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Évêque à la chaire de philosophie au séminaire de Bonne-Espérance.

De toutes les théories qui se sont produites sous la firme rationaliste, il n'en est guère de plus répandue, ni de plus séduisante que celle du progrès continu. Elle vous a pris deux séances. M. Liagre, le 16 janvier 1859, l'a combattue dans une thèse formulée en ces termes : «< la théorie du progrès continu en ma» tière religieuse est insoutenable tant au point de vue » de l'histoire qu'à celui de la philosophie. » Diverses objections lui ont été présentées par MM. Lamy, Lucq, Englebin et Van Steenkiste.

M. Christiaens, à son tour, est venu discuter devant vous une assertion singulière consignée par M. Laurent dans ses Études sur l'histoire de l'humanité. M. Laurent est un apôtre du progrès indéfini; sous sa main, les faits se plient docilement à tous les besoins de sa cause. A la fin du tome V, il aborde la question du mahométanisme et se pose une objection préalable. Je défends, dit-il, la théorie du progrès continu. Cependant voilà qu'au VIme siècle apparaît une religion bien inférieure au christianisme. Elle l'expulse de l'Orient, et arrête sa propagation dans les plus belles contrées de la terre. Comment expliquer cette chute de la civilisation? N'est-elle pas le renversement de tout mon système? Deux mots suffisent à M. Laurent pour tout redresser. A ses yeux nous avons tort de mesurer toutes les croyances au criterium de nos idées chrétiennes. Le christianisme n'est ni la civilisation définitive, ni la civilisation générale;

c'est, tout au plus, la civilisation occidentale. Pour l'Orient l'islamisme fut un vrai progrès. C'est aux arguments invoqués en faveur de cette allégation que M. Christiaens fait la guerre. Il les prend un à un et les réduit en fumée.

Le christianisme, dit M. Laurent, n'est pas la civilisation définitive, parce qu'il n'y a pas de colonnes d'Hercule pour l'esprit humain. - Incontestablement l'œuvre du docteur gantois lui laisse de la marge à cet égard. Mais il suffit de s'entendre. Il est vrai que l'homme peut toujours multiplier, perfectionner ses connaissances dans l'ordre naturel; mais dans l'ordre surnaturel, une fois en possession des vérités morales et religieuses, sa raison n'a plus à exercer son activité que dans les limites qu'elles lui tracent. Il ne lui reste plus de vérités fondamentales à découvrir. L'homme est pourvu de toutes les données nécessaires à l'accomplissement de ses destinées. N'y aura-t-il donc point de progrès dans l'Église du Christ? « Il y >> en aura, répond un Père de l'Église, Vincent de Lè>> rins, et même beaucoup. Car qui serait assez en>> vieux du bien des hommes, assez maudit de Dieu » pour empêcher ce progrès? Mais qu'il soit progrès >> et non changement... Il faut qu'avec les âges et les » siècles il y ait accroissement d'intelligence, de sa» gesse, de science pour chacun comme pour tous. >> Pour être constante et perpétuelle, dit à son tour » Bossuet, la vérité catholique ne laisse pas d'avoir >> ses progrès : elle est connue en un lieu plus qu'en » un autre, en un temps plus qu'en un autre, plus clai

»rement, plus distinctement, plus universellement. » La philosophie, ajoute M. Laurent, a déjà détrôné le christianisme : elle lui est de beaucoup supérieure. - M. Christiaens n'admet point cette affirmation tranchante. Le parallèle qu'il trace entre les deux sœurs immortelles lui permet de conclure que notre croyance l'emporte en matière de dogme et de morale, au point de vue politique et social, dans les sciences, la littérature et les beaux-arts. On peut d'ailleurs invoquer ici un témoignage que M. Laurent ne saurait récuser. Après une vie entière de méditations et de combats, « le plus grand métaphysicien des >> temps modernes » celui que Royer Collard appelle notre maître à tous, Maine de Biran, a prononcé cette parole mémorable qui verra mourir les Études sur l'histoire de l'humanité : « La religion seule résout les >> problèmes que la philosophie pose. »

M. Laurent prétend que la civilisation chrétienne n'est pas la civilisation générale. Il s'appuie sur l'impossibilité de soumettre toutes les races à la même religion; les climats, selon lui, requièrent des cultes spéciaux. On lui répond que l'unité religieuse ne détruit nullement les races, que la variété des climats peut, tout au plus, opposer des obstacles accidentels. -D'ailleurs, ajoute tristement M. Laurent, nous n'aurons jamais que des fragments de vérité; Dieu s'est réservé la possession de l'idéal. Oui, l'œil de l'homme ne pénètrera jamais tout ce qui est du domaine de l'infini. Mais il suffit que Dieu nous ait départi tout ce qui est nécessaire à notre destinée, et admettre qu'il

ne l'ait pas fait où qu'il l'a fait d'une manière contradictoire, comme l'implique la doctrine de M. Laurent, c'est indirectement nier la véracité divine et proclamer l'athéisme.

L'histoire, en outre, est là pour protester contre toutes ces erreurs. L'Orient a été le berceau du christianisme. Il a fleuri, pendant des siècles, dans ces climats hostiles, au milieu de ces races rebelles. La croix a été plantée et a glorieusement vécu en Chine, au Japon, au Paraguay, en Afrique et en Asie. Pour la déraciner il a fallu tous les excès de la force brutale et des passions les plus grossières. Mais enfin la force et l'imposture n'auront qu'un temps. La vérité trop longtemps humiliée renaîtra sur cette noble terre où le Sauveur des hommes a voulu naître, terre à jamais sacrée par le sang des croisés. Au jour de sa miséricorde, la main puissante qui règne dans les cieux, de qui relèvent tous les empires, poussera l'Occident vers ces rives désolées; ce que l'Europe, trop longtemps coupable, n'a point voulu faire par amour, elle le fera par nécessité. Tôt ou tard, s'écrie le Père Lacordaire dans son éloquente parole, l'Orient « s'inclinera de>> vant l'Occident comme un frère vers son frère, et >> le symbole qui n'a cessé de les unir retentira dans >> les deux langues qu'il aime. La liberté de conscience >> acquise au genre humain ne permettra plus aux fa>> natismes contraires de se garder par la persécu>>tion. Les voiles et les ombres tomberont, les vic>> times obscures de la crainte politique secoueront >> leurs chaînes, tous les esprits suivront leur pente de

>> nature et de grâce, et il ne restera plus de nation >> crucifiée à l'erreur. »

Du rationalisme au socialisme il n'y a qu'un pas. M. d'Hont yous l'a fait franchir dans la séance du 14 novembre 1858. Le rationalisme proclame l'indépendance souveraine de la raison pour arriver plus sûrement à la communauté universelle des connaissances qui doit produire la communauté universelle des jouissances. Les socialistes acceptant cette donnée du droit égal de tous abordent spécialement la question des voies et moyens. Ils constatent que ce droit s'exerce d'autant mieux qu'il se trouve dans des conditions matérielles plus favorables, et ils réclament de ce chef l'égale diffusion de tous les biens et la suppression des entraves civiles qui le concentrent dans les mains des propriétaires. Le socialisme n'est donc que l'organisation du rationalisme. Mais entre toutes les théories d'application proposées pour la solution du problème, il en est une plus anodine, non moins dangereuse qui accepte la constitution actuelle de la société tout en essayant de faire servir un de ses rouages au triomphe de ses plans. Ce sont les tendances socialistes en matière d'impôts que M. d'Hont est venu étudier devant vous.

Au début de son travail l'auteur précise nettement la nature de l'impôt. Il le définit, avec Bastiat, un échange de services et conclut que, comme tel, il doit rester modéré et proportionnel. Les socialistes le veulent progressif: au fond l'État doit absorber tous les revenus il les répartira dans la communauté

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