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tains d'ailleurs que le refus de subventionner les établissements tenus par les religieux n'entraînerait pas leur fermeture.

Dans la discussion du dernier budget, à la séance du 24 janvier, l'honorable M. Ribot affirmait dans une interruption « qu'on ne donnait rien aux congrégations, et qu'on ne subventionnait que celles qui s'emploient à des œuvres qui peuvent répandre l'influence de la France », et, comme il invoquait son témoignage, M. le Ministre des Affaires étrangères, moins affirmatif, disail :. «Toutes les subventions que nous donnons sont accordées à des établissesements religieux ayant « à côté » un établissement primaire ou professionnel. >>

Je ne parle que pour mémoire des sommes que nous accordions jusqu'ici chaque année aux paroisses ou aux chapelles de Gênes, de Berlin, de Copenhague, de Stockholm, de Londres et qui n'ont, ni chez elles ni à côté, aucune institution propre au développement de l'influence française : il est convenu qu'aucun crédit ne figure plus cette année au budget pour cet usage. Mais j'ai sous les yeux le tableau des établissements subventionnés avec le lieu où ils sont situés et le montant des allocations touchées en 1902, et j'y relève une participation jusqu'à concurrence de 82.380 fr.. au bénéfice d'établissements qui ne sont ni écoles ni hôpitaux et dont l'influence s'exerce « à côté », suivant l'heureux euphémisme de M. le Ministre des Affaires étrangères. Ce sont ces subventions qui devront, dès l'exercice prochain, disparaître. On peut et on doit aller plus loin.

Les établissements disséminés dans la Turquie d'Europe, l'Archipel, la Turquie d'Asie, la Palestine, la Syrie, la Tripolitaine, les îles de Crète et de Chypre et l'Egypte sont actuellement au nombre de 312, au milieu desquelles figurent en tout dix institutions laiques qui sont en Turquie d'Europe :

A Constantinople, un médecin sanitaire....

A Péra, les écoles laïques de MM. Devaux et Schafner..
A Kadi-Kéni et Péra, collège laïque de M. Faure..
subvention accordée depuis l'année dernière à ce chiffre.
A Candilli, l'école laïque de M. Devaux..

A Salonique, l'école commerciale Guiraud.
En Turquie d'Asie :

A Brousse, l'école Velletaz.

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2.000 fr.

5.000 fr.

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6.700 >>

2.000 »

1.600 »

2.000 »

1.500 »

47 000 >>

1.500 » 2.400 »

Cours de français dans les écoles indigènes... A Ramleh, l'école laïque de M. Girard.......

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Il est à remarquer que l'Egypte seule prélève sur ce crédit 65.200 francs. Les établissements subventionnés se divisent en cinq catégories : 1o Établissements de bienfaisance;

2o

3o

4o

d'enseignement supérieur ;

secondaire et primaire supérieur ; primaire ;

5o (Euvre des églises orientales unies et œuvres congréganistes diverses. Si le développement de nos institutions laïques n'a pas été plus considérable et plus rapide, c'est que jusqu'à ces dernières années, non seulement elles n'ont reçu de l'Etat qu'une aide dérisoire, mais elles ont eu à lutter sur place contre toutes les résistances sourdes ou déclarées des congrégations subventionnées par nous, jalouses de leur situation et inquiètes de voir surgir à côté d'elles une concurrence qu'elles redoutent. Il leur souciait peu que ce voisinage fût celui de Français et que leur œuvre fût toute de propagande française. Pour elles, c'était l'ennemi.

Si encore aujourd'hui, même sous un Gouvernement qui se pique d'anticléricalisme, la balance était égale entre les instituts religieux et les instituts laïques en Orient! Mais non: tout l'avantage est aux congréganistes qui, non seulement reçoivent les grosses subventions mais se voient réserver les plus incroyables privilèges.

Entre toutes les institutions dont s'enorgueillit notre diplomatie en Orient, figure la faculté de Médecine et de Pharmacie de Beyrouth à laquelle nous donnons par an 93.000 francs. Elle appartient aux R. P. Jésuites qui la dirigent dans l'excellent esprit que nous leur connaissons et pour qui Diderot et d'Alembert et nos gloires les plus pures du XVIIIe siècle sont de & vulgaires polissons », suivant un mot relevé dans une conférence religieuse d'un R. P. à ses élèves.

Comme la plupart de ses confrères, le R. P. Cattin, chancelier de la faculté française, n'est pas même Français !

Conditions d'admission à l'Université de Beyrouth.

Les dispositions qui règlent actuellement l'examen d'entrée à l'école de médecine de Beyrouth ont été adoptées sur les rapports des différentes Commissions de Professeurs de Facultés de l'Etat français envoyées en Syrie par le Ministère de l'instruction publique.

A l'origine, on n'exigeait du candidat « que des notions élémentaires correspondant à celles que comporte le certificat de grammaire ». En vue de limiter le nombre croissant des élèves et de relever, en même temps, le niveau intellectuel des étudiants de la Faculté, les conditions d'admission ont été peu à peu rendues plus difficiles. Après des modifications successives, la question se trouve aujourd'hui régie par un règlement datant de 1896, aux termes duquel tout candidat ne pouvant justifier de certains diplòmes, doit, pour être admis à l'examen d'entrée, avoir terminé ses études secondaires classiques et l'établir par la production d'un certificat attestant les études faites par lui.

Mais, tandis que le diplôme de certains établissements religieux ouvre aux candidats, toutes grandes les portes de la Faculté de médecine, les élèves de

l'institution laïque - il y en a actuellement plus de vingt sur les bancs de la Faculté sont obligés de subir un examen d'entrée. On intimide, on menace de non admission les candidats que la congrégation n'a pas préparés et l'on fait savoir à ceux qui passent par l'institution française de M. Ollivier qu'il eut mieux valu pour eux venir de la Faculté américaine. A l'heure de l'examen, il n'est pas de difficultés qu'on ne leurs suscite ni de sévérités qu'on leur applique. « On ne demande pas aux candidats que savez-vous ? » dit M. Ollivier « mais qui vous a enseigné et d'où venez-vous ? » et c'est ainsi que se trouve mise à l'index une école laique française pour l'admission de ses élèves à la Faculté que la France entretient.

C'est en vain qu'on nous dira que si une différence de traitement existait entre les étudiants provenant de diverses écoles, les honorables professeurs de l'Etat français n'auraient pas manqué de la signaler et qu'en dehors du contrôle permanent du Consulat général de France nous avons une garantie supplémentaire contre tout acte de partialité et d'injustice dans l'envoi chaque année à Beyrouth, de professeurs de l'Etat désignés par le Ministère de l'Instruction publique. Nombre de faits qui nous ont été signalés démen. tent pareille insertion. Ce serait bien le moins que les instituteurs laïques soient mis sur le même pied que les congréganistes, qu'ils jouissent comme eux de réquisition et ne soient pas obligés de voyager en 3o classe et à leurs propres frais; qu'au point de vue universitaire, les jeunes gens pourvus de leur diplôme qui quittent leur foyer reçoivent dans la famille universitaire, les mêmes droits à l'avancement et à la retraite que leurs collègues restés en France; que le diplòme de l'institution française laïque confère le droit d'entrée à la Faculté de médecine aussi bien que celui des Lazaristes et des Jésuites; et qu'un professeur au moins de l'école laïque fasse partie du jury d'examen afin d'assurer la sincérité des épreuves.

Les écoles françaises d'Egypte

En Egypte, pour maintenir ce qui peut rester de notre influence, après toutes les fautes commises, on aurait dû multiplier les écoles enseignant le français. Nous nous trouvions en pays étranger, au milieu d'Italiens, de Grecs, d'Allemands, d'Américains, d'Anglais qui ne reculaient devant aucun sacrifice pour ouvrir des écoles à bas prix; nous aurions dû adopter leurs tarifs ou même établir la gratuité de l'enseignement du français.

La population composée d'indigènes, d'israélites ou de musulmans n'étaient pas du tout disposée à confier les enfants à des représentants de la religion catholique et dans ces conditions, ce sont des écoles laïqnes que nous aurions dû ouvrir, et le succès en eût été assuré.

Or il se trouve qu'on est allé juste à l'encontre de nos intérêts : les Ecoles françaises d'Egypte sont toutes payantes et sont toutes congréganistes. De plus, les études y sont particulièrement faibles et cela n'a rien d'étonnant car sur une quarantaine de Frères de la doctrine chrétienne, deux ou trois seulement ont lcurs diplômes. Il semble que leur unique souci soit de réaliser des bénéfices: ils obtiennent des subventions de l'Alliance française, ou du gouvernement français, ils pressurent leurs élèves et, avec un pareil système, ils arrivent chaque année à acheter de nouvelles propriétés sans pour cela

propager l'amour de la France. Mais on ne sait pas quels sont les privilèges exorbitants que les congréganistes tiennent du Gouvernement français. Seuls, ils ont le droit de présenter des candidats aux divers baccalauréats français. A qui n'a pas passé sur les bancs des écoles des Frères ou des Jésuites quelle que soit la valeur de l'élève, il est interdit de demander le diplôme de fin d'études et non contents de ce monopole, les Révérends Pères ne permettent même pas à leurs élèves de prendre des leçons ou des répétitions auprès des professeurs libres - eussent-ils tous les diplômes du monde !

Un tel état de choses est lamentable Le monopole des Jésuites en Egypte n'a que trop duré. Pour ne pas laisser s'évanouir notre influence séculaire, pour la reconquérir au contraire, il est grand temps de nous plier aux circonstances, de réserver nos ressources, de favoriser en Egypte l'ouverture de nouvelles écoles, de nouveaux collèges laiques et de modifier le régime d'une contrefaçon de baccalauréat, auquel on arrive non par le savoir, mais par le passage à l'école des Frères ou des Jésuites, quelque ignorant qu'on soit.

Au nombre des arguments constamment invoqués en faveur de l'œuvre des écoles religieuses d'Orient, on nous dit : « il y a quelques années le nombre des élèves fréquentant les établissements et les écoles où l'on parle français n'atteignait pas tout à fait 50.000, tandis qu'au printemps de 1901, il était de 90.000 et a encore augmenté depuis.

Il y aurait beaucoup à dire sur la façon de compter les élèves et sur l'exactitude de la progression dont on argue, mais si l'on considère que la subvention seule de l'Etat français, sans compter les subsides de l'alliance française, a passé de 300.000 francs sous l'Empire à 850,000 francs en 1901 et 1902, on s'expliquera aisément cet accroissement de la population scolaire des établissements d'Orient.

Mais ce succès même obtenu à bas prix, vaut-il qu'on s'en doive tant prévaloir et n'est-ce pas sacrifier beaucoup trop la qualité au nombre. Mieux vaudrait la moitié moins d'élèves, avec une éducation et une instruction autre que celle que donnent les Assomptionnistes, les Lazaristes et les Jésuites. Notre action morale y gagnerait beaucoup et la République française apparaîtrait au milieu des sectes religieuses multiples intransigeantes et hostiles les unes aux autres dans le pur rayonnement de ses idées, de son caractère et de son génie.

Nos adversaires nous citent discrètement d'ailleurs l'exemple de l'Italie, dont la langue ne serait pas parlée en Orient, parce qu'au lieu de recourir à l'enseignement religieux nos voisins avaient confié leurs écoles d'Orient à des laïques, il serait trop aisé de démontrer que l'insuccès de l'Italie, si tant est qu'il y ait insuccès est dû à de toutes autres causes, dans une situation toute différente de la nôtre.

Comment encore admettre cette dernière raison que nous ne réussirions pas à recruter le personnel laïque destiné à remplacer les moines quand nous voyons qu'au seul appel d'un journal du Midi plus de 80 maîtres se sont fait inscrire pour la seule école française de Beyrouth?

Ce n'est là qu'une question d'argent sans doute!

Mais que d'avantages accordés aux Congréganistes! Sans compter la gratuité des voyages et des correspondances dont ne bénéficient pas les laiques

et qui réduisent singulièrement l'écart réel que M. Delcassé flxe à la proportion de 1 à 4 entre les sommes que coûtent les uns, et celles qu'il faudrait dépenser pour s'assurer le concours des autres!

La nécessité de créer des missions laïques françaises s'impose tellement à tous les esprits non prévenus et libérés de toute servitude dogmatique, qu'il vient de se fonder à Paris une Association sous le nom de « Mission laïque française » pour la propagation de l'enseignement laique dans les colonies françaises et à l'étranger.

« Persuadés, dit le Manifeste de l'Association, que preside M. l'Inspecteur Général de l'Instruction Publique, Foncin, que les instituteurs et les institutrices laïques rencontreraient un accueil favorable auprès des indigènes dont ils respecteraient les idées et les traditions; désireux aussi de revendiquer pour l'esprit et les maitres laïques le rôle qu'ils doivent avoir dans la propagation de l'influence française, nous nous proposons, dans la mesure de nos moyens, de donner à l'enseignement laïque français ses instituteurs coloniaux et ses missionnaires. »

L'Association vient, dans ce but, de créer à Paris une école normale d'enseignement coloniale sous le nom d' « Ecole Jules Ferry ». Les instituteurs et les institutrices désireux d'enseigner aux colonies pourront y terminer leur instruction pédagogique et étudier la langue, les institutions et la situation économique des pays auxquels ils désireront être affectés. L'Association s'efforcera de créer à l'étranger et dans les colonies françaises des écoles relevant d'elle. Elle s'interdit tout prosélytisme religienx pour s'efforcer, en respectant les institutions, la religion et les mœurs des populations indigènes, d'élever leur état moral et intellectuel et d'améliorer leur condition sociale.

On ne peut qu'applaudir à une si féconde initiative et c'est à subventionner de pareilles œuvres que devrait aller exclusivement et les ressources particulières et les subventions de l'Étal dans un même et commun effort.

Les écoles d'Occident

L'Année dernière, M. le Ministre des Affaires étrangères, constatant l'accueil favorable fait unanimement par la Chambre aux paroles de notre distingué collègue, M. Gervais, prenait l'engagement d'inscrire au prochain budget un crédit pour les Écoles d'Occident.

Sans doute la situation budgétaire a empêché M. le Ministre, dont les bonnes intentions en la matière ne sont pas douleuses, de tenir parole, mais nous l'eussions vu avec plaisir emprunter quelques milliers de francs à son crédit des missions religieuses pour amorcer l'œuvre si utile à accomplir de l'institution, dans l'Amérique du Sud, d'écoles laïques.

« Si l'on observe, disait M. Gervais, ce qui s'est passé dans ces derniers temps dans l'Amérique du Sud, el ce qui s'y passe encore, le Congrès de Mexico, l'infiltration des États-Unis qui cherchent à prendre dans l'Amérique du Sud une place importante, les dangers d'un munroïsme un peu entreprenant et de l'impérialisme d'outremer, on voit la nécessité d'agir et de combler une lacune qui existe dans notre budget. »

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