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Faculté de philosophie et lettres, prêta pendant plusieurs années un concours utile à notre enseignement, surtout lorsque cet enseignement dut comprendre les principales matières exigées par la loi pour l'examen du grade d'élève universitaire. Il possédait d'ancienne date les langues anglaise et allemande, et les enseignait avec cette autorité que donne la connaissance approfondie d'un idiome quand elle est appuyée de longues et sérieuses études grammaticales et lexicographiques. Ces études, M. Delfortrie les avait entreprises depuis vingt ans avec toute la verve, je dirai avec toute la passion et tout le dévouement qui sont les meilleures preuves d'une vocation véritable pour la science.

Vivant, pendant qu'il exerçait les fonctions du saint ministère, au milieu de populations auxquelles une parenté de race et des circonstances sociales plus récentes rendent faciles et familiers la connaissance et l'usage de l'anglais, notre collègue s'était approprié de bonne heure cette langue et y avait ajouté dans la suite une connaissance fort remarquable et des plus complètes de l'allemand. Les analogies qui existent entre ces deux idiomes et le flamand, analogies qui paraissent naturelles et nécessaires quand on tient compte de l'origine de ces langues et qu'on se rappelle l'histoire de leur formation, ces analogies le frappèrent de bonne heure et fixèrent son attention. Avec cette prompte et sûre compréhension qui lui était propre, il aperçut dans la recherche de ces rapports un sujet nouveau, intéressant et utile, et

qui, suffisamment approfondi, devait rendre des services signalés à la linguistique comparée. Aussi s'y consacra-t-il avec toute l'application dont sa nature forte et énergique était capable; tous les moments de loisir qui lui restaient après l'accomplissement consciencieux et vigilant de ses devoirs principaux, il les donnait à ses chères recherches, ne reculant devant aucune peine, ne récusant aucun labeur, n'épargnant aucun sacrifice pour les étendre, les compléter, pour vérifier leur exactitude, assurer leur résultat. Ayant remarqué que plus on remonte aux formes premières des trois idiomes, plus l'analogie et les similitudes entr'eux deviennent nombreuses et évidentes, il porta son attention sur les monuments littéraires du moyen âge dans les Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre, il en étudia les principaux, les annota, les explora dans l'intérêt du but qu'il poursuivait avec un zèle qu'aucune difficulté ne rebutait, et qui ne connut jamais la fatigue. Plus il avançait, plus il élargit le cercle de ses investigations, et il finit par y comprendre jusqu'aux langues scandinaves. D'immenses matériaux s'accumulèrent ainsi entre ses mains, une heureuse circonstance lui permit de les utiliser et d'en tirer de précieux fruits pour la science qui avait toutes ses prédilections. La classe des lettres de l'Académie royale de Belgique mit au concours pour l'année 1857 la question suivante : « Constater les analogies que présentent les langues flamande, allemande et anglaise, malgré les modifications qu'elles ont subies, et rétablir les significations des mots

tombés en désuétude dans l'un de ces idiomes, par celle qu'ils ont conservée dans un autre. »

On voit, le sujet de cette question rentrait tout-àfait dans les études que notre collègue cultivait avec tant d'amour depuis vingt ans. Aussi s'empressa-t-il de répondre à l'appel du premier corps savant du pays. Redoublant d'efforts et d'activité, donnant au travail toutes ses veilles, épuisant en quelque sorte sa puissance d'application, et elle fut grande, Delfortrie réussit dans le court espace d'une année à coordonner tous les éléments d'une solution complète de la question, et à les présenter à l'Académie sous la forme d'un traité et de deux glossaires, le traité répondant à la première partie de la question, les deux glossaires à la seconde. Permettez-moi de m'étendre quelques instants sur cette œuvre, sa valeur pour la science, l'intérêt que vous portiez à son auteur, m'y autorisent, je pense.

La question telle que l'Académie l'avait posée pouvait être résolue de deux manières. Embrassant de préférence le point de vue théorique et prenant pour point de départ les recherches de l'école allemande sur les lois générales qui ont présidé à la formation des idiomes de souche Teutonique, on pouvait examiner comment et jusqu'à quel point ces lois ont été réalisées dans chacune des trois langues sur lesquelles porte la question; ou laissant de côté la théorie générale et choisissant un point de vue plutôt pratique et d'une utilité certaine et immédiate pour l'étude simultanée du flamand, de l'anglais et de l'alle

mand, on pouvait rechercher les radicaux et les formes semblables dans les trois idiomes et constater les analogies qui se remarquent dans les développements successifs par lesquels ces éléments ont passé. L'esprit et les tendances essentiellement pratiques de M. Delfortrie lui firent choisir cette dernière méthode. Voici comment il explique lui-même l'idéemère de son travail et les motifs qui le portèrent à adopter de préférence le point de vue auquel il se plaça.

«De tout temps, dit-il dans l'introduction de son mémoire, l'étude de ces langues (flamande, allemande et anglaise) a été diversement appréciée. Quelquesuns n'ont voulu y voir qu'un jeu, ou tout au plus un simple passe-temps, tandis que d'autres se sont peut-être laissé trop effrayer par les premières difficultés qu'il fallait vaincre. Quoi qu'il en soit de la divergence de ces deux opinions, également fausses, parce qu'elles sont également outrées, on peut assurer d'avance que toutes les recherches faites en vue de favoriser une étude dont tant de personnes s'occupent de nos jours, seront reçues avec un accueil encourageant proportionné à l'utilité qu'elles pourraient produire. Cette idée paraît avoir préoccupé l'Académie; et l'opportunité de la question qu'elle a mise au concours est d'autant plus évidente, qu'en évitant tout ce qu'il y a de purement théorique et de spéculatif dans un problème de linguistique générale elle a bien voulu se borner à provoquer un mémoire sur le flamand, l'anglais et l'allemand, c'est-à-dire

les trois langues qui présentent le plus d'intérêt pour notre pays. » Le travail de notre collègue fut l'objet d'un examen attentif et approfondi de la part de l'Académie. Une circonstance particulière ajouta encore à l'intérêt qu'il y provoqua ainsi qu'à la valeur de la récompense qu'il obtint sur la même question. Un second mémoire avait été présenté, remarquable à plusieurs égards et offrant un mérite incontestable. Après une discussion approfondie, les conclusions des deux premiers rapporteurs furent adoptées, et la classe accorda le premier prix au travail du président Delfortrie.

Ce jugement a été ratifié par le monde savant, et il en devait être ainsi. Par son traité sur les analogies des radicaux et des dérivés dans les trois langues, notre collègue a fourni des matériaux nombreux et bien choisis pour préparer et faciliter le grand travail qui est réservé à une époque plus avancée des études de linguistique comparée, celui d'établir d'une manière complète et vraiment scientifique les lois générales sous l'action desquelles a eu lieu le développement de chacune de ces trois branches de la grande famille des langues germaniques. Dans les deux glossaires, dont le premier renferme les vieux mots flamands et allemands qui s'expliquent réciproquement, ou bien à l'aide de l'anglais ancien et moderne et de l'anglo-saxon, et dont le second est consacré aux vieux mots anglais, anglo-saxons et écossais anciens et modernes, qui s'expliquent par l'allemand et le flamand, Delfortrie a laissé un monument qui

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