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raccolait des domestiques de bas étage, vient d'être égorgée. Si Philippe n'avait pas subi la peine de mort, on lui aurait attribué ce crime, tant il ressemble à l'assassinat de la rue Ville-l'Evêque ».

Pendant l'instruction des divers procès que Maurice Roux a intentés à M. Armand, procès qui ont tant occupé les esprits, deux actes à peu près semblables à celui de Roux ont été commis. Le domestique d'un bijoutier vole ses maîtres, se garrotte dans son lit, et dit que ce sont des malfaiteurs qui l'ont attaché et qui ont pris les bijoux; on trouva ces objets dans le galetas où il les avait cachés. Un autre domestique accuse son maître de l'avoir maltraité et demande de l'argent en réparation de dommages; sa ruse ayant été démontrée, il est condamné à la prison et à une amende. -Quinze jours après l'assassinat de Monseigneur Sibour, à Paris, par un prêtre (Verger), a lieu une tentative de meurtre, également par un prêtre, sur Monseigneur Rossini de Matera, près de Naples. Le domestique de ce prélat fut seul victime en défendant son maître. Les journaux de Marseille ayant publié, en 1868, qu'un enfant avait été abandonné sur la voie publique, à dater de ce moment le même méfait se répète une dizaine de fois en quelques semaines. La contagion causée par la voie des journaux de la localité était tellement évidente, qu'elle fut signalée par le Nouvelliste qui déplora la publicité contagieuse donnée à ces actes, publicité à laquelle il avait participé lui-même. --Les enlèvements des jeunes filles se sont maintes fois succédés à des distances rapprochées.

L'immense publicité donnée par tous les journaux au massacre exécuté à Pantin par Tropman; a causé un si grand nombre d'attentats sur les personnes, à Paris et dans la banlieue, qu'un journal de la capitale faisait observer que, depuis ce crime, il n'était pas prudent de se trouver dans les rues après minuit, surtout dans les quartiers isolés. En province, les assassinats se sont également multipliés sous l'influence de cette cause de perversion. Et, chose remarquable et instructive en même temps, c'est principalement dans les lieux avoisinant l'endroit où le massacre a été exécuté, qu'ont eu lieu le plus grand nombre d'attentats contre les personnes depuis

cette époque. Ceci nous remet en mémoire un fait dont nous sommes témoins chaque année, et qui, malgré son côté comique, peu en rapport avec la gravité des faits dont il est ici question, n'en a pas moins son importance comme venant à l'appui de la contagion des actes, aussi bien dans les petites choses que dans les grandes Lorsque le cirque qui figure chaque année à l'époque de la foire Saint-Lazare est démoli, on voit les gamins qui ont assisté aux exercices des clowns, s'essayer sur la place marquéé par l'arène, à reproduire les mêmes tours de force que ceux dont ils ont été témoins.

Pendant que le crime de Tropman fixait l'attention publique, trois actes semblables ont été commis: 1° le journal de la Vienne, du 15 janvier 1870, publie ce qui suit.« On vient d'écrouer à la prison un individu qui rappelle dans certains détails ceux commis par Tropman. Là encore la cupidité a armé le bras du meurtrier, la victime a trouvé la mort dans un piége qui lui a été tendu, une fosse a été préparée à l'avance pour la recevoir», 2o le nommé Dessous-le-Moustier à attiré dans un guet-apens les trois frères Thirion et les a tués. Ce contrefacteur de Tropman a été condamné à mort, en avril 1870, par la cour d'assises de Mons (Belgique). 3o Enfin dans ces derniers temps il s'est rencontré en Angleterre un imitateur de Tropman qui a exterminé une famille composée de six ou sept personnes.

La tentative d'assassinat commise naguère en chemin de fer, près d'Arles, sur le Dr James, a été suivie de près par un assassinat commis, le 24 mars dernier, sur la même ligne près de Montelimart, également dans un wagon, pendant la nuit. A une révolte qui a eu lieu au commencement de cette année 1870, dans un lycée de Paris, ont succédé à peu de distance des actes de rébellion semblables dans divers lycées de la province.

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Sous le premier Empire, un soldat se pend dans une guérite où il montait la garde. En peu de jours, plusieurs soldats subissent tellement l'influence de la contagion, qu'ils se pendent également dans cette même guérite. On mit un terme à ce déplorable effet en détruisant par le feu le local où les suicides se succédaient sans interruption. On sait combien les duels sont contagieux.

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M. Yriarte fait les réflexions suivantes à propos d'une série de duels qui eurent lieu à Paris en octobre 1867. « Comme nous tenons bonne note, jour par jour, des événements parisiens, nous remarquons, pour l'avoir vérifié cinq à six fois, que les duels procèdent comme les épidémies. On signale d'abord un cas isolé, produit par quelque cause sérieuse, fatale d'après les lois du monde. Le second duel est le plus souvent arrangeable, et, s'il a lieu, c'est que les témoins ont fait peu d'efforts pour l'empêcher. Le troisième a une cause legère, le quatrième a à peine un prétexte, le cinquième n'en a pas du tout, et ainsi de suite ».

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Le rentissement qu'a eu en Europe la séquestration et l'assassinat des visiteurs de Maraton par des bandits grecs, a déterminé dans différentes contrées, une explosion d'actes de brigandage dont voici les principaux : Une bande de voleurs turcs tue trois bergers en Tessalie et se réfugie sur le territoire grec. Une autre bande turque opère dans les envrions de Janina. — Plusieurs autres sont signalées en Macédoine. Dans le Midi de l'Espagne, des bandes de malfaiteurs se sont subitement multipliées. Deux anglais chassant près de Gibraltar, sont enlevés et rançonnés par quatre bandits. Deux personnes sont enlevées à Alameda. Deux autres à Alora. Un des plus riches habitants d'Archidona (Province de Malaga), a été enlevé en plein jour près de sa demeure. Un jeune homme riche âgé de 18 ans, a été saisi par cinq malfaiteurs aux portes d'Arahal. Il a été rendu dans un état complet d'idiotisme après vingt deux jours de captivité, sa rançon ayant sans doute été payée. A la même époque, la diligence faisant le service entre Villa-Joyeuse et Alicante a été arrêtée par quatre bandits qui ont tué le conducteur et dévalisé les voyageurs après les avoir fort maltraités. Enfin, encore près de Gibraltar, des bandits ont essayé de s'emparer de deux officiers anglais, lesquels ont été sauvés par les gardes civiles. Le brigandage s'est soudainement manifesté aussi dans l'Emilie, province du royaume d'Italic.

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Nous venons de voir, par l'observation des faits, combien les actes immoraux en déterminent souvent de sem

blables. Mais la contagion morale étend plus loin son pouvoir. La perversité est contagieuse d'une manière plus générale en, ce sens qu'elle engendre le désir de mal faire, non seulement sous une forme identique, mais encore sous les formes les plus variées, si bien que l'on peut poser en principe que le mal engendre toute sorte de mal, de même que le bien engendre toute sorte de bien. Demandons encore aux faits de nous prouver la réalité de ce principe.

Lorsque les populations ont leur esprit occupé par des faits immoraux, criminels, monstrueux, on voit se produire alors un grand nombre de méfaits de toute espèce. Ainsi, c'est principalement lorsque les populations sont absorbées par le compte-rendu des procès criminels les plus odieux et les plus émouvants, c'est aussi à l'époque des exécutions capitales, époque où les crimes qui ont donné lieu à cette peine suprême occupent le plus les esprits, que se commettent le plus grand nombre de crimes. Ce point important mérite d'être mis ici en évidence complète. Plusieurs des faits que nous produirons à l'appui s'étant passés dans notre ville, seront présents au souvenir du lecteur, et dissiperont les doutes qui pourraient s'élever dans son esprit à l'égard de la thèse que l'observation nous oblige d'adopter.

Le 2 mars 1860, on exécute à Saragosse trois assassins. Le même jour un laboureur des environs tue un homme sans motif apparent, et un voleur enlève dans l'église d'El Pilar un plateau d'argent destiné à recevoir les aumônes pour le repos des âmes des condamnés. - Le 30 juin 1862, un individu subit la peine de mort à Valence (Espagne) pour avoir assassiné sa femme. Le même jour, dans la même ville, un jeune misérable étrangle sa mère après l'avoir maltraitée de la manière la plus horrible. Le jour où le Dr Lapommerais fut exécuté à Paris, un assassinat fut commis dans la même ville, rue Galande.--Douze jours après l'exécution de l'assassin Manesse, à Landrecies, à quelques pas de l'endroit où avait eu lieu le supplice, le nommé Moreau, âgé de 19 ans, tue par jalousie une jeune fille de 18 ans dans la maison de ses maîtres. Ce jeune bomme avait assisté à l'exécution de Manesse. En août 1864, deux exécutions

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capitales ont lieu le même jour sur la place des Cerchi, à Rome. Malgré la terreur que doit exiter cette peine, le lendemain matin un maçon tue un de ses camarades au moment où celui-ci sortait de chez lui. Le meurtrier avait prémédité le crime depuis quelque temps, et il attendait une occasion favorable pour le commettre... En 1823 ou 24 eut lieu à Marseille l'exécution des trois frères Rabatu. Deux personnes qui assistèrent à ce sanglant spectacle m'ont rapporté chacune un des deux faits suivants: L'une se trouvait dans une maison du cours Belsunce, à quelques pas de l'échafaud. Dans le même appartement se trouvait un autre assistant, le nommé B... qui, peu de jours après, tuait sa femme et sa belle-mère. Le second témoin se trouvait dans la foule. A ses côtés était un homme d'assez mauvaise mine qui prononça ces paroles après avoir vu tomber les trois têtes. Bah! ce n'est que ça ! Quelques mois après, ce même témoin assistant à l'exécution du nommé Dagnan qui avait assassinné une femme pour la voler, rue de Jérusalem, reconnut dans le patient l'individu qui avait été si peu impressioné par la triple exécution. Après trente ans environ, passés sans exécution capitale, le sicilien Matracia fut guillotiné dans notre ville où, depuis long-temps, les assassinats avaient été d'une rareté extrême. Dans les deux mois qui suivirent cette exécution, deux assassinats eurent lieu: un, suivi de vol, sur la route de Marseille à Aubagne, et un autre sur le marché des Capucines. Ce dernier eut pour auteur le nommé Odo. Mu par une jalousie non motivée, il porte neuf coups de couteau à sa femme qui mourut sur le champ. Il avait assisté quelques jours auparavant au supplice de Matracia. En septembre 1865, douze jours après l'exécution de Picot dans notre ville, une tentative d'assassinat eut lieu rue du Vieux Palais.

Un procès criminel fort important étant annoncé pour décembre 1867, devant la cour d'assises d'Aix, procès des quatre bandits italiens qui arrêtaient sur les grandes routes des environs de Marseille et qui tuaient pour voler, je me mis en devoir d'étudier les effets que pourraient avoir ce procès et ses suites sur la moralité publique, en tenant une note exacte des actes immoraux

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