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hardi d'abolir les janissaires, plus indisciplinės et plus nombreux que les strelitz, de détruire les prétentions des oulémas, d'abattre le pouvoir du mufty, qui, sans vouloir élever sa chaire audessus du trône des empereurs ottomans, partage cependant par ses fetfas ou décisions la puissance législative du monarque et l'action du gouvernement; et enfin de régénérer sa nation, en la faisant participer aux découvertes des Européens dans les arts et les sciences, à leurs institutions militaires et à leurs progrès dans l'agriculture, le commerce et la civilisation. Sélim échoua, et la Turquie, restée dans la barbarie sous un gouvernement maîtrisé par des prêtres et par des soldats séditieux, a pris, depuis ces tentatives malheureuses, une marche plus active vers sa ruine.

Mais pour mieux juger ces grands événements, si dignes de fixer l'attention des historiens et des philosophes, jetons un coup-d'œil rapide sur l'état de la Russie au moment où Pierre-leGrand commença à opérer ses réformes, sur

les obstacles que ce prince eut à vaincre et sur les causes de ses succès. Le récit suivant des révolutions de Constantinople, en 1807 et 1808, fera connaître la différence de la position et du caractère de ces deux monarques, les dispositions des deux peuples, et les motifs qui, dans deux entreprises tendant au même but, ont produit des résultats si opposés,

La Russie, devenue chrétienne dans le cours du onzième siècle, sous le czar Volodimir, se vit bientôt obligée de plier sous le joug des Tartares, qui, après avoir asservi l'Asie sous Gengis-Kan, pénétrèrent en Europe. Les Russes devaient être alors ce que sont les Grecs du Levant sous la domination des Osmanlis. Libres dans l'exercice de leur religion, soumis et tremblants devant leurs maîtres tartares, ils ne conservaient leur existence politique que par une dépendance servile et en payant régulièrement les tributs imposés par le vainqueur. Mais la famille de Gengis-Kan s'affaiblit par la division de son vaste empire, et par les guerres

qui eurent lieu entre les descendants de cet infatigable conquérant.-Profitant de ces désordres, les Russes reprirent courage; ils reconquirent peu à peu leurs anciens domaines, et ne tardèrent pas à les agrandir sous leur glorieux czar Ivan-Basilides.

Les prêtres, en excitant et en entretenant l'enthousiasme du peuple contre ses oppresseurs, qui de païens étaient devenus musulmans, coopérèrent à la délivrance de leur patrie et obtinrent de la reconnaissance des souverains de grands priviléges, qu'ils cherchèrent à agrandir par la suite aux dépens de leurs bienfaiteurs.

Les strelitz, en formant un corps permanent d'infanterie régulière, battirent la cavalerie tartare, ajoutèrent les royaumes de Casan et d'Astracan aux anciennes possessions de la Russie, et devinrent le principal appui et la gloire de cet empire.

Les troubles excités par la conduite tyrannique de l'usurpatenr Boris-Godonow, par l'extinction de la famille souveraine et par les prétentions des

quatre faux Démétrius, relâchèrent les liens d'amour et de respect qui unissaient les sujets à leurs souverains.

Les prêtres, qui avaient mis en avant plusieurs de ces faux Démétrius, dont un avait été moine, profitèrent de ces troubles pour augmenter leurs richesses et leur influence, et prétendirent bientôt que l'autorité du patriarche était au moins égale à celle du czar.

Les strelitz, courtisés tour à tour pas ces usurpateurs, qu'ils servaient ou abandonnaient suivant leurs caprices et leurs intérêts, devinrent remuants, exigeants et séditieux.

L'extinction de la famille souveraine avait fait naître les prétentions de plusieurs princes étrangers. Ladislas, fils du roi de Pologne Sigismond III, était soutenu par un puissant parti qui l'appelait au trône. Les provinces voisines de la Suède avaient offert la couronne à un frère de GustaveAdolphe.

Mais les Russes, repoussant ces prétendants

qui auraient pu les soumettre par la suite à une domination étrangère, aimèrent mieux choisir parmi eux un prince qui fût digne de les commander. Le choix tomba sur Michel Romanow, fils de l'archevêque de Rostou, et allié par les femmes aux anciens czars.

C'est à cette famille que la Russie doit la fin de ses malheurs, ainsi que sa régénération, sa puissance et sa gloire.

Le nouveau czar Michel Romanow n'eut pas à souffrir des prétentions du clergé et des excès des strelitz subordonnés aux prêtres, parce que l'archevêque de Rostou, son père, devenu patriarche, le dirigea par ses conseils et employa son immense influence et ses richesses à affermir sa famille sur le trône de Russie.

Mais Alexis, fils de Michel, ne trouva pas le même appui dans le patriarche Nicon. Celui-ci, moine austère et prêtre ambitieux, ne cessait de déclarer qu'il était le chef de l'autorité spirituelle comme le czar l'était de l'autorité temporelle, et prétendait que comme la religion se trouvait in

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