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» disette de vivres, la difficulté de s'en pro» curer, devait forcer seule des agresseurs » insensés à renoncer à une entreprise trop » au-dessus de leurs moyens réels. Le hasard >> d'un combat naval n'était profitable qu'aux >> Russes. >>

En effet, Mistra, dans l'intérieur du pays, Calamata et Navarreins, sur la côte, étaient les seules conquêtes dont ils pussent s'enorgueillir. Les milices albanaises, appelées par les ordres du divan, et plus sûrement encore par l'espérance du pillage, marchaient sur le Péloponèse, et étaient près d'y pénétrer. Déjà quelques milliers de ces brigands avaient surpris la ville de Patras, et l'avaient réduite en cendres. L'entrée de l'isthme ne fut pas défendue. Le primat de Corinthe n'avait pas osé se déclarer, sachant que les Russes n'étaient qu'à peine en état de se soutenir eux-mêmes; les Grecs furent massacrés dans toutes les villes où les Albanais, réunis aux Ottomans, se présentèrent. Tout ce qui échappa au fer de ces maîtres, devenus furieux, s'enfuit dans les montagnes. Les Russes, menacés de tous côtés vers le seul point qu'ils occupassent, cherchèrent un asile sur leurs vaisseaux, ne songeant plus qu'à évacuer la Morée. Les per

fides étrangers, les Grecs trahis, tous s'embarquèrent à la hâte : blessés, malades, primats grecs, évêques ou chefs de l'insurrection, entre autres Papaz-Ogli et le vieux Bénaki. La presqu'île et ses infortunés habitans demeurèrent livrés à la vengeance des Ottomans et aux brigandages des Albanais.

Fidèle à son système timide, le capitanpacha errait dans l'Archipel grec, s'éloignant à toutes voiles dès que la flotte russe était aperçue de la sienne. Spiritoff, réuni à Elphinston, mettait autant d'ardeur à joindre l'amiral ottoman que celui-ci montroit d'empressement à l'éviter. Les deux armées se rencontrèrent enfin près du golfe de Smyrne, dans le canal étroit qui sépare l'île de Chio de la côte d'Asie. Ne pouvant éluder le combat, le capitan - pacha voulut s'aider de tous les secours que lui offrait la nature des lieux. Il rangea sa flotte en croissant le long du rivage asiatique. Vingt-deux vaisseaux de haut bord, bien espacés et mouillés sur quatre ancres, appuyés aux deux extrémités par des bancs de sables et des rochers à fleur d'eau, étaient encore protégés par des batteries établies sur la côte, et attendirent ainsi que l'amiral russe osât venir les attaquer. Ce champ de bataille

1770.

était déjà fameux par la victoire que les Romains avaient remportée sur Antiochus-leGrand; il était destiné, dans les tems modernes, à devenir le tombeau de la marine ottomane.

Spiritoff, à la tête de l'escadre russe, composée seulement de neuf vaisseaux de ligne, parut, le 5 juillet au matin, à l'entrée du canal que commencent les petites îles Spalmadores, en avant de l'île de Chio. Les vaisseaux russes défilèrent entre ces îlots hérissés d'écueils, et s'arrêtèrent en comptant avec étonnement le nombre des navires musulmans, et surtout en voyant le bel ordre de combat; mais les Russes, abhorrés des Grecs qu'ils avaient trahis et abandonnés, désormais sans põrts, sans asile, avaient pris la résolution désespérée de joindre, à quelque prix que ce fût, la flotte ottomane et de périr ou de vaincre.

Spiritoff, guidé par les conseil du contreamiral anglais Greay, qu'il avait à son bord, partagea les neuf vaisseaux en trois divisions; il commandait la première, et formait l'avantgarde: Théodore, frère de Grégoire et d'Alexis Orloff, était avec lui. Le centre était sous les ordres du comte Alexis, généralissime; Elphinston conduisait l'arrière-garde. Il avait eu un différent avec l'amiral' russe, au sujet du

commandement auquel ils prétendaient tous les deux. Elphinston avait soutenu son droit avec tout l'empressement de son caractère et l'orgueil que lui donnaient sa réputation, ses talens et le mépris qu'il portait à ceux dont il était forcé de recevoir les ordres; irrité et mécontent de ce que le généralissime avait repoussé et désavoué sa prétention, le fier Anglais avait choisi le poste de l'arrière-garde pour jouir des fautes qu'il verrait faire à des chefs ignorans, et pour se réserver la gloire de les réparer.

Il est remarquable qu'au moment du combat le capitan-pacha se fit mettre à terre sous prétexte d'aller établir quelques batteries sur la côte, et qu'en même temps le généralissime Orloff quitta le vaisseau qu'il commandait, et passa sur une frégate qu'il tint constamment éloignée de l'action. Les fiers Ottomans ne se méprirent pas sur la lâchêté de leur commandant, et crièrent à la trahison. Les dociles et impassibles Russes n'eurent pas même la pensée de condamner leur général, et se préparèrent au combat.

Le vaisseau amiral des Ottomans ne perdait rien à l'absence du capitan-pacha, le brave Hassan le commandait. Avant de partir de

Constantinople, il avait exposé dans le divan que la flotte de son sublime empereur était supérieure de moitié à celle de ses ennemis ; qu'il fallait donc que chaque commandant s'attachât corps à corps à un vaisseau russe, et qu'il se fit sauter avec lui. Hassan ne tarda pas à joindre l'exemple au précepte.

Son vaisseau se trouvait le second de la ligne ottomane le vaisseau amiral russe, monté par Spiritoff, Greay et Théodore Orloff, attaqua la tête de cette ligne, et s'attacha à la capitane. Le seul ordre que le capitan-pacha eût donné à toute la flotte, était de demeurer à l'ancre. Hassan reçut pendant quatre heures le feu du navire ennemi, sans faire aucun mouvement, sans éviter aucune bordée. Mais les vaisseaux ottomans ont tous à leur première batterie des canons du calibre de plusieurs quintaux: un boulet de pierre, lancé par une de ces énormes bouches à feu, emporta le gouvernail de l'amiral russe. Ne pouvant plus manœuvrer tout en foudroyant la capitane, il dériva sur elle. Hassan, qui avait le dessein de l'aborder, fidèle à l'ordre du capitan - pacha, se toua sur son câble, et reçut le vaisseau par son travers. Il fit sur-le-champ jeter des crampons, et ces deux énormes masses furent accrochées par

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