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avec les rayas de leur empire, et à rejeter avec dédain des institutions qui amélioreraient leur sort politique et les arts qui adouciraient leur existence sociale. Ces funestes préjugés en ont fait jusqu'ici un peuple isolé et barbare sur le continent européen, dont ils occupent une des plus belles parties.

Nous avons fait connaître dans les tableaux précédents les lois et les institutions qui gouvernent ce peuple, sa force naturelle, sa puissance dégénérée, et les vices de son ancienne administration. Nous ferons connaître plus bas les efforts qui ont été faits pour régénérer ce peuple, les luttes qu'ils ont fait naître, les révolutions qu'ils ont produites et les résultats qui doivent amener sa chute ou son salut.

Les Arabes qui composent la population de la Syrie, des bassins de l'Euphrate et de l'Egypte, de la péninsule arabique, quoique professant l'islamisme, sont bien loin de jouir de l'importance politique et des priviléges que possèdent les Osmanlis. Ils sont constamment tenus dans un état de dépendance absolue. Les gouverneurs, les commandants et les principaux officiers civils et militaires des provinces qu'ils habitent, sont toujours pris parmi les Osmanlis. Il est extrêmement rare et presque sans exemple qu'un Arabe mahometan soit appelé à commander ou à exercer des fonctions importantes dans les pays occupés par les hommes de sa race.

Il n'est pas étonnant que, traités par les Osmanlis avec dureté, mépris et tyrannie, les Arabes regardent ces derniers comme des étrangers et des ennemis plutôt que comme des frères.

La population arabe se divise en deux classes distinctes qui, semblables par le langage et par la croyance religieuse, ont entre elles peu d'analogie pour la manière

de vivre, les usages et le caractère. Ces deux classes sont les Arabes sédentaires et les Arabes errants ou bédouins.

Les Arabes sédentaires sont une classe laborieuse, docile et honnête. Maîtrisés par des étrangers depuis la chute du pouvoir souverain des califes, ils ne pensent guère qu'à travailler et à obéir. Ils ont été souvent employés comme instruments utiles dans les mouvements insurrectionnels et dans les guerres; mais ils n'ont jamais eu l'idée jusqu'ici de se battre pour eux-mêmes, d'expulser leurs tyrans et de proclamer leur indépendance.

L'Arabe bédouin n'a d'autre patrie que le désert et ne connaît pas d'autre habitation que sa tente. Il ne pénètre dans les pays cultivés que pour détruire et pour piller, en tuant ceux qui lui résistent. Il ne voit que des ennemis dans les hommes qui ne sont pas de sa tribu ou qui n'appartiennent pas aux tribus alliées à la sienne. Hospitalier et plein de soins et d'égards pour les person, nes qui se sont mises volontairement sous sa protection, l'Arabe bédouin redevient barbare et voleur, même envers ces dernières, lorsque le pacte qui les liait à elles a cessé d'exister. Il est depuis un temps immémorial l'ennemi du genre humain. Le désert et sa misère lui servent de sauvegarde.

Sont exclus également des priviléges dont jouissent les Osmanlis les peuples musulmans ci-après désignés :

1o Les Turcomans venus de la Haute-Asie et des bords de l'Oxus. Ils paraissent avoir la même origine que les Osmanlis. Ils habitent le haut plateau et les plaines élevées de l'Asie-Mineure, et changent de séjour suivant les saisons pour faire paître leurs troupeaux. Ils s'adonnent cependant, pendant le printemps, à la culture des céréales et de quelques plantes légumineuses, qu'ils rẻ,

coltent vers le milieu de l'été. De toutes les peuplades errantes de la Turquie, les Turcomans se distinguent par la pureté de leurs mœurs, par la douceur de leur caractère et par leur probité. On ne voit presque jamais parmi eux des brigands qui infestent les routes et attaquent les caravanes et les voyageurs.

Gouvernés par leurs scheiks, ils paient un tribut à la Porte et mènent une vie libre et indépendante.

2o Les Curdes ou Kourdes, qui habitent la chaîne Médique entre la Turquie et la Perse, et les plaines environnantes, forment un peuple cultivateur et berger. Ils ressemblent, sous ce rapport, aux Turcomans de l'AsieMineure, mais ils n'ont pas les dispositions tranquilles et honnêtes de ces derniers. Les routes du Kourdistan sont infestées de brigands qui étendent leurs déprédations jusqu'à une distance considérable à l'est et à l'ouest de leurs montagnes. Semblables aux anciens Parthes, ils attaquent avec impétuosité, se retirent avec ordre et combattent en fuyant.

Gouvernés par leurs princes, sous la surveillance des pachas nommés par la Porte, les Curdes sont rarement tranquilles et soumis. Le gouvernement turc les traite avec assez de ménagement et de douceur, parce que, placés sur les frontières de la Perse et de la Turquie, les Curdes font pencher la balance en se déclarant en faveur de l'une ou de l'autre de ces deux puissances.

3o Les Yuruks. Ces musulmans présentent des réunions peu nombreuses, qui tantôt errent dans les provinces avec leurs troupeaux, et tantôt se fixent, durant un temps indéterminé, dans quelques localités favorables. On en voit dans la Macédoine, dans la Thrace, dans la Bulgarie, et dans les montagnes de l'Asie-Mineure.

4o Les Yézidis. Ils habitent dans les environs d'Alep

et d'Alexandrette, dans le bassin de l'Euphrate, et dans quelques vallées du Liban. Ces peuples sont agriculteurs et bergers. Leur avidité et leurs dispositions immorales et vicieuses les portent à prostituer leurs femmes et leurs filles aux voyageurs, qu'ils attaquent et assassinent lorsqu'ils croient pouvoir le faire avec impunitė.

On regarde les Yezidis dans l'Orient comme ayant fourni autrefois au Vieux de la Montagne ces compagnies d'assassins fanatiques dont on parle tant dans l'histoire des croisades.

5o Montagnards de la Syrie. Les habitants des montagnes du Liban (Druses, Mutualis et Naplousins) sont des peuplades musulmanes presque toujours libres qui ont dû leur indépendance aux lieux difficiles qu'ils habitent et à leur courage. Ils ne paient pas un tribut fixe à la Porte, et font des traités avec les pachas de la Syrie; mais ils ne dépendent pas d'eux, et n'exécutent leurs ordres que lorsqu'ils y trouvent quelques avantages pour eux-mêmes.

Aucun de ces musulmans n'est appelé à partager les avantages politiques qui appartiennent aux Osmanlis.

On voit par ces détails combien sont différentes et hétérogènes les diverses parties qui composent la population musulmane de la Turquie.

DES GRECS.

Les Grecs, vaincus par Rome, conservèrent le nom et une partie de la gloire du peuple romain pendant plus de dix siècles après la chute de cette orgueilleuse capitale. Ce ne fut qu'en 1453 que la nouvelle Rome, après avoir résisté à tant de sièges, tomba enfin sous la domination des Barbares. Elle aurait probablement évité

ce sort si, dans les derniers temps qui ont précédé sa chute, elle n'avait pas été courbée sous le joug d'un clergé arrogant et ambitieux, et si les patriarches n'étaient devenus plus puissants que les empereurs, et les moines plus nombreux que les soldats.

Mahomet II, qui joignait à ses talents guerriers une sagacité extraordinaire, ne tarda pas à apprécier les Grecs, et à découvrir la véritable cause de leur faiblesse et de leur chute. Il résolut de les contenir en les remettant sous la domination du patriarche et du clergé. Tel fut le motif politique qui dicta ce fameux katty-chérif que les Grecs regardent comme leur charte constitutionnelle.

Ce prince judicieux établit, par ce katty-chérif, le patriarche de Constantinople chef de la nation grecque, président du synode, et juge suprême de toutes les affaires civiles et religieuses. Il l'exempta du kharadge, aussi bien que tous les membres du synode (1), lequel, composé de douze métropolitains, fut destiné à former le grand-conseil de la nation.

Tous les cadis et gouverneurs militaires turcs reçurent l'ordre de faire exécuter les sentences judiciaires du patriarche à l'égard des chrétiens du rit grec, celles des évêques à l'égard de leurs diocésains, et d'assister le clergé dans le recouvrement de ses droits et de ses revenus. Le patriarche de Constantinople et tous les autres métropolitains furent autorisés à exiger

(1) Les douze métropolitains qui composent le synode', et qui résident constamment à Constantinople, sont ceux de Césarée, d'Éphèse, d'Héraclée, de Cizique, de Nicomédie, de Nicée, de Calcédoine, de Salonique, de Darcon, de Ternova, d'Andrinople, d'Amasie, et le patriarche de Jérusalem.

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