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pour la plus grande jouissance de chacun. L'auteur discute les deux systèmes. Au nom de la morale il condamne l'impôt progressif comme anéantissant la liberté, puisqu'il anéantit ses plus légitimes résultats. Il le condamne en outre au nom de la vraie science économique, puisqu'en tarissant les sources de la production il tend directement à l'appauvrissement de la société.

M. d'Hont s'arrête spécialement sur quelques impôts exploités d'une manière particulière par les socialistes. D'abord l'impôt foncier, il le veut modéré et surtout fixe au moins pour de longues périodes. Cet impôt en effet atteint directement la propriété, toute augmentation opère une réduction inévitable et proportionnelle dans le capital du propriétaire. Il importe donc de n'y toucher qu'avec prudence, et seulement lorsque les progrès de l'industrie ont assez élevé la rente pour assurer au propriétaire ses bénéfices légitimes. Vient ensuite l'impôt sur les successions; M. d'Hont l'admet en ligne collatérale, il le repousse en ligne directe. Enfin l'impôt somptuaire et les arguments qu'apporte notre auteur tendent moins à le condamner d'une manière absolue qu'à flétrir le principe au nom duquel il est exploité par les socialistes.

Au demeurant, le résultat de tous ces faux systèmes, c'est l'établissement indirect de la charité légale, la consécration du droit au secours, ou de la taxe des pauvres. Appuyé sur l'histoire, particulièrement sur l'exemple de l'Angleterre, M. d'Hont établit l'insuffi

sance de ces moyens pour guérir la misère. La plaie est plus profonde, elle réclame de plus puissants remèdes. Le moyen vraiment efficace de corriger ce qu'il y a de rigoureux dans les inégalités sociales, ce n'est pas la froide philantrophie, mais bien la charité libre, la charité chrétienne qui s'allume au Ciel. M. d'Hont a formulé son travail dans une thèse qu'il est venu soutenir devant vous dans la séance du 28 novembre 1858. MM. Van Gameren et Martin lui ont présenté des objections.

Dans la séance du 10 avril 1859 M. Busschots vous a donné lecture d'un travail sur les poëtes belges au moyen-âge. Nous voici en pleine chevalerie; on vient évoquer devant vous les lyres qui ont chanté cette «< ère de vaillance, de loyauté, de bon ordre spontané, » de bonheur facile, de sacrifices désintéressés, de >> chastes amours, qui fut, au dire de César Cantù, >> l'incident le plus remarquable de l'histoire euro>> péenne entre l'établissement du christianisme et la » révolution de France. »

M. Busschots débute par un coup d'œil sur l'origine et le développement de la langue romane; elle fut en usage dans les provinces wallonnes dès le VIIIe siècle ainsi que l'atteste le serment de Charles le Chauve, le plus ancien monument qui en soit conservé. Les moines furent les premiers à la plier au rhythme poëtique. L'auteur nous donne un aperçu de la poésie des cloîtres dans l'hymne de Ste-Eulalie.

Voici venir les trouvères! Leur apparition est un événement dans l'histoire des lettres et de l'humanité.

Il constate un triomphe de la civilisation sur la barbarie. Les premiers, ils mêlent dans leurs vers récités dans les puys d'amour le nom des femmes aux chants de guerre. La galanterie, cette noble passion du chevalier, trouve en eux de naïfs interprètes. Satirique, licencieuse, toujours naturelle, leur poésie marie sans cesse le mysticisme à l'amour, oppose aux passions les plus vulgaires l'honneur et les sentiments religieux les plus élevés. M. Busschots discute si la galanterie est d'origine gauloise ou germanique, il s'arrête aux cours d'amour, et nous donne dans le sacristain de St.-Angadrème et le jouvencel qui se marie à Madame Marie, mère de Dieu, de curieux échantillons de ce mélange de cynisme et d'élévation qui forme le cachet distinctif de la littérature des trouvères.

La littérature, a dit de Bonald, est l'expression fidèle de la société. Aussi la poésie de cette époque est-elle pour ainsi dire, double; l'une faite à l'usage des cours et des châteaux, l'autre plus populaire faisant les délices de la bourgeoisie et de la populace. On voit se réfléter ici un mouvement immense qui s'opérait dans l'ordre social, je veux parler de la résurrection des communes. M. Busschots apprécie son influence sur la poésie, il accorde la même attention aux croisades. A cette époque trois grandes sources de poésie sont ouvertes les traditions grecques et romaines, Enée et Alexandre; les traditions bretonnes et françaises, Artur et Charlemagne. C'est là que viennent puiser abondamment tous les romans de chevalerie. M. Busschots a réservé pour cette année l'étude des romans

qui se rattachent à cette dernière période. Il vous entretiendra prochainement de Chrestien de Troyes, Hugues d'Oisy, Jehan le Nevelois, Henri Ier comte de Bar, Guy de Cambrai, Audefroid le Bastard, Quenès de Bethune, et Guillaume de Bethune.

Dans la séance du 27 février M. de Prins vous a transportés en pleine Amérique, et sous cette épigraphe célèbre poëta nascitur, il vous a soumis une étude sur Fenimoore Cooper et la littérature américaine.

Avant d'aborder les travaux et l'influence du fondateur de la littérature américaine, M. de Prins croit devoir rechercher jusqu'à quel point le génie de Cooper a dû être impressionné par la nature et le climat du Nouveau Monde, par les mœurs et le génie des races dont il a chanté les gloires et les malheurs. Deux peuples se trouvent en présence sur la plage américaine : d'une part la race anglo-saxonne, de l'autre les tribus indiennes; entre elles un abîme profond creusé malheureusement en grande partie par les Européens. Au vaincu appartiennent le courage, la ruse, l'esprit d'indépendance, la basse cruauté, les superstitions grossières et cette poésie charmante justement nommée la littérature du désert dont M. de Prins nous fait goûter quelques productions. L'anglo-saxon l'emporte par son activité persévérante, un égal amour de la liberté, une rare intelligence et la saine pratique des conditions qui l'assurent, un égoïsme qui exagère tous les défauts d'un caractère d'ailleurs très-solide et ce dédain pour tout ce qui n'est pas palpable et

présent qu'on a nommé positivisme et contre lequel la littérature anglaise a récemment fait de louables efforts.

Avec de telles forces la race anglo-saxonne devait triompher; et elle l'a fait sans pouvoir cependant, aux yeux de M. de Prins, se défendre de subir l'action de la race indienne. C'est dans la littérature que cette fusion s'est manifestée, par elle que se sont propagées ces influences réciproques. C'est dans Cooper surtout que se sont fondus les deux types, de lui que procède une nouvelle littérature qui jusqu'alors n'avait eu que d'obscurs interprètes.

M. de Prins ne se contente pas de nous faire connaître le célèbre romancier sous ce point de vue il étudie l'homme, sa vie, ses études, son caractère, persuadé qu'avant tout, et spécialement dans le genre qui nous occupe, c'est dans la personnalité de l'auteur que gît le secret de l'œuvre. Il termine en touchant une question fort débattue de nos jours, la question du roman chrétien. M. de Prins croit à la possibilité, à la nécessité même du roman chrétien. De récents succès l'autorisent dans cette opinion, et l'engouement général qui entraîne la masse des lecteurs vers les sujets frivoles lui fait désirer vivement qu'une littérature régénérée essaie de détourner ce mauvais courant, en ranimant dans les âmes le goût du beau, les nobles sentiments et les douces émotions.

Les études littéraires n'ont pas été épuisées par les travaux que je viens de signaler. On a traité dans cette enceinte, dans le même ordre d'idées, des questions

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