avons pas à préjuger auprès du Gouvernement princier, par une démarche trop précise dans le sens indiqué, des évènements qui, nous l'espérons, ne viendront pas à se produire.

Avant de prendre aucune initiative à ce sujet, j'ai cru devoir, en tout état de cause, me concerter avec le Cabinet de Saint-Pétersbourg. Vous voudrez donc bien considérer, jusqu'à nouvel ordre, la présente communication comme destinée surtout à votre information.

Je vous prie toutefois d'en faire l'objet d'une conversation avec votre Collègue russe avec qui il importe que vous vous mainteniez en accord constant au sujet de questions de cette nature.

D'une manière générale, vous pouvez dès à présent rappeler au Gouvernement bulgare tout le prix que nous attachons au maintien de la tranquillité on Macédoine et exprimer la confiance qu'a cet égard son concours ne nous fera pas défaut, facilitant par là même les efforts que nous ne cessons de faire à Constantinople pour obtenir de la Porte une amélioration sérieuse du sort des populations de la Macédoine.

DELCASSÉ.

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Les nouvelles de Macédoine sont toujours inquiétantes. Dans son rapport du 4 mars, M. Choublier affirme que des bachi-bouzouks ont été employés par les autorités turques contre les habitants à Ekchi Sou et que ces irréguliers commettent encore des excès dans les villages de Boukri, Barechani, Jabeni et Zajetz. Je me propose de voir aujourd'hui même le Ministre de la Guerre pour lui faire part de ce fait et lui rappeler qu'il est contraire aux stipulations des traités.

Plusieurs de mes collègues m'ont entretenu du désir qu'ils auraient d'adresser à la Porte une note commune relativement à la situation troublée de cette province. Leurs Gouvernements, paraît-il, les y auraient autorisés. Je ne crois à l'efficacité d'une pareille démarche que si tous les représentants des Puissances étaient disposés à y prendre part.

N° 10.

CONSTANS.

M. de la Boulinière, Ministre plénipotentiaire, chargé de l'Agence et Consulat de France à Sofia,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Sofia, le 23 mars 1902.

Dans la dernière conversation que j'ai eue avec lui, M. Daneff m'a de nouveau affirmé que l'ordre ne serait pas troublé en Bulgarie où d'ailleurs les Comités sont maintenant non seulement surveillés, mais dénués de toute ressource; il m'a exprimé encore sa conviction que l'agitation en Macédoine n'étail que superficielle; j'ai profité de cette occasion pour lui dire, conformément à vos instructions, tout le prix que nous attachions au maintien de la tranquillité, la satisfaction que ses assurances étaient de nature à nous causer et la confiance que nous avions dans le concours du Gouvernement princier, qui connaît d'ailleurs notre sollicitude pour les populations de la Macédoine.

Mon Collègue de Russie, avec lequel j'ai soin de me maintenir en parfait accord, avait, à la suite de nouvelles inquiétantes venues de Belgrade, été chargé de recommander la vigilance au Gouvernement bulgare. Aucun de mes collègues, sauf celui d'Italie, ne semble avoir eu jusqu'ici communication de la Note Ottomane. Le Ministre d'Autriche a fait une démarche analogue à celle de M. Lermontow. Quand à M. Polacco, qui m'a demandé si j'avais des instructions et quelle était leur nature, je lui ai dit les sentiments que j'étais chargé d'exprimer au Gouvernement princier en ce qui concerne le mouvement macédonien.

J. DE LA BOULINIÈRE.

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N° 11.

M. le Marquis de Montebello, Ambassadeur de la République française à Saint-Pétersbourg,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Saint-Péterbourg, le 27 mars 1902.

J'ai eu l'occasion d'entretenir hier encore le Comte Lamsdorff de l'agitation en Bulgarie et en Macédoine, à propos de la dernière note que vous a remise Munir-Bey. Comme nous, le Gouvernement impérial n'a pas cessé et continuera de faire entendre, aussi bien à Sofia qu'à Constantinople, des conseils de prudence.

En ce qui concerne le Gouvernement bulgare, sa situation intérieure est trop délicate, ses enibarras financiers sont trop lourds pour qu'il ne sente pas d'ailleurs lui-même l'impérieuse nécessité d'éviter toute complication.

Il a d'ailleurs pris toutes les mesures possibles pour empêcher la propagation des manoeuvres des Comités établis sur son territoire. Il a formé sur ses frontières un cordon de troupes très serré. Le Gouvernement ottoman, de son côté, a pris les mêmes précautions, et si ces intentions sont sincères de part et d'autre, toute agitation grave devrait être facilement écartée et prévenue. La Turquie sera énergique dans la répression des moindres troubles; elle lė serait même trop peut-être, mais c'est là un écueil que le Gouvernement impérial comme le Gouvernement de la République ont pris la précaution de signaler.

MONTEBELLO.

N° 12.

M. Constans, Ambassadeur de la République française à Constantinople,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Péra, le 7 avril 1992.

Si depuis quelque temps le Gouvernement ottoman paraissait craindre des complications du côté des Comités macédoniens, les premières difficultés lui viennent ce printemps des tribus albanaises chez lesquelles l'impunité a encouragé le goût de la vendetta et du pillage.

Il y a quelques jours, les chefs albanais Ferhad Bey avec mille partisans et Issa Bolitin avec 300 hommes pénétraient dans Novi-Bazar et occupaient le Konak, forçant le Gouverneur à se réfugier dans la forteresse. Cette manifestation violente, qui avait pour but d'obtenir la grâce d'un chef très populaire Akif Bey, devait pleinement réussir : j'apprends en effet aujourd'hui que la faveur réclamée a été accordée. Non contents de ce succès, les Albanais demandent maintenant la révocation du sous-gouverneur de Novi-Bazar qu'ils accusent d'avoir fait exiler Akif. Notre Vice-Consul à Uskub qui me télégraphie ce renseignement craint que si entière satisfaction n'est pas donnée aux mécontents, des troubles plus sérieux n'éclatent à bref délai.

Quoi qu'il en soit, le Gouvernement ottoman a décidé de prendre des mesures militaires suffisantes pour parer provisoirement à tout événement; mais par suite de la pénurie du Trésor qui ne permettrait pas de nourrir une grande quantité de troupes supplémentaires, au lieu de 36 bataillons d'ilavés que demandait le Grand Vizir, le Ministre de la Guerre n'a pu en mobiliser que 24. Ils ont été répartis dans les districts où les troubles sont le plus à craindre, soit 11 à Uskub, 4 à Monastir et 9 autour de Salonique d'où ils peuvent être envoyés rapidement dans trois directions différentes. Les forces de la région ont été portées ainsi de 45,000 à 60,000 hommes environ. La garnison d'Andrinople a fourni un bataillon pour garder près de Drama la ligne SaloniqueDédéagatch dont on pourrait sans difficulté faire sauter les nombreux ouvrages d'art afin d'empêcher une concentration de troupes.

A l'Est d'Andrinople enfin un bataillon a renforcé la surveillance de la frontière bulgare à travers laquelle les agents des Comités passaient trop facilement. CONSTANS.

N° 13.

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

à M. le Marquis de Montebello, Ambassadeur de la République française à Saint-Pétersbourg.

Paris, le 11 avril 1902.

L'Ambassadeur de Turquie à Paris m'a remis une série de notes dans lesquelles il dénonce les menées des Comités bulgares, dit que des armes et des munitions leur sont fournies par les dépôts d'armes du Gouvernement princier et demande « qu'une communication péremptoire soit faite à ce Gouvernement pour mettre un terme à ces agissements ».

Je me propose de répondre par l'entremise de M. Constans comme suit: Je rappellerai les conseils de vigilance que nous avons donnés à Sofia et que nous ne nous refusons pas à renouveler. Nous savons d'autre part que la Porte a réuni tous les moyens d'action nécessaires pour empêcher de se développer tout mouvement provoqué dans les provinces européennes de l'Empire par des fauteurs de désordre. Mais nous comptons surtout sur la modération et la sagesse avec lesquelles les autorités ottomanes useront de ces moyens, pour qu'ils produisent leurs bons effets au profit de la tranquillité publique. La Porte nous dénonce elle-même la tactique des Comités tendant à provoquer des répressions rigoureuses propres à appeler la sympathie sur les victimes des événements. Il appartient au Gouvernement ottoman de déjouer cette tactique en traitant bien les populations, ce qui ruinerait l'influence des Comités et, au besoin, en s'en tenant strictement aux mesures indispensables de coercition. Il devra écarter soigneusement à cette occasion toute intervention des éléments indisciplinés, bachi-bouzouks, ou population musulmane, dont le concours désordonné ne manquerait pas d'entraîner de graves complications.

Je vous prie d'indiquer au Comte Lamsdorff le sens de cette communication que M. Constans fera d'ici quelques jours, afin que le Gouvernement impérial puisse de son côté, s'il le juge opportun, en adresser une semblable à la Sublime Porte. DELCASSÉ.

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N° 14.

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

à M. de la Boulinière, Ministre plénipotentiaire, chargé de l'Agence et du Consulat général de France à Sofia.

Paris, le 12 avril 1902.

L'Ambassadeur de Turquie m'a remis récemment au sujet des troubles de Macédoine de nouvelles notes dans lesquelles il dénonce les menées des Comités bulgares, dit que des armes et des munitions leur sont fournies par les dépôts d'armes du Gouvernement princier et demande qu' « une communication péremptoire soit faite à ce gouvernement pour mettre un terme à ces agissements ».

Mon intention est d'indiquer prochainement à notre ambassadeur à Constantinople le sens de la réponse qu'il devra faire à ces communications. En attendant, nous comptons sur la prudence et la vigilance du Gouvernement princier pour éviter toute démarche pouvant donner prise aux accusations ainsi formulées contre lui. Nous ne doutons pas, d'ailleurs, qu'il n'ait le sentiment très net du grand intérêt qu'il a lui-même au maintien de la tranquillité dans la région des Balkans. L'agent diplomatique de Bulgarie à Paris, M. Zolotovitz, que j'ai vu mercredi, m'en a du reste donné la ferme

assurance.

Je vous autorise à le lui rappeler, au besoin, et à poursuivre dans cet esprit avec vos Collègues, notamment avec l'Agent diplomatique de Russie, les échanges de vues que vous avez déjà eues avec eux à ce sujet, comme l'indiquait votre rapport, en date du 23 mars. Tout permet de supposer qu'ils ont de leur côté reçu de leurs gouvernements des instructions conçues • dans le même sens que les nôtres.

DELCASSÉ.

N° 15.

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

à M. Constans, ambassadeur de la République française à Constantinople.

Paris, le 13 avril 1902.

L'Ambassadeur de Turquie à Paris m'a remis récemment, au sujet des troubles de Macédoine, de nouvelles notes dans lesquelles il dénonce les menées des Comités bulgares, dit que des armes et des munitions leur sont fournies par les dépôts d'armes du Gouvernement princier et demande qu'une communication péremptoire soit faite à ce Gouvernement pour mettre un terme à ces agissements ».

Nous ne nous refusons pas à préciser en les renouvelant les conseils de vigilance que nous avons donnés à Sofia. Nous apprécions, d'autre part, la prévoyance avec laquelle la Sublime Porte paraît s'être attachée à réunir dans ses provinces menacées des moyens d'actions réguliers assez imposants pour décourager les tentatives des fauteurs de désordres et au besoin pour en

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