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d'une actualité plus grande, qui vous touchent de très-près. M. Vandesande a évoqué devant vous la cause de votre idiome national; il vous a compté son histoire, ses développements, ses malheurs et ses espérances. Le sujet, vous le savez, est brûlant en ce pays. Il se rattache à cette question des nationalités qui, depuis quelques années, agite sourdement l'Europe, et que le glaive d'un conquérant vient de faire éclater au grand jour. L'Allemagne qui a donné le branle répète de nouveau le chant patriotique du vieux poëte, Moritz Arndt: Was ist dès Deutschen Vaterland. Les peuples slaves pleins d'avenir se réveillent sur les bords du Danube, également pressés d'échapper à la corruption mahométane et aux étreintes de l'esprit germanique. L'Irlande et ta Pologne, sœurs infortunées, espèrent et s'abandonnent aux caresses de cette brise enivrante. La Grèce est libre, le Danemark se sçinde, la patrie de Dante ressuscite, l'Europe tout entière en est impressionnée. La Belgique à peine délivrée va connaître ces nouvelles aspirations et, chose. dangereuse, derrière ces agitations se cache peut-être, non plus la lutte de deux principes, mais celle de deux sangs dont la constitution s'était flattée de cimenter l'alliance.

Je reviens au travail de M. Vandesande. Le flamand est un dialecte du bas allemand. Il florissait dans les provinces méridionales des Pays-Bas dès le douzième siècle, témoin le poëme du Renard composé vers l'an 1150. Il se développe de concert avec les libertés communales; on voit apparaître successivement Van

Maerlandt, Van Heelu, Stevin etc. Mais les tendances françaises de Guy de Dampierre et de ses successeurs, ainsi que les mesures antinationales de la maison de Bourgogne lui deviennent funestes. De nombreuses chambres de réthorique surgissent dans le pays et paralysent ces influences. Mais leur œuvre ne dure pas. Sous Philippe II les provinces septentrionales brisent le joug espagnol; le génie national du nouveau peuple s'épanouit dans une littérature brillante sur laquelle je reviendrai tout à l'heure en analysant une étude de M. Stillemans sur Vondel, le Virgile néerlandais. Sur le sol flamand, la langue désormais privée d'appui baisse de plus en plus. L'Espagne, l'Autriche, la France, tour à tour, prennent pied sur la Belgique. Waterloo la délivre, et le congrès de Vienne lui restitue son génie littéraire en l'unissant au Pays-Bas. Mais la politique et les croyances religieuses avaient d'avance creusé un abîme entre les deux peuples. La Belgique opprimée est enfin rendue à elle-même. Séparée du nord par la religion, du midi par la liberté, sa nationalité se fonde. Malheureusement le flamand reste enveloppé dans la haine contre l'étranger; plusieurs provinces d'ailleurs sont wallonnes, et des nécessités politiques favorisent l'influence de la France. Ainsi le français reprend faveur, il devient la langue officielle, la langue du pouvoir. Mais bientôt une réaction s'opère. Willems porte les premiers coups à cette nouvelle tyrannie, toute une école surgit à sa voix, le mouvement flamand est créé. Son but est de réhabiliter l'idiome populaire, de prévenir sa décadence; par

lui la Belgique est en communion avec tous les peuples du nord; c'est la langue civilisée de la moitié des belges, pourquoi le français usurperait-il tous ses droits? On le traite de langue morte, il proteste par une renaissance littéraire où la poésie, l'histoire, la linguistique se disputent le pas. En principe la cause est donc gagnée. Mais dans son application elle n'est pas sans difficultés. M. Vandeşande constate que son indépendance nationale impose à la Belgique des tempéraments. La nation belge n'est pas homogène, elle tient du nord et du midi, et c'est dans la transaction entre tous les éléments qui la composent que réside la première condition de son existence. C'est dans cet esprit transactionnel que M. Vandesande résout la question. Il ne veut pas la prédominance du flamand, il réclame pour lui plus de liberté, plus de protection de la part du pouvoir. En l'accordant le pouvoir aidera au développement de la pensée publique, à l'instruction du peuple, à la consolidation des glorieuses institutions nationales.

Vondel et son poëme les mystères de l'autel : tel est le titre d'un mémoire que vous a présenté M. Stillemans dans les séances du 22 et 29 mai 1859. - Originaire d'Anvers, né à Cologne le 17 octobre 1587, Vondel habita Amsterdam depuis l'âge de 5 ans jusqu'à sa mort. Jeune encore, il fit des vers qui révélaient de grandes qualités, qualités qu'une instruction insuffisante laissa quelque temps incultes. Vondel ne tarda pas à sentir le besoin de l'étude; il apprit successivement l'allemand, le français, le latin, le grec.

Les langues classiques eurent toutes ses préférences, mais il repoussa toujours la mythologie païenne.

Notre auteur cultiva avec succès tous les genres de poésie. Personne n'écrivit en flamand des tragédies plus nombreuses et plus belles. M. Stillemans s'arrête particulièrement à Palamède, Gisbert d'Amstel, Marie Stuart et surtout à Lucifer, composition d'une grandeur, d'une hardiesse, d'une originalité rares. Lyrique de premier ordre, Vondel excelle en outre dans la poésie didactique. Ses satires multipliées abondent en vers piquants, pleins de sens, et d'une mordante concision. La muse épique elle-même tenta sa lyre; en une époque moins agitée et plus favorable aux calmes travaux l'épopée eût trouvé en lui un de ses immortels interprètes.

Dans la revue critique des œuvres du poëte M. Stillemans suit attentivement la marche de ses idées religieuses. Né dans la secte des anabaptistes, il fit un premier pas vers le catholicisme en rejetant avec les arminiens la prédestination absolue de Calvin admise par ses coréligionnaires. Après le fameux synode de Dordrecht, ses compositions trahissent de plus en plus le mouvement religieux qui travaillait son âme. Enfin, vers 1640, Vondel abjura pleinement l'erreur et embrassa la foi catholique qu'il ne cessa de professer et de défendre jusqu'à son dernier soupir. Il était alors à l'apogée de sa gloire littéraire; le Gisbert d'Amstel était écrit, le Lucifer allait paraître.

M. Stillemans nous initie aux infortunes du grand poëte; on y trouve le secret d'un grand nombre de

ses compositions. Il nous le montre fidèle à la poésie jusqu'à l'âge de 87 ans. Vondel vécut cinq années encore. Le 5 février 1679 sa belle âme prit un essor éternel vers ce Dieu qui avait inspiré à sa lyre de si nobles accords.

Un dernier travail vous a été soumis, touchant un point scientifique très-débattu et très-intéressant. M. Wauters s'est posé devant vous cette question : Le feu central existe-t-il? Il a cru pouvoir la résoudre affirmativement.

Le feu central ne peut se prouver à coup sûr par l'observation directe. L'homme ne saurait pénétrer assez profondément dans la croûte terrestre pour atteindre les couches liquéfiées par la chaleur. Mais, s'il est vrai que toute cause est proportionnelle à l'effet qu'elle produit, l'existence du feu intérieur devient irrécusable. M. Wauters s'appuie d'abord sur l'accroissement de la température avec la profondeur, accroissement qui se produit partout d'une manière uniforme, à raison de un degré centigrade par 30 mètres de profondeur en moyenne, ensuite sur l'existence des sources thermales. Il en jaillit dans toutes les contrées du globe; leur température bien supérieure à celle de l'atmosphère atteint parfois jusqu'à cent et même cent vingt-huit degrés.

les

Il invoque en outre la volcanicité de notre planète. Cette réaction de l'intérieur contre l'enveloppe solide qui se manifeste par les tremblements de terre, éruptions volcaniques, la formation des montagnes etc. lui fournit une preuve d'autant plus décisive que

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