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persévérante, on aurait pu à la longue les russifier, si même ils conservaient la religion musulmane. Cette considération me paraissait d'autant plus fondée que nos coreligionnaires eux mêmes ne trouvaient pas leur compte à venir remplacer les Tartars en Crimée. L'insuccès de l'immigration bulgare et les fautes administratives commises chez nous à leur égard ont produit l'effet le plus déplorable, en éveillant la méfiance des Bulgares à notre égard et en les desillusionnant sur notre compte. De leur côté les Occidentaux et les Turcs ne pouvant pas admettre que notre conduite fut dénuée d'arrière pensée nous soupçonnaient de vouloi produire un soulèvement général en Bulgarie.

Une autre émigration commencée aussi depuis quelque temps continuait activement pendant les premières années de mon séjour en Turquie. C'était le mouvement des Circassiens, vaincus dans le Caucase, mais refusant de se soumettre à nos autorités pour vivre en paix sous leur administration. Ici les considérations politiques devaient céder à la raison d'Etat: il s'agissait de la sécurité de nos provinces, de nécessités stratégiques et de combinaisons économiques et sociales, fondées sur des bases indiscutables. Tous en favorisant cette émigration dans la stricte mesure des nécessités qui l'avaient provoquée, je tâchais d'écarter les inconvénients qu'elle pouvait nous créer en Turquie. Les Circassiens qui quittaient le Caucase pouvaient être sérieusement utilisés par la Porte. La défaite n'avait diminué ni le prestige ni la valeur de ces populations, plusieurs des hommes marquants de la Turquie étaient originaires du Caucase, et c'étaient les esclaves de ce pays qui renouvellaient dans les hautes classes le sang appauvri de la vieille race des Osmanlis, entrée en décadence; l'Empire Musulman pouvait puiser des forces nouvelles dans l'émigration. Les Représentants des Puissances Occidentales avaient conseillé à la Porte de concentrer les Circassiens en une masse compacte et d'en faire un seul établissement. Il avait même été décidé de les fixer dans les environs de Kars, à l'entrée de l'Asie Mineure que la soumission du Caucase avait rendue encore plus accessible à nos armées. On espérait qu'ainsi la barrière vivante qui avait si longtemps arrêté nos succès n'aurait pas été détruite, mais qu'elle se serait repliée sur une seconde ligne de défense où, appuyée par un système de forteresses et soutenue par une armée régulière, elle aurait pu devenir infranchissable. J'ai employé toute mon activité pour faire avorter ce projet. J'y ai pleinement réussi. Les Circassiens pour leur propre malheur et pour celui de la Turquie furent dispersés dans tout l'Empire. Des groupes furent envoyés sur les différents points de l'Asie, en Arménie, à Angora, à Ismid, en Chypre; un grand nombre fut dirigé en Turquie d'Europe vers Silistrie, Roustchouk, Siston, Widdin, Sofia, Andrinople et dans la Dobroudja près de Babadagh. On avait généralement tâché de coloniser les Circassiens sur des positions stratégiques importantes. Sous ce rapport leur établissement du côté de la

Serbie qui eut lieu en 1862 et qui était destiné évidemment à former une ligne de défense contre la Principauté peut être très nuisible à nos coréligionnaires en cas d'une levée de boucliers contre la Turquie.

Les populations chrétiennes avaient partout à se plaindre de leur présence-c'était le côté désavantageux pour nous de la dispersion des Circassiens en Turquie. Ils erraient par bandes dans la contrée, en enlevaient tout ce qu'ils pouvaient, à commencer par le bétail. Aux plaintes des Chrétiens l'autorité répondait invariablement: «ce sont les hôtes du Sultan; nous ne pouvons pas sévir contre eux; ils ont été expulsés par les Russes, ils sont recommandés par la Porte et d'ailleurs nous n'avons pas de forces suffisantes pour les contenir». Après avoir obtenu le but principal que je m'étais posé, je m'interposais pour obliger la Porte à prendre des dispositions de nature à prévenir les excès et les exactions des Circassiens dans les provinces Chrétiennes. Mais tout en prenant le parti des populations locales contre les nouveaux venus, je me suis trouvé fréquement dans le cas d'intervenir officiellement en faveur de ces derniers. contre les autorités Ottomanes subalternes en blâmant leur coupable insouciance. Je parlais au Grand Vezir des souffrances qu'avaient à endurer les émigrés, des privations qu'ils subissaient, des maladies qui avaient plus que décimés leurs rangs. Habitués à la vie de montagne les Circassiens, les Tchetchènes même,-dépérissaient à vue d'oeil dans les plaines où on les avait établis. Ainsi le typhus détruisit la moitié d'un campement près de Trébizonde. Au mois d'Octobre 1864 on avait expédié à l'île de Chypre 2700 émigrés-hommes,, femmes et enfants entassés sur trois mauvais bateaux; 900 moururent en route: pendant les stations sur les côtes de l'île 30 ou 40 cadavres atterrissaient chaque jour; on a constaté que des individus mouraient de faim; il a fallu l'intervention étrangère pour forcer les autorités turques à enterrer les morts. Sur toute l'étendue de la Turquie les femmes et les jeunes filles étaiant achetées pour les harems, car l'immigration Circassienne avait donné une nouvelle activité à ce commerce prohibé. On compte généralement que jusqu'à ce jour plus de la moitié des Circassiens arrivés en Turquie ont déjà succombé. Tous ces désastres exaspéraient les malheureux émigrés qui ne dissimulaient plus leurs regrets d'avoir quitté le Caucase. Des troubles eurent lieu sur plusieurs points, surtout en Asie, et l'autorité turque eut parfois beaucoup de peine à dompter les rebelles; ainsi près de Mousch la troupe dut charger les montagnards afin de pouvoir les désarmer. La Porte se plaignait amèrement à l'Ambassade Impériale des déceptions qu'elle avait rencontrées dans l'affaire de l'émigration Circassienne et des embarras sans nombre que la colonisation des hordes indisciplinées causait à l'administration locale. Je répondais à ces plaintes que le Gouvernement Ottoman avait désiré lui même le don que nous lui avions fait, que c'était par déference pour le Sultan que l'émigration avait été autorisée, que nous n'avions pas voulu empêcher les Circassiens de se

placer sous le sceptre du Khalife, mais que nous avions prévenu la Porte de leurs habitudes turbulentes; j'insistais en même temps sur la nécessité de les disséminer encore davantage pour prévenir de nouveaux désordres et d'éviter, autant que possible, de les mettre en contact avec les Chrétiens. C'est ainsi que, grâce à l'ineptie du Gouvernement Turc exploitée par l'Ambassade Impériale, toutes les espérances qu'on avait mises sur l'émigration Circassienne en Turquie se sont évanouies. Depuis quelque temps les Circassiens me demandent en masse de rentrer dans leur pays natal ou de jouir de notre protection. J'entretiens avec eux des rapports suivis, car, en cas de guerre avec la Turquie, c'est un élément que nous pourrons exploiter à notre avantage. Quoiqu'il en soit les Turcs peuvent se dire aujourd'hui que c'est la tunique empoisonée de Déjanire qu'ils ont acquise en favorisant l'émigration Circassienne. Notre but n'en est pas moins pleinement atteint.

En terminant l'exposé des faits qui se sont produits durant la première période de mon séjour à Constantinople, je constate qu'en général, pendant cette époque, nous nous sommes considérablement rapbrochés de la Porte, tout en reprenant notre influence sur nos coreligionnaires, et qu'en favorisant, toutes les fois que c'était possible, le désaccord entre l'Autriche, l'Angleterre et la France, nous avons réussi à diminuer la prépondérance qu'exerçait à Constantinople cette dernière Puissance depuis la guerre de Crimée, ainsi que l'effet de l'action à trois basée sur la Convention du 15 Avril 1856.

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Принципъ равенства государствъ въ совре

менномъ международномъ правѣ.

Проф. Бар. С. А. Корфъ (Гельсингфорсъ).

I.

Нѣтъ сомнѣнія, что наука международнаго права, какъ и прочія дисциплины государствовѣдѣнія, переживаетъ серьезный кризисъ. Наиболѣе сильное отраженіе этого можно видѣть на судьбѣ принципа равенства государствъ, какъ то вѣрно отмѣчаетъ проф. В. Э. Грабарь 1).

Какъ теоретическое, такъ и политическое значеніе этого принципа огромно, что даетъ намъ право вновь остановить на немъ вниманіе

читателя.

Въ теченіе цѣлаго столѣтія принципъ равенства непоколебимо господствовалъ въ наукѣ; только рѣдкіе голоса брали на себя смѣлость протестовать или не соглашаться. Слѣдуя императивнымъ велѣніямъ школы естественнаго права, наука даже возвела принципъ равенства въ одно изъ основныхъ «правъ», составляющихъ суть суверенитета государствъ. Къ концу XIX столѣтія для подавляющаго большинства международниковъ 2) такое положеніе стало аксіомой; многіе даже, какъ напр. Нисъ или Стрейтъ, кладутъ это начало въ основу всей международной организаціи.

Между тѣмъ, какъ справедливо замѣчено проф. Грабаремъ, факты международной жизни стоятъ въ вопіющемъ противорѣчіи съ указаннымъ принципомъ; и что еще характернѣе: чѣмъ прочнѣе укрѣплялось въ наукѣ международнаго права названное начало, превратившееся у многихъ писателей даже въ аксіому, тѣмъ ярче и чаще выступали къ

1) Начало равенства государствъ въ соврем, междунар. правѣ; Извѣстія Министерства Иностранныхъ Дѣлъ, книга 1, 1912.

*) Намъ нѣтъ надобности перечислять имена; читатель можетъ ихъ найти въ названной статьѣ проф. Грабаря.

концу прошлаго столѣтія факты международной жизни и общенія прямо ему противорѣчащіе. Всѣ они, эти противорѣчащіе теоріи факты, могутъ быть сведены къ одной причинѣ: преобладанію и могуществу такъ наз. восьми великихъ державъ; 1) великія державы вовсе не склонны смотрѣть, на малыя государства, какъ на равныхъ членовъ одной и той же семьи, а, наоборотъ, слишкомъ часто смотрять на нихъ свысока, какъ будто они являются какими-то «объектами для посредническихъ услугъ». Процессъ роста высокомѣрія великихъ державъ шелъ и идеть все еще crescendo, проявившись наиболѣе опредѣленно на Гаагскихъ мирныхъ конференціяхъ; на первой можно было замѣтить уже нѣкоторое его вліяніе на судьбу дебатировавшихся вопросовъ, но не въ столь сильной мѣрѣ, благодаря тому, что на конференціи участвовало очень немного «небольшихъ» государствъ; наоборотъ, на второй конференціи, вслѣдствіе участія огромного числа малыхъ государствъ, его вліяніе чуть не вызвало катастрофы и во всякомъ случаѣ сильно затормозило дѣло дальнѣйшаго развитія институтовъ международнаго общенія. Въ констатированіи этихъ явленій сходятся всѣ изслѣдователи-международники; въ оцѣнкѣ ихъ они раздѣляются, однако на два діаметрально противоположныхъ другъ другу лагеря. Уже въ 1907 г. сказалось это противоположеніе, примѣры которому приводить проф. Грабарь; съ одной стороны, утверждается естественность и даже необходимость давленія великихъ державъ, при чемъ частью скрытымъ, частью откровенно высказываемымъ мотивомъ является мысль, выраженная ясно газетой Times, что нельзя--де допустить, чтобы международныя дѣла рѣшались представителями какихъ-нибудь южно-американскихъ или азіатскихъ государствъ и чтобы, такимъ образомъ, надъ культурными и высоко цивилизованными европейскими великими державами стали арбитрами «самыя испорченныя и отсталыя государства»: трудно найти болѣе характерный примѣръ самомнѣнія и переоцѣнки собственныхъ достоинствъ; съ другой стороны, слѣдуетъ поставить «малыя» державы и государства, наиболѣе талантливымъ защитникомъ коихъ явился Бразиліанецъ Барбоза 2).

Итакъ, приходится констатировать, что великія державы стянули въ свои руки всѣ нити международной политики, крѣпко ихъ держать и намѣрены и впредь полновластно и безконтрольно распоряжаться судьбами международнаго общенія; равенство онѣ отрицаютъ и боятся его, такъ какъ справедливо считаютъ, что оно необходимо должно повести къ возвышенію значенія или даже господству численнаго боль

1) Мимоходомъ замѣтимъ, что мы не видимъ еще возможности присоединенія къ великимъ державамъ Китая, какъ то дѣлаетъ проф. Грабарь, такъ какъ вступленіе въ ихъ семью зависитъ не столько отъ культуры, степени цивилизаціи или формы государственнаго устройства, сколько единственно отъ военнаго могущества и военной силы.

2) Ср. съ его многочисленными выступленіями на второй мирной конферонціи и со словами, цитируемыми проф. Грабаремъ.

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