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-note officielle publiée par son ordre dans les journaux de Constantinople fait allusion à cette mesure de clémence.

Un grand nombre de villageois ont déjà rengagé leurs foyers et Sa Majesté considère que d'ici à peu de jours tout sera rentré dans l'ordre.

CONSTANS.

N° 30

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

aux Ambassadeurs de la République française à Saint-Pétersbourg, Londres, Constantinople, Berlin, Vienne et près S. M. le Roi d'Italie,

Paris, le 20 octobre 1902.

L'Ambassadeur d'Angleterre à Paris m'a remis, avant-hier, un aide-mémoire dont copie est ci-jointe, résumant la réponse faite par son Gouvernement aux démarches de l'Ambassade ottomane à Londres, qui demandait que l'Angleterre exerçât une pression à Sofia pour réprimer l'activité croissante des Comités macédoniens. Le Cabinel de Londres a déclaré qu'il s'associerait volontiers à toute tentative ayant pour but d'empêcher que les troubles actuels ne s'étendent davantage.

J'ai répondu à Sir Edmund Monson que nous avions déjà eu, à plusieurs reprises, l'occasion d'appeler l'attention du Gouvernement bulgare sur la nécessité de surveiller exactement sa frontière. d'empêcher l'introduction d'armes et le passage de bandes en Macédoine, et que chaque fois, avec une extrême énergie, le Cabinet de Sofia s'était défendu de manquer à son devoir malgré les difficultés de la situation. J'ai ajouté que nous étions prêts à renouveler nos conseils si les autres Puissances voulaient s'associer pour une démarche unanime, mais que je croyais au moins utile une action simultanée sur la Sublime Porte afin de l'amener à traiter avec justice les populations de la Macédoine qui offraient alors plus de résistance aux excitations des révolutionnaires.

C'est également dans ce sens qu'il a été répondu le même jour à Munir Bey, lorsque celui-ci, comme suite aux nombreuses notes qu'il m'avait adressées, est venu se plaindre à mon Département des menées bulgares en Macédoine. En rappelant à l'Ambassadeur ottoman la circonspection et la prudence qu'il importait d'apporter dans la répression de l'insurrection actuelle, on a indiqué que le moyen le plus sûr pour la Sublime Porte d'arrêter le succès de la propagande faite par les Comités était de décider enfin à réaliser les réformes nécessaires que les populations de ce pays attendent depuis trop longtemps. C'est par là seulement que le Gouvernement du Sullan pouvait ruiner le crédit des agitateurs et prévenir le retour d'incidents qui créent une situation de plus en plus grave.

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ANNEXE

Paris, 19 octobre 1902.

AIDE-MÉMOIRE

En réponse à une note du Chargé d'affaires de Turquie au sujet de l'activité croissante des Comités révolutionnaires bulgares, le Marquis de Lansdwne a déclaré que le Gouvernement britannique, avant de prendre une décision, devait en conférer avec les autres Puissances auxquelles des représentations pareilles avaient été adressées. Le mouvement étant populaire en Bulgarie, il n'était pas probable qu'un Gouvernement bulgare quelconque s'y opposât sur le conseil d'une seule Puissance. Il serait nécessaire d'exercer une forte pression et la Russie était évidemment la Puissance la mieux située pour le faire, si elle y était disposée.

Le Gouvernement Britannique serait heureux de s'associer à toute tentative pour empêcher que les désordres actuels ne s'étendent davantage.

N° 31

M. de la Boulinière, Ministre plénipotentiaire, Chargé de l'Agence et Consulat général de France à Sofia.

à M, Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Sofia, le 20 octobre 1902.

J'ai l'honneur de faire connaître à Votre Excellence les dernières dispositions prises par le Gouvernement bulgare pour assurer la tranquillité dans la principauté. Des troupes de réserve ont été appelées sous les armes dans le district de Dubnitza afin de renforcer des postes militaires insuffisants pour la surveillance de la frontière. De plus, le gouvernement prépare des mesures destinées à faire disparaître les Comités macédoniens de Bulgarie: le fait que des bandes organisées par ces Comités ont résisté à main armée aux soldats qui s'opposaient à leur passage est un motif qu'il invoquera sans doute. Cette dernière mesure sera d'une exéculion trop difficile pour être réalisée en fait, mais la ferme volonté du Cabinet Daneff de ne pas participer à l'agitation et d'empêcher, dans la mesure où il le peut, l'envoi de secours ou d'encouragements matériels aux révoltés de Macédoine, son désir de s'en remettre à la décision des Puissances, ne peuvent pas faire de doute en ce moment. Le danger pour le développement du soulèvement en Macédoine vient des procédés de répression des Turcs: Votre Excellence ne s'y est d'ailleurs pas trompée, ainsi que l'indiquent les recommandations que vous avez chargé notre Ambassadeur à Constantinople de faire entendre à la Sublime Porte. Mais ce danger est presque impossible à conjurer pour peu que l'agitation se prolonge; déjà le nombre des réfugiés macédoniens chassés par la crainte augmente dans les districts bulgares voisins de la frontière.

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Si elles veulent avoir une action modératrice sur les événements qui se préparent, il faut que les Puissances prennent l'initiative d'un plan de réformes à imposer à la Turquie. L'hiver peut-être nous sépare seul d'incidents qui,

s'ils ne sont pas conjurés, peuvent être d'autant plus graves que les sympathies non seulement bulgares, mais slaves, les préparent et grandiront leur importance.

N° 32

J. DE LA BOULINIÈRE.

M. Steeg, Consul de France à Salonique,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Salonique, le 28 octobre 1902.

Après avoir longtemps gardé le silence sur les événements de la vallée de la Strouma qui ont fait l'objet de mon rapport du 15 de ce mois, les autorités turques se sont décidées à publier quelques détails à ce sujet. Les journaux de Constantinople ont reçu des cominuniqués assez généraux qui se trouvent complétés avec plus de précision par une note insérée dans les divers organes de cette ville. Elle mentionne les noms de quelques uns des villages dont la population s'était jointe aux bandes bulgares; elle en cite sept dont les habitants n'étaient pas encore rentrés à la date de cette publication (20 octobre) malgré les promesses d'amnistie qui leur avaient été faites; elle indique enfin les lieux de trois rencontres entre la troupe et les bandes insurgées. Elle conclut en disant que la tranquillité commence à revenir dans les régions troublées «où très prochainement toute trace de brigandage aura disparu ». Il demeure, d'ailleurs, extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de contrôler ces renseignements, les autorités continuant à interrompre toutes communications entre Serres et Demi-Hissar, d'une part. et, de l'autre, les régions récemment troublées. On doit cependant admettre, en raison de l'arrêt survenu dans les mouvements des troupes que la situation s'est réellement améliorée et que les effectifs mis en mouvement sont suffisants pour parer à toute éventualité.

Il est certain que par l'étendue des régions intéressées dans les derniers troubles, par le nombre et l'importance des villages qui y ont pris part, de même que par l'effectif des troupes turques dont ils ont provoqué le déplacement, les derniers incidents de la vallée de la Strouma dépassent en importance tous ceux qui avaient agité la Macédoine au cours des dernières années. L'action de l'un des Comités macédoniens de Bulgarie n'aurait pas été sans doute suffisante pour provoquer un mouvement d'une pareille étendue si elle ne s'était portée sur un terrain bien préparé tant par une longue campagne d'excitations insurrectionnelles que par le mécontentement des populations bulgares et l'état d'anarchie du pays.

Les rigueurs de la saison vont sans doute achever sous peu de disperser les bandes et d'obliger les habitants des villages insurgés à quitter la montagne. Pour quelques mois, tout au moins pour la durée de l'hiver, on en aura fini avec les mouvements révolutionnaires.

Que se passera-t-il au retour de la belle saison? D'après des informations dignes de foi, quelques bandes bulgares révolutionnaires auraient fait prêter par les habitants de divers villages qui n'ont pas pris part aux derniers mouvements le serment de se soulever au printemps prochain. Je ne pense pas

cependant qu'on doivent assister alors à des mouvements beaucoup plus sérieux que ceux qui viennent de se produire. Les forces dont les autorités peuvent disposer en peu de jours sont suffisantes pour réprimer toute tentatives d'insurrection, et les Bulgares de Macédoine ne sauraient guère avoir d'illusions à ce sujet.

On ne les voit pas moins, en nombre croissant, risquer dans des aventures désespérées leurs biens, leur vie et celle de leurs familles.

Il n'est, semble-t-il, que deux manières de parer aux conséquences de cet état d'esprit.

Une répression dégénérant en massacres serait, sans doute, le moyen le plus expéditif de faire régner ensuite un certain ordre en Macédoine. Il est certain que les hauts faits des bandes révolutionnaires ont profondément irrité la population musulmane contre les Bulgares, et nombreux sont ceux qui n'attendent qu'un signe pour rendre au Sultan le service de le débarrasser des agitations en «< faisant comme en Arménie ». Ces dispositions de l'élément musulman ne sont peut-être pas le moindre danger de la situation actuelle. Comme on ne peut s'arrêter à cette solution, il reste à examiner s'il ne serait pas possible de modifier suffisamment les conditions d'existence des bulgares de Macédoine pour qu'ils en viennent à se détourner d'agitations sans perspectives de succès. Il ne semble pas impossible d'essayer, tout au moins à titre d'expérience, de leur assurer la sécurité de leurs personnes et de leurs biens. Deux réformes pratiques suffiraient, à mon sens, pour obtenir ce résultat.

On connaît la situation critique dans laquelle se trouve le villageois bulgare de Macédoine, exposé d'une part, sans défense à toutes les violences des bandes révolutionnaires et, de l'autre, à toutes les exactions de la gendarmerie turque, mal recrutée, irrégulièrement payée et obligée de « vivre sur l'habitant ».

L'organisation d'une gendarmerie suffisamment nombreuse, bien payée, composée d'éléments choisis et commandée par des officiers d'élite, suffirait, semble-t-il, à rendre de plus en plus difficiles les mouvements de bandes révolutionnaires et à rassurer les paysans qui, du jour où ils n'auraient plus de représailles à redouter, se feraient peut-être les auxiliaires de l'autorité.

Une telle réforme impliquerait certainement moins de dépenses que les mobilisations de rédifs et les envois de troupes auxquels le Gouvernement ottoman se voit obligé de recourir de plus en plus fréquemment.

On connait d'autre part les abus qui résultent du système de l'affermage des dîmes presque toujours adjugées à des beys influents, qui usent de la délégation de l'Etat comme d'un prétexte à toutes sortes d'exactions. S'il fallait une preuve de la gravité de cette question, on la trouverait dans le fait que les deux derniers mouvements insurrectionnels ont commencé par le massacre d'agents chargés de la perception des dîmes.

Or, il se trouve que, dans la plús grande partie de la Macédoine, les dîmes étant affectées aux garanties des chemins de fer (Salonique-Monastir et Salonique-Dédé-Agatch), le produit des adjudications est versé à la Dette publique. Un règlement obligeant cette administration à percevoir ces revenus en régie suffirait sans doute à mettre fin à des abus souvent intolérables.

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Sans doute il y a bien d'autres causes à l'irritation des Bulgares contre la domination ottomane: à toutes celles qui ont amené les soulèvements de 1876 il faut joindre, depuis le traité de Berlin, la promesse de réformes qu'il n'a jamais été question d'exécuter et surtout le voisinage d'une frontière au delà de laquelle leur race est souveraine, tandis qu'elle est en deçà maintenue au dernier rang parmi les populations chrétiennes.

Le minimum de réformes que j'ai indiqué comme pratiquement réalisable ne saurait sans doute réconcilier définitivement les Bulgares avec l'autorité turque; nul doute qu'ils ne continuent à réclamer tout au moins un ensemble de mesures leur donnant, par le système de l'élection, une part prépondérante dons la gestion des affaires publiques. Or, je dois m'empresser de dire qu'il ne serait pas sans danger d'introduire ainsi, dès maintenant, de nouvelles causes de conflit au milieu de populations profondément divisées.

Mais il me semble que, si par la réforme de la gendarmerie et celle du mode de perception des dîmes, on assurait aux populations macédoniennes un minimum de sécurité, elles ne sauraient demeurer insensibles à ce progrès. D'autres points importants tels que l'admission plus large de l'élément chrétien dans la magistrature et l'administration pourraient être ensuite examinés avec plus de loisir et les meneurs eux-mêmes se verraient obligés de subordonner à des considérations d'actualité la réalisation de leurs aspirations politiques.

N° 33.

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

STEEG.

à M. Boutiron, Chargé d'affaires de France à Saint-Pétersbourg.

Paris, le 30 octobre 1902.

Notre Ambassadeur à Constantinople vient de me rendre compte d'un entretien avec le Sultan et au cours duquel Abdul Hamid, entrant dans nos vues, a manifesté l'intention d'accorder une amnistie aux rebelles de Macédoine. D'autre part, j'ai reçu de notre Agent diplomatique à Sofia un rapport relatif aux dispositions du Gouvernement bulgare et à la situation en Macédoine. M de la Boulinière souhaiterait qu'une entente intervînt entre les Puissances pour prendre l'initiative d'un plan de réformes à imposer à la Turquie afin de détacher, dans la mesure du possible, en leur donnant quelque satisfaction, les populations de la Macédoine des agitateurs révolutionnaires.

Notre Représentant en Bulgarie envisage ainsi la question à un point de vue auquel je me suis moi-même placé dans mes entretiens avec les Ambassadeurs étrangers à Paris, et particulièrement avec le prince Ouroussof. Il serait, sans nul doute, dangereux pour la paix de la péninsule des Balkans que l'insurrection qui, d'après certains indices, paraît en ce moment en voie de décroissance, pût reprendre au printemps avec une nouvelle force, par suite de la permanence des causes qui troublent la Macédoine. C'est là une éventualité dont il n'est que sage de se préoccuper, et qui, d'après tous les renseignements que nous recevons de nos Consuls à Salonique, Uskub et Philippopoli,

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