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toutes les causes assignées parmi les savants, hormis le feu central, sont impuissantes pour expliquer scientifiquement ces phénomènes.

La constitution des fossiles trouvés dans les couches du globe dénote pour les temps géologiques une chaleur de beaucoup supérieure à celle qui nous enveloppe. Enfin la forme sphéroïdale de la terre et son aplatissement aux pôles est précisément la forme que la gravitation ferait prendre à une masse fluide tournant autour d'un axe unique. De tous points donc il est permis de conclure que notre planète est un astre éteint qui n'est refroidi qu'à la surface.

Je termine la revue des travaux qui vous ont été soumis, en consignant une observation déjà faite par mes prédécesseurs, que je crois utile de renouveler. Vous l'aurez vous-mêmes remarqué, la longueur des mémoires a quelque peu nui à leur variété. C'est un mal qui de tout temps a menacé la Société et dont nous sommes tous plus ou moins coupables. Il dérive sans doute de l'état général de notre société où la plume tient le sceptre et le fait, hélas! rudement sentir. Le vent du doute a soufflé sur toutes les croyances. A ce besoin de la vérité qui fait son tourment et son honneur, l'esprit humain a senti se mêler de funestes défiances: de là ce regard investigateur et patient qu'il prolonge jusque sur les plus lointaines conséquences d'une théorie jusqu'à ce qu'il puisse se dire en toute sécurité je crois. D'autre part, l'erreur est devenue de nos jours tellement absolue et universelle, que c'est vraiment un rude

effort pour qui aspire à la combattre de résister aux entraînements d'une polémique qui se sait puissante parce qu'elle se sent inépuisable. Il n'y a, au fond, dans ces tendances, rien que de très-légitime. Vous savez tous que Cicéron augurait même favorablement de la fécondité des débutants; il importe néanmoins de ne pas oublier le conseil du maître

<< Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire. >>

Les pages les plus fraîches, les lignes les mieux accueillies, j'en appelle à vos propres impressions, ne sont pas celles qui disent tout, mais qui font tout deviner, qui laissent au lecteur la délicate jouissance de ses propres sentiments et le sentiment si noble de sa propre personnalité.

Je ne veux pas prendre congé de vous, Messieurs, sans appeler votre attention sur une amélioration introduite dans notre cabinet de lecture. Elle révèle clairement le caractère de notre Société et l'esprit de ses fondateurs : deux choses que votre secrétaire, en ce jour, a le devoir et l'honneur de vous rappeler. L'accroissement du nombre de nos membres ayant mis à la disposition de votre Commission directrice des ressources abondantes, elle s'est appliquée à en faire une juste répartition. Les abonnements aux journaux politiques n'ont été augmentés que dans les limites du plus strict nécessaire. L'introduction de revues scientifiques, et surtout l'acquisition d'ouvrages sérieux, pleins d'actualité, en rapport avec les besoins et les tendances de notre Société, ont été l'objet de ses plus chères préoccupations. Vous m'ob

jecterez sans doute que cet ostracisme pour la politique n'est point d'accord avec les tendances générales de l'esprit moderne. Je vous l'accorde, la politique, c'est un fait, est aujourd'hui la maîtresse des intelligences. En elle se résument et se formulent les plus vives aspirations des peuples soit qu'ils tendent à la liberté, soit qu'ils n'aient plus à combattre que pour la maintenir. La philosophie s'est mise au pas des nouveaux systèmes; l'histoire a été refaite pour les servir, les lettres elles-mêmes, emportées par le courant, se sont presque vues noyées sous les flots d'une littérature nouvelle, passionnée, irrégulière, de courte haleine, d'une fécondité rare, qui a entraîné dans son orbite les grands talents du siècle et trouvé dans la presse son expression la plus puissante, sa formule définitive. Au milieu de ce déluge, surnageant à grand'peine sur ces vagues tumultueuses, la voix couverte par ce bruit, apparaissent à peine de loin en loin quelques-unes de ces grandes œuvres qui immortalisent un nom et un siècle

« .......rari nantes in gurgite vasto. >>

C'est le propre et la gloire de l'humanité d'avoir, à toutes les époques, fait de puissants efforts pour la solution du problème qui pèse sur ses destinées, comme c'est son malheur et le cachet de sa faiblesse de ne pouvoir jamais l'aborder qu'à demi dans un cercle restreint et toujours en dépassant le but pour aller tomber dans le vide. Notre siècle a connu les mêmes besoins et les mêmes déceptions. Il ne lui a

pas été donné de pouvoir se reposer dans les contemplations spéculatives, ni de se livrer aux investigations de la science avec cette sereine tranquillité, cette assurance de l'avenir qui caractérisent les grands siècles littéraires. Nous vivons à une époque de combat, où chaque homme devient un lutteur. Nos berceaux ont tressailli au bruit des révolutions; à peine sortis de l'enfance la politique nous a enlevés dans ses bras puissants comme pour nous étouffer dans ses embrassements glacés.

Si je voulais rechercher d'où procède cet engouement universel pour la politique, j'irais droit aux doctrines de cette école qui, exagérant les théories de Rousseau et de Montesquieu, a cru trouver dans l'établissement de certaines formes politiques, et dans la consécration de l'irresponsabilité de l'individu vis à vis du pouvoir, l'apaisement définitif des désirs de l'humanité et l'extinction de la douleur dans ce monde. Je ne viens pas condamner ici la liberté politique, ni les résultats légitimes du progrès humain. Non, cette tâche siérait mal à un suisse parlant à des belges, et, comme catholique, je ne puis m'empêcher d'aimer la liberté pour les avantages qu'elle a procurés à la vérité religieuse et aux intérêts catholiques dans la première moitié de notre siècle. J'écris dans un pays où tout le monde admet la liberté, où l'on ne combat que ses abus ; c'est à l'un de ces abus que je m'adresse. Je veux signaler une école dont les doctrines ne sont que l'hypocrisie de la liberté et qui dans un pays voisin l'a précipitée dans

l'abîme par l'influence néfaste de ces mêmes doctrines.

Le principe de cette école c'est la négation de la déchéance primitive de l'humanité; le remède qu'elle nous apporte, la proscription du surnaturel qui est un hors d'œuvre, sinon le mal, et comme corollaire la proclamation du droit légal et souverain de l'intelligence de croire ses propres inspirations et la libre faculté de les mettre en pratique. Elle a travaillé à briser les chaînes politiques de l'ancien régime, non pas dans le but d'assurer les droits des consciences contre les empiétements parfois arbitraires du pouvoir, mais dans l'espoir de les garantir de plus en plus par toutes sortes de mesures vexatoires contre les prétendues atteintes du dogme et de l'autorité religieuse. Dans ce système une charte n'établit pas seulement l'incompétence du pouvoir en matière religieuse, mais encore une indifférence complète, prudemment hostile au catholicisme et par là même destinée à ramener ici-bas la paix et le bonheur. Pour cette école, le mal n'existe pas ou n'existe que dans la constitution politique de la société, de sorte que toutes les questions relatives au bien ou au mal se réduisent à une question de gouvernement, comme les questions de gouvernement en une question de légalité. Si l'on veut juger maintenant des ravages de cette théorie, que l'on considère cette préoccupation exclusive et générale des intelligences pour la politique, qui leur enlève toute leur liberté, cette soif universelle d'agitations théâ

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