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servent plusieurs usages de leur ancienne patrie et donnent encore à leurs officiers municipaux le nom de régidors, sous lequel ils sont connus en Espagne.

Les Turcs, moins fanatiques et plus éclairés que les Espagnols du 16°. siècle, accueillirent ces exilés et leur accordèrent quelques priviléges. 'Loin de les regarder comme des hommes dangereux, à cause de leurs principes et de leur croyance religieuse, ils se contentèrent de voir en eux des rayas utiles, qui venaient augmenter les revenus de la capitation. Les Juifs profitèrent des dispositions favorables des Turcs à leur égard, se livrèrent au commerce, à la banque, devinrent seraffes des grands de l'empire et courtiers des négociants européens.

Un de leurs négociants obtint le titre de bazirghian-bachi ou chef de marchands et devint l'agent commercial chargé de l'habillement de la milice des janissaires. Cet emploi est resté entre les mains des Juifs. Mais leurs dispositions frauduleuses, une avidité insatiable, des banqueroutes trop fréquentes leur firent perdre peu à peu la confiance des grands de la Porte. Ils ont été supplantés par les Arméniens dans les fonctions lucratives de seraffes.

Les Juifs de Constantinople, qui sont au nom

bre d'environ cinquante mille, répartis dans les trois quartiers populeux de Balata, Hassekeüi et d'Ortakeüi, sont régis par une forme particulière de gouvernement, laquelle contraste avec le régime des autres nations soumises à la domination des Turcs.

Un kakam-bachi ou grand rabbin et deux rabbins adjoints, choisis à vie par la nation, forment un triumvirat qui est chargé de l'autorité principale. Il participe à la formation des lois et sert en même temps de tribunal suprême.

Un conseil de sept membres nommés à vie par la nation forme la seconde branche du pouvoir législatif, a le droit de faire des remontrances au triumvirat et peut seul convoquer l'assemblée nationale.

Toutes les questions agitées et approuvées dans l'assemblée nationale doivent obtenir le consentement du triumvirat et du conseil des sept, pour devenir obligatoires et faire partie des lois de la nation.

Cette constitution assez extraordinaire se rapproche beaucoup de celle que nous avons essayée en 1795, lorsqu'égarés par l'incertitude de nos. systèmes de constitution et par la manie des innovations nous faisions des expériences politiques et des révolutions journalières. Il est probable

que le peuple juif, renommé par son indocilité, n'aurait pas conservé plus long-temps que nous cette constitution bisarre, si la verge de fer, qui pèse sur eux, n'avait pas été un frein suffisant pour les forcer à vivre tranquilles, et n'avait transformé leurs lois constitutionnelles en des mesures de police et de surveillance mutuelle entre leurs principales autorités.

La justice est administrée aux Juifs à très peu de frais. Les émoluments des employés ont été déterminés par la plus stricte économie. Il est rare que les Juifs s'adressent par un appel aux tribunaux turcs pour faire casser les sentences de leurs juges particuliers.

Les Juifs, qui par éducation et par habitude détestent la guerre et l'agriculture, n'ont aucune des qualités des peuples guerriers et agricoles, et sont regardés comme des êtres faibles et sans énergie. N'ayant d'autre profession que le commerce et d'autre passion que l'amour de l'argent, ils cherchent le gain jusque dans les métiers les plus vils et les plus dégoutants. Les principes d'une religion intolérante les disposent à détester tous les autres peuples et à les tromper. Les Turcs ont pour les Juifs le plus profond mépris, et d'ordinaire ne les désignent que par des épithètes déshonorantes. Ceux-ci, qui ont cessé

d'aimer leurs anciens bienfaiteurs depuis que ces derniers leur ont retiré leur confiance, verraient tomber l'empire ottoman sans faire aucun effort pour le soutenir, et pour hâter sa chûte.

Telles sont les quatre principales nations qui forment la population de la Turquie. L'Osmanli, ayant conservé la plupart des vertus nobles et guerrières de ses ancêtres, dort tranquille sur les bords d'un abyme qui est prêt à l'engloutir. Le Grec, qui se réveille et qui commence à sentir sa force et la faiblesse de ses oppresseurs, attend avec une espèce d'impatience le moment favorable d'exercer ses vengeances. L'Arménien pacifique voit dans son esclavage un état tranquille et heureux, et montre un attachement sincère pour un maître qui le préfère à ses autres esclaves. Le Juif n'est attaché à personne. Toutes les révolutions lui sont indifférentes ; il ne désire ni le triomphe des Chrétiens, ni la chûte des Turcs tous deux lui sont également étrangers et odieux. Si l'empire ottoman vient à s'écrouler, on verra les Juifs trafiquer au milieu des décombres et brocanter avec les dépouilles de tous les partis.

Du Sérail et de la Porte.

Après avoir décrit les lois de l'empire ottoman, sa puissance militaire, ses finances, son commerce et les différents peuples qui composent sa population, il nous reste à faire connaître les forces motrices qui mettent en jeu les nombreux ressorts de cette machine compliquée, c'est-àdire, le sérail et la Porte.

Je ne chercherai pas, en parlant du sérail, à détailler la vie intérieure du harem et à lever le voile qui couvre les mystères amoureux de cette enceinte. Je ne parlerai que des personnages puissants, dont l'influence s'étend au-delà du palais du Grand-Seigneur et qui forment par leur aggrégation ce que les Turcs appellent la faction de l'intérieur.

Le premier personnage du sérail est la Sultane valide ou Sultane mère. Si cette princesse, qui peut habiter hors du sérail et qui seule, entre toutes les musulmanes, a le droit de se montrer à visage découvert aux yeux du peuple comme une mère au milieu de ses enfants, intrigante et que le monarque régnant soit doux et facile, elle devient un des principaux ressorts de cet empire.

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