Слике страница
PDF
ePub

avaient formés, et qu'ils ont ensuite exécutés, en manquant avec autant de violence que d'injustice et de mauvaise foi, à toutes les lois et à toutes les bienséances.

Ils commencèrent la guerre sans la déclarer; et le Roi, forcé de venger sa gloire personnelle, espéra que cette guerre ne s'étendrait point jusqu'au continent de l'Europe. Bien loin de vouloir associer aucune autre puissance à sa querelle particulière, S. M. invita même la plupart des Souverains à se renfermer dans les bornes d'une exacte neutralité; mais la Cour de Londres, animée par des principes absolument contraires, ne négligea rien pour rendre la guerre générale, afin que la France, obligée d'employer une partie de ses forces de terre, fût moins en état de résister aux entreprises que l'Angleterre ferait sur mer.

Le roi de Prusse, excité par des vues personnelles d'ambition, se livra sans ménagement à la passion des Anglais; et après avoir envahi la Saxe par les procédés les plus odieux et les plus violens, il attaqua injustement les états de l'Impératrice-Reine de Hongrie et de Bohème.

Le Roi, engagé par un traité défensif à secourir cette Princesse, et par sa qualité de garant des traités de Westphalie à maintenir les droits des Princes de l'Empire et les constitutions et libertés Germaniques, ne pouvait pas sans manquer à ces

1

deux devoirs essentiels, abandonner l'ImpératriceReine et le Roi de Pologne, Électeur de Saxe. S. M. a même, pour remplir ces deux objets, sacrifié son intérêt le plus immédiat aux sentimens d'honneur et de fidélité qui prévaudront toujours dans son cœur sur toute autre considération.

er

Le traité définitif conclu entre le Roi et l'Impératrice - Reine avait été signé le 1o mai 1756, et LL. MM. avaient jugé à propos d'inviter l'Imratrice de Russie à y accéder.

er

L'acte de cette accession fut signé le 11 janvier 1767. Le Roi avait exigé absolument comme une condition sine quá non, que les Turcs fussent nommément exceptés du cas de l'alliance défensive de sa part; et cette exception, dont l'omission avait été faite dans le traité du 1a mai 1756, et qui a indisposé la Porte Ottomane contre la France, fut explicitement énoncée dans l'acte d'accession de la Russie. Mais le sieur Douglas, sans ordre, et formellement contre ses instructions, prit mal à propos sur lui, de signer en même temps, par le conseil du Comte d'Esterhazi, une déclaration qui devait être, disait-on, très-secrète, et qui détruirait entièrement l'exception stipulée en faveur des Turcs. Le Roi refusa de ratifier cette déclaration, et elle doit être regardée comme nulle.

Cependant la Russie, en exécution du traité

conclu en 1756 entre elle et les cours de Vienne et de Saxe, avait envoyé une armée auxiliaire sous les ordres du Maréchal Apraxin, pour attaquer le royaume de Prusse.

Tel était l'état des choses lorsque le Marquis de L'Hôpital partit au commencement de 1767, pour se rendre à Pétersbourg, où il n'arriva que dans les premiers jours de juillet.

Le mémoire remis à cet Ambassadeur pour lui servir d'instruction, lui recommandait principalement :

1° De travailler à fortifier l'intelligence rétablie entre les deux cours, et à se concilier la confiance de l'Impératrice et du ministère de Russie;

2o De se tendre aussi agréable qu'il serait possible au Grand-Duc et à la Grande - Duchesse de Russie, et de leur inspirer des sentimens conformes à l'union constante des deux Empires;

3° De s'occuper à détruire, ou du moins à affaiblir l'influence des Anglais à la cour de Pétersbourg, par rapport à la politique et au commerce, et de faire sentir qu'à ces deux égards l'alliance de la Russie avec la France est susceptible de moins d'inconvéniens, et est plus avantageuse;

4° D'étudier avec l'attention la plus suivie qu'elles étaient les véritables dispositions du mi

nistère russe relativement à la Turquie, à la Suéde et à la Pologne;

5o Dans tout ce qu'il aurait à négocier, de se conduire conformément aux désirs de l'Impératrice de Russie, dont les ministres avaient fait entendre en plusieurs occasions qu'elle serait blessée si l'on admettait un tiers dans ce qui ne devait être traité que directement et exclusivement entre deux puissances si respectables;

6o D'apporter tous ses soins à vérifier le degré d'intimité et de confiance qui subsiste entre les deux Impératrices, et jusqu'à quel point elles portaient le concert établi entre elles, soit pour la confirmation de la guerre présente, soit pour les conditions de la paix future;

7° D'employer toute sa dextérité à pénétrer les dispositions intérieures les plus générales sur le successeur désigné au trône de Russie et quels sont ses partisans, ou ceux du jeune prince

Yvan.

Les mêmes objets doivent fixer l'application du Baron de Breteuil, et être les sujets de ses observations les plus approfondies.

Les dix-huit premiers mois de séjour du Marquis de L'Hôpital en Russie n'ont été marqués par aucun évènement considérable, si l'on excepte la disgrace éclatante du Comte de Bestucheff, grand Chancelier de Russie, qui depuis plusieurs

années abusait de la confiance entière dont l'Impératrice sa maîtresse l'honorait.

Il y a même beaucoup d'apparence que c'est à la mauvaise intention et aux manèges artificieux de ce ministre qu'on doit les campagnes aussi honorables que peu utiles que l'armée russe a faites en 1757 et en 1758.

peu

On n'a commencé qu'en 1759 à démêler le système politique de la Cour de Pétersbourg; mais ce système a varié suivant les circonstances, et c'est ce qu'il importe de faire connaître au Baron de Breteuil.

On avait eu en France des avis qui y étaient venus successivement de plusieurs endroits, et par lesquels on avait appris que les Anglais cherchaient à inspirer à la Russie des pensées de paix, où à l'engager du moins à déterminer la cour de Vienne à se réconcilier avec le Roi de Prusse. On ajoutait, avec beaucoup de vraisemblance, que ce Prince avait demandé la médiation de l'Impératrice de Russie.

Le ministère de Pétersbourg avait même déclaré bien précisément en plusieurs occasions au Marquis de L'Hôpital, que cette Princesse désirait la paix, et qu'il fallait y travailler.

Cette déclaration ainsi réitérée, et combinée avec ce que le Roi savait d'ailleurs, parut mériter une attention d'autant plus sérieuse que la

« ПретходнаНастави »