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maréchaux Ducs d'Istrie et de Frioul, le ministre de l'intérieur, le Comte de Bondi, chambellan de service, le Marquis d'Argenson, préfet des Deux-Nèthes, une dame du palais, une dame d'atour, et quelques autres personnes de la cour; les membres de la cour de justice du département, ceux du tribunal civil, les échevins, le clergé catholique, qui n'étoit pas en costume, les pasteurs de l'Eglise réformée, qui, par ordre supérieur, étoient en COStume, et les consistoires protestans. Toutes ces personnes étoient rangées en cercle dans l'intérieur de la salle; en dehors du barreau il y avoit encore quelques autres corps, et diverses autres personnes.

L'Impératrice s'assit. Napoléon, faisant surle-champ le tour du cercle, adressa ces mots aut président de la cour d'appel : Vous êtes le président de la cour d'appel? - « Oui, Sire. »

Combien d'âmes y a-t-il sous votre juridiction? Quatre cent mille, Sire. »

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Où en appelle-t-on de vos sentences?-« A « Amsterdam. >>

Combien de membres êtes-vous? << Neuf, << Sire. >>

Puis, passant outre, il s'arrêta devant le vi

caire apostolique, qui, tenant un papier en main, prononça son compliment. L'Empereur, sans lui repondre, dit: Où sont les ministres protestans? Alors M. Ten-Oever, pasteur de l'église Wallonne, portant la robe, ainsi que tout le clergé protestant et tout le consistoire, furent présentés à Napoléon par le Prince de Neuchâtel. ll adressa à l'Empereur ces mots :

« SIRE,

«Le clergé et les députés des églises réformées et protestantes ont l'honneur de présenter à V. M. 1. et R. leurs hommages respectueux. Les maximes des protestans qui, par le cours des événemens, sont de nouveau devenus sujets de votre immense empire, leurs maximes invariables sont d'adorer, dans tout ce qui arrive, la main d'une sainte, sage et bonne Providence, de rendre à César ce qui appartient à César ; et je me fais un devoir, Sire, d'assurer V. M. que nous pratiquons cet ordre : Obéissez à vos Souverains! Nous savons, Sire, que jamais, surtout après la révocation de l'édit de Nantes, les protestans n'ont joui de priviléges en France, si ce n'est sous les auspices de V. M. Cette conviction. nous est le garant que nous participerons à la protection du grand souverain que Dieu nous

a préposé, et qu'il nous assurera les avantages dont jusqu'ici nous avons joui, et nous avons l'honneur de recommander tous nos intérêts à V. M. I, et R. Puissiez-vous, après avoir donné la paix au continent, après l'avoir fermement votre auguste mariage, devenir le pacificateur de l'Europe entière, et nous en faire éprouver les plus désirables effets ! »

établie

par votre

Napoléon, ayant écouté très attentivement cette harangue, répondit: C'est bien! vous avez raison; je protége généralement tous les cultes ; les protestans en France jouissent des mêmes avantages que les catholiques, et il faut que dans ce département les catholiques jouissent des mêmes avantages que les protestans. Si vos églises sont trop grandes ou trop nombreuses, il faut les partager, parce que je veux une parfaite égalité entre tous les cultes.

Après ces mots, il dit à M. Ten-Oever: Pourquoi êtes-vous ainsi habillé? vous êtes en costume?«< «< Sire, c'est par ordre....» Napoléon l'interrompit, et dit : C'est bien, c'est costume de pays; et, se tournant vers le clergé catholique; Et vous autres, demanda-t-il, pourquoi n'avez-vous pas la soutane? Vous dites que vous êtes des prêtres; mais qui êtes-vous? des procureurs? des notaires? des paysana? Quoi! je

suis dans un département où la pluralité est composée de catholiques, de catholiques qui ont été auparavant opprimés; qui, depuis la révolution, ont obtenu plus de liberté, qui ont obtenu plus de liberté encore par le Roi, mon frère; et moi, je viens pour vous rendre tous égaux avec les autres, et cependant vous commencez par me manquer! vous osez ici vous présenter devant moi ! Vous vous plaignez des oppressions que vous avez souffertes sous l'ancien gouvernement de ce pays-ci; mais vous montrez que vous les avez bien méritées. A présent un prince catholique vient régner sur vous, et le premier acte d'autorité que j'ai dû exécuter a été de faire arrêter à Bois-le-Duc deux de vos curés réfractaires, même votre vicaire apostolique. Je les ai fait emprisonner; je les punirai. Et la première parole que j'entends d'un ministre réformé, c'est: Rendez à César ce qui est à César! Voilà la doctrine que vous devez enseigner, Imbécilles! prenez exemple à ce monsieur-là (en montrant du doigt M. Ten-Oever), Oui, j'ai toujours trouvé dans les protestans de fidèles sujets. J'en ai soixante mille à Paris, et huit cent mille dans mon empire, et il n'y en a aucun dont j'aie raison de me plaindre. Vous avez calomnié les protestans, en les représentant comme des hommes

qui enseignent des principes contraires aux droits des souverains. Je n'ai point de meilleurs sujets

que

les protestans; je m'en sers dans mon palais à Paris; je leur y donne libre entrée; et ici une poignée de Brabançons fanatiques voudroit. s'opposer à mes desseins! Imbécilles que vous êtes! Si je n'avois pas trouvé dans la doctrine de Bossuet et dans les maximes de l'Eglise gallicane des principes qui sont analogues aux miens; si le concordat n'étoit pas adopté, je me serois fait protestant; et trente millions de François auroient suivi le lendemain mon exemple. Mais vous autres, ignorans que vous êtes, quelle religion enseignez-vous? connoissez-vous bien les principes de l'Evangile, qui dit : rendez à César ce qui est à César? Jésus-Christ n'a-t-il pas dit: mon règne n'est pas de ce monde? Et le Pape, et vous autres, vous voudriez vous mêler des affaires de mon gouvernement! Voulez-vous être 'désobéissans?

Oh! je porte ces papiers dans ma poche (en frappant sur sa poche), et si vous persistez dans vos maximes, vous serez malheureux ici-bas, et damnés dans l'autre monde.

Puis, s'adressant au vicaire, Napoléon lui dit : Etes-vous vicaire apostolique? Qui est-ce qui vous a établi? Est-ce le Pape? Il n'en a pas le droit. C'est moi qui fais les évêques!

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