Слике страница
PDF
ePub

comte de Haugwitz, qui se trouvoit à Paris, en porta des plaintes, on exigea insolemment. l'exécution pure et simple du traité, la cession immédiate des trois provinces, et la suppres sion de la proclamation par laquelle l'occupa tion du Hanovre avoit été déclarée provisoire. On disputa à la Prusse une partie des avantages qui lui avoient été promis; on exigea que les ports de la mer du Nord fussent fermés au pavillon britannique, de la même manière qu'ils l'auroient été, si les François euxmêmes étoient rentrés dans l'électorats

Le Roi avoit enfin appris à apprécier l'amitié de l'empereur des François. Il ne se dissimulá pas que, dans tous les temps et sous toutes les circonstances, l'amitié de Napoléon, ne produiroit d'autre fruit qu'un breuvage soporifique pour les puissances qui se sentiroient encore quelque énergie, et un instrument d'avilissement et d'asservissement pour celles qui n'en auroient plus.

Cependant la position de Napoléon étoit favorable à ses dessins. L'armée prussienne étoit rentrée. La France, après quelques mouve mens auquel l'Allemagne abusée avoit trop tôt applaudi, avoit trouvé divers prétextes pour s'arrêter en-deçà du Rhin. La première ren.

contre pouvoit avoir des suites désastreuses. La guerre, qui n'est pas toujours la plus grande des calamités, pouvoit le devenir dans les circonstances où l'on se trouvoit. Le Roi résolut de ne pas sortir encore de son rôle. Voulant conserver intacte pour une époque facile à prévoir, la masse de ses forces dont l'Europe avoit le plus grand besoin, et assurer au moins pour l'instant le repos du Nord, il ratifia le nouveau traité. Mais la confiance étoit perdue sans retour. La Prusse étoit convaincue qu'à la première occasion où l'on croiroit pouvoir l'affoiblir sans danger, elle devoit s'attendre à une attaque de la part de son prétendu allié; elle étoit convaincue qu'il existe une ambition insatiable qui, allant de prétention en prétention, souvent sans plan, mais toujours tourmentée du besoin de tout envahir, et indifférente sur le choix des moyens, se sert alternativement des armes et de la plume, de la violence et du parjure. Qui ne déploreroit pas l'avantage qu'une politique perfide sait se ménager sur celle qui ne connoit que la justice? Le Roi, malgré la conviction dont il étoit pénétré, remplit, avec la loyauté d'un allié scrupuleux, toutes les conditions du traité. On connoît les désagrémens que cette conduite attira à S. M. de la part de l'Angle

terre. La France n'y gagna rien; mais elle triompha en secret de l'idée d'avoir brouillé deux cours, dont l'accord pouvoit lui devenir dangereux. Ce qui seul, aux yeux de la France, donnoit du mérite à son alliance avec la Prusse, c'est que cette alliance isoloit la Prusse, en la faisant regarder comme complice de tant de forfaits.

Ces forfaits ne suffisoient pourtant pas. Bientôt nous verrons la politique françoise, sûre qu'elle n'a plus d'ennemi à craindre, croyant avoir anéanti l'Autriche, jugeant la Russie avec son ignorance et sa présomption accoutumées, et trompée par l'apparente tranquillité de la Prusse, jeter le masque, et, sans s'arrêter plus long-temps aux formes qui jusqu'alors avoient été quelquefois ménagées, fouler aux pieds les traités et toute espèce de droit public. Trois mois s'étoient à peine écou les depuis la signature du traité avec la Prusse, et tous les articles en étoient déjà violés.

La base du traité étoit le statu quo du moment de la signature; par conséquent, avant tout, la garantie de l'empire germanique et de ses membres, constitués comme ils l'étoient. Cette vérité ne découle pas seulement de la nature des choses; le traité avoit tracé à cet

égard le devoir des deux parties. On y avoit garanti à S. M. l'empereur d'Autriche, les rapports dans lesquels la paix de Presbourg avoit placé ce monarque, et par conséquent la couronne d'Allemagne et les prérogatives qui y étoient attachées. La même garantie commune avoit confirmé l'existence de la Bavière, et par conséquent du lien qui depuis tant de siècles l'attachoit à l'Empire. Trois mois après, la confédération rhénane renversa la constitution de l'empire germanique, ravit à l'empereur l'antique joyau de sa maison, et plaça la Bavière et tous les autres princes sous la tutelle de la France.

Mais, pour juger cet évènement mémorable, est-il nécessaire d'avoir recours aux traités? Avant les conventions les nations ont des droits, et quand même la France ne se seroit pas jouée de la sainteté des sermens, cet acte d'un despotisme saus exemple, n'en auroit pas moins révolté tous les esprits. Priver de leur souveraineté, des princes qui n'avoient jamais offensé la France; les transformer en vassaux de quelques élus destinés, à leur tour, à être les serviteurs du gouvernement françois; anéantir d'un coup de plume une constitution qui date depuis plus de mille ans, à laquelle est

attaché le souvenir de plus d'une époque glos rieuse; une constitution qu'une longue habitude et des rapports réciproques et multipliés avoient rendue chère à tant de princes; une constitution que toutes les puissances de l'Eus rope, que la France même avoient si souvent garantie; l'anéantir malgré le désespoir des victimes et les remords que les complices vont éprouver, lorsque les armées françoises vexeront les états qu'on avoit herces de l'espoir d'un ağıan= dissement chimérique, exigeront, an milieu de la paix, des contributions de guerres, et no laisseront aux nouveaux possesseurs que des pays épuisés et ruines; anéantir cette antique constitution, sans en prévenir l'empereur d'Allemagne, auquel on alloit ravir une couronne, sans consulter la Russie, qui naguère encore avoit garanti la ligue germanique, ni la Prusse, essentiellement intéressée à l'existence de cette ligue; -- non! on a vu de grandes catastrophes produites par des guerres et par une suite de victoires, mais on n'a jamais fait voir au monde un pareil spectacle an milieu de la paix.

Le Roi a plaint les princes malheureux qui out souffert de ces usurpations; mais il n'a pas ressenti moins de pitié pour ceux qui ont succombé à la tentation que leur offroit une si

« ПретходнаНастави »