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A l'égard des élèves de son collége, la sévérité nécessaire au maintien de la discipline se tempérait par un grand fond d'affection pour chacun d'eux, - affection peu démonstrative en paroles, mais réelle et efficace par toutes ses tendances. Mieux que personne peut-être, je connais avec quelle instance il savait plaider les intérêts de ceux qui se distinguaient dans leurs études.

Depuis que M. Delfortrie s'est endormi dans le Seigneur, que d'hommages, et · permettez-moi de dire le mot, que de justice n'a-t-on pas déjà rendu à sa mémoire! Ce serait peut-être le cas de répéter ici la parole d'un poëte de l'antiquité : Virtutem..... sublatam ex oculis quærimus invidi (12).

A la faible esquisse que nous venons de tracer de la carrière du défunt, il importe d'ajouter quelques mots sur sa vie sacerdotale.

Ah! Messieurs, vous savez combien cette vie était belle et digne de respect; vous connaissez la confiance profonde que plaçaient dans ce prêtre ceux qui venaient, en si grand nombre, s'humilier devant Dieu dans le tribunal sacré de la pénitence et le rendre dépositaire des secrets de leur âme. Le zèle sacerdotal et la charité chrétienne lui donnaient je ne sais quelle science ou, pour parler plus exactement, quelle prescience des misères secrètes et des souffrances intimes du cœur humain. A l'église SaintMichel, son confessionnal était sans cesse entouré de pénitents; souvent même avant le lever du jour, souvent aussi jusqu'à une heure avancée de la soirée,

il y exerçait avec un admirable dévouement une des fonctions les plus importantes et les plus délicates du saint ministère. Pour gagner des âmes à Jésus-Christ, il était accessible à toutes les classes de la société; les riches comme les pauvres trouvaient également et à chaque heure, auprès du directeur de leur conscience, des conseils et des consolations. Aussi, à la nouvelle de la mort de M. Delfortrie, quelle manifestation extraordinaire de regrets ne vit-on pas éclater dans toute la ville de Louvain!

Son assiduité au confessionnal ne lui fit jamais perdre de vue les obligations qu'il avait contractées envers l'Université à laquelle, depuis un quart de siècle, il était dévoué de cœur et d'âme.

Nommé professeur ordinaire à la Faculté de philosophie et lettres, il s'était chargé de faire un cours facultatif sur les littératures allemande et anglaise, et sur l'étude comparée des langues d'origine germanique. Un mémoire de 566 pages in-4o, renfermant, sur une vaste échelle, l'étude comparée des idiomes flamand, allemand et anglais, atteste l'étendue des connaissances qu'il avait acquises, sur cette matière spéciale, par plus de vingt années de recherches et de travaux.

Ce mémoire, publié en 1858, sert de réponse à une question sur les analogies linguistiques, question que la Classe des lettres de l'Académie royale de Belgique maintenait depuis plusieurs années au programme de ses concours sans obtenir une solution satisfaisante. Dans la séance du 11 mai 1857, l'Aca

démie couronna le travail de M. Delfortrie et le fit imprimer à ses frais dans le grand recueil de ses Mémoires.

Ce triomphe littéraire fut décerné à M. Delfortrie par un corps savant qui formula sa décision, en parfaite connaissance de cause, après avoir entendu les rapports motivés de ses commissaires, dont deux sont appelés à prendre aujourd'hui une part bien grande et bien vive dans le deuil d'une cérémonie funèbre (13).

Les rapports des honorables commissaires (14), les comptes-rendus des journaux scientifiques (15), et surtout ce qu'une parole plus compétente que la mienne dans cette sorte de matières va vous faire connaître, me dispensent de vous entretenir plus longuement de l'ouvrage composé avec tant de labeur par le lauréat de l'Académie. Je me borne à faire remarquer que les linguistes les plus distingués de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre ont confirmé par un concert d'éloges la décision de la Classe des lettres de l'Académie royale de Belgique.

M. Delfortrie se préparait à détacher une partie de son ouvrage et à le réduire, sous une forme peu étendue, en livre classique pour l'enseignement primaire et moyen. La maladie, qui l'a conduit au tombeau, est venue arrêter ce travail, qui cependant ne sera pas perdu pour le public, puisqu'un vénérable ami du défunt, M. le chanoine Carton, s'est chargé, à la demande de l'auteur, de soigner l'impression de l'ouvrage et d'en combler les lacunes. Des noms unis

durant la vie tout entière par une noble et fraternelle amitié resteront ainsi inséparables après la mort même.

Que puis-je ajouter encore au sujet de la marche rapide du mal qui nous a enlevé M. Delfortrie? En peu de jours cette forte organisation se trouvait épuisée n'ayant plus de forces que pour résister aux remèdes les plus énergiques. Plus le mal augmentait, plus aussi augmentait l'admirable soumission du malade à la volonté divine. Avec cette fervente et sincère piété qui fut la compagne inséparable de sa vie sacerdotale, il s'empressa de demander les derniers sacrements de l'Église; dans la nuit du dimanche au lundi 23 janvier 1860 il s'endormit du sommeil des justes entre les bras de son frère et ceux de son ami.

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Seigneur JÉSUS, Dieu de bonté et de miséricorde, écoutez les prières que nous vous adressons, afin que votre serviteur ÉDOUARD reçoive de vous, dans le Ciel, la récompense promise au serviteur vigilant et fidèle, la couronne destinée au prêtre animé de votre esprit et zélé pour la gloire de votre nom. - MARIE, vierge sainte et immaculée, mère de Dieu et des hommes, secondez par votre toute-puissante intercession les prières de vos enfants placés au pied d'une tombe et réclamant pour l'un d'entre eux votre assistance maternelle toujours si pleine de douceur et de consolation. Faites, ô MARIE, qu'en priant ainsi pour un ancien confrère, la rosée de vos grâces et de vos miséricordes descende aussi sur nous tous, afin que tous nous puissions vivre et mourir comme des en

fants de Dieu, élus en JÉSUS-CHRIST, votre divin fils, et destinés par ses mérites à vivre un jour dans la béatitude éternelle.

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