Слике страница
PDF
ePub

FÊTES A L'OCCASION DU XXVe ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE.

§. I.

Solennité du 3 novembre.

Inaugurée à Malines, le 4 novembre 1834, l'Université catholique a célébré à Louvain, le jeudi 3 novembre 1859, sa vingt-cinquième année d'existence.

Cette belle fête a eu de l'écho dans tout le pays. L'Université fondée par le vénérable épiscopat belge est une œuvre éminemment nationale, chère à tous les Belges restés fidèles à la foi de leurs pères, Comme si la Providence, qui a visiblement protégé cette institution, avait voulu lui accordér une nouvelle auréole pour cette heure solennelle, jamais elle n'a compté autant d'élèves que cette année, et c'est au milieu de cette nombreuse et sympathique jeunesse que se sont accomplies les imposantes cérémonies dont nous allons rappeler les principaux épisodes.

Le 3 novembre est un jour consacré par l'Université à des prières pour ses bienfaiteurs. A cette pensée pieuse se mêlait cette fois un chant d'allégresse, et ceux qui ont combattu pour la bonne cause en ce monde y avaient encore leur part.

A onze heures, le Corps professoral, accompagné

des étudiants, s'est rendu chez Mgr le Recteur pour le conduire en cortége à l'église primaire de St.-Pierre. Après la messe solennelle, célébrée pontificalement par Mgr de Ram, on a chanté le Te Deum pour rendre grâce à Dieu de vingt-cinq années de travaux et de succès.

Cette double solennité avait réuni une nombreuse assistance, et l'on y admirait surtout plus de sept cents étudiants, rangés par Faculté avec des signes distinctifs à la boutonnière, assistant à cette pieuse cérémonie avec une dignité et un recueillement qui montraient que chez tous il y avait conscience de la solennité du jour.

Au sortir de l'église de St.-Fierre, cette belle jeunesse s'est formée de nouveau en cortége et s'est rendue au grand auditoire du collége du Pape, qu'elle avait fair spontanément décorer avec beaucoup de goût et où elle avait convié ses maîtrès à se rendre avec elle, pour leur offrir, dans la personne de Mgr le Recteur, le tribut de son respect et de son affection, en même temps que le témoignage des sentiments d'allégresse que lui inspirait le xxve anniversaire d'un établissernent où elle vient puiser la science guidée et vivifiée par la foi.

M. Victor Henry, étudiant en droit, a pris le premier la parole, et, dans un discours prononcé avec âme et d'une éloquente concision, il s'est fait l'interprète de tous ses condisciples belges.

Voici comment il s'est exprimé :

<<< MONSEIGNEUR, MESSIEURS,

» Il y aura bientôt trente ans que notre patrie tressaillait dans ses luttes contre une dynastie qui avait essayé de briser l'indissoluble faisceau de nos libertés religieuses et nationales; il y aura bientôt trente ans que la Belgique a conquis son indépendance.

» Formulant le code des droits constitutionnels, le Congrès de 1830 inscrivit au nombre des libertés publiques la liberté de l'enseignement. Conquis au prix d'héroïques efforts et dégagé de l'alliage impur qu'une domination étrangère y avait mêlé, ce principe fécond fleurit sur le sol belge. Au milieu de nos populations religieuses et affranchies, l'Université de Louvain en est la première et la plus grandiose création.

» Un quart de siècle s'est écoulé depuis le jour où la foi et la liberté, renouant la chaîne des âges, ont élevé à la vraie science l'institution dont nous sommes fiers d'être les élèves. Ce quart de siècle est un admirable passé, il projette sur l'avenir de vives et étincelantes lueurs et il atteste que la jeune Université catholique porte dignement le poids de la renommée glorieuse léguée par l'antique Alma Mater.

» Respirant les purs enthousiasmes de la jeunesse pour tous les dévouements, les étudiants de Louvain tressent avec patriotisme des couronnes aux illustrations nationales; et quand ces illustrations

s'appellent le Recteur magnifique et le Corps académique de notre Université, notre patriotisme est plus ému, plus énergique, et il mêle sa vibrante voix aux accents d'une reconnaissance profonde.

>> C'est que, Monseigneur, nous savons apprécier vos constants efforts pour consolider et étendre l'action de l'Université : elle est le bouclier de la religion et de la liberté, et c'est chez elle que viennent s'armer ceux qui s'apprêtent à combattre les grands combats de la vérité.

» Lorsque tant d'institutions s'écroulent et périssent, vous nous faites admirer, Monseigneur, l'épanouissement de l'œuvre des catholiques belges. Nous la voyons manifester à tous instants cette vitalité calme et robuste, qui est le signe de sa force dans le présent et le gage de sa prospérité dans l'avenir. >> A ce spectacle nos âmes s'émeuvent et épanchent unanimement leur reconnaissance !...

>> En nous adressant à notre Recteur, nous devons, Messieurs les Professeurs, confondre vos noms dans une expression de commune gratitude. Car son œuvre est aussi la vôtre et votre action est intimement liée à la sienne. Sa pensée a retenti profondément dans chacun de vous, son esprit s'est incarné dans les vôtres, se divisant sans s'affaiblir, se diversifiant sans altérer son unité. Tous vous avez ainsi une large part à revendiquer dans l'édification de l'Université et, en la voyant si prospère et si forte, vous êtes en droit de dire avec le poëte:

et quorum pars magna fui.

[ocr errors]

» Dans cette fête qui est l'exaltation d'un passé riche de gloire, c'est vers vous, Messieurs, les ouvriers de la première heure, que nos regards doivent se porter d'abord. C'était une difficile mission que celle à laquelle vous étiez conviés il y a vingt-cinq ans. Pour sceller la restauration de la Foi dans la Science, il fallait de grandes intelligences et de grands cœurs. Fermant les yeux sur les périls et les obstacles, vous avez réalisé votre dessein dans toute sa plénitude. La présence parmi vous d'anciens élèves, aujourd'hui vos collègues, ouvriers de la seconde et de la troisième heure, qui marchent à votre suite dans les sentiers que vous avez tracés, doit être pour vous, Messieurs, une bien douce récompense.

>> MONSEIGNEUR, MESSIEURS,

» Les grands faits ont une éloquence invincible et la jeunesse aime à en écouter la puissante voix. » Étudiants de l'Université de Louvain, nous aussi nous suivrons ses généreuses incitations. Cette voix nous dit en ce moment que nous sommes les fils de l'Alma Mater; plus tard elle nous redira que nous l'avons été, et elle nous rappellera de trop beaux exemples pour que nous ne l'écoutions pas.

» Nous l'écouterons. . ., parce que nous avons la mémoire du cœur! Nous l'écouterons, parce que nous voulons rester unis à l'œuvre dont vous êtes les initiateurs et serrer nos rangs autour du pacifique drapeau qui porte écrit dans ses plis: Dieu, Patrie et Science!»

« ПретходнаНастави »