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cune puissance étrangère puisse le trouver mauvais. Par rapport aux pays qui appartiennent à des puissances absolument neutres, la crainte que nous ne cherchions à y exciter et fomenter des mouvemens séditieux a pu seule égarer les esprits dans l'interprétation du décret. Y a-t-il effectivement la moindre vraisemblance que la Convention nationale eût pris solennellement, à la face de l'Europe, l'engagement illimité de protéger toutes les émeutes, tous les mouvemens séditieux qui peuvent s'élever dans quelque coin d'un état; de s'associer sans raison à leurs auteurs, et de faire ainsi de la cause de quelques particuliers la cause de toute la nation française? Non assurément, et ceux qui peuvent l'avoir ainsi pensé n'ont pas rendu la justice qu'ils devaient à la noblesse et à la générosité des sentimens de la Convention nationale. Mais lorsqu'un peuple asservi par un despoté aura eu le courage de briser ses fers; lorsque ce peuple, rendu à la liberté, se sera constitué de manière à faire entendre clairement l'expression de la volonté générale, appellera sur la nation l'assistance et la fraternité de la nation française, alors le décret du 19 novembre trouve une application si naturelle, que nous doutons qu'elle puisse paraître étrange à personne. Alors nous donnons à la nation nouvellement libre un appui que nous-mêmes aurions désiré, et que

peut-être nous aurions dû espérer de trouver chez une autre nation libre.

2o Les intentions de la république par rapport à la Hollande..

La déclaration que nous avons à faire sur ce point est déja indiquée par les principes exposés dans le paragraphe précédent. Nous n'avons jamais voulu, nous ne voulons point attaquer la Hollande.

Nous applaudirons aux efforts qu'elle pourra faire pour recouvrer sa liberté, dont le ministère britannique sait parfaitement qu'elle est privée depuis long-temps; nous les seconderons de nos vœux, mais c'est à cela que nous nous bornerons, à moins que la Hollande ne nous donne de justes sujets de plainte, et ne nous refuse la satisfaction que nous serions en droit de lui demander.

Mais en donnant à l'Angleterre l'assurance de ne pas nous immiscer dans les affaires intérieures de la Hollande, nous croyons avoir acquis le droit de demander à l'Angleterre de s'abstenir, dans ces mêmes affaires intérieures, de toute intervention directe ou indirecte. Nous n'ignorons pas la clause du traité de 1787, par laquelle l'Angleterre s'est rendue garante de la constitution que la violence venait d'établir dans ces malheureuses provinces; mais le ministère britannique est beaucoup trop juste, beaucoup trop éclairé

pour ne pas sentir qu'une pareille clause est une violation manifeste du droit des nations; qu'on ne peut, sans attenter à l'indépendance d'un peuple, le forcer de rester sous le lien d'un régime qu'il juge contraire à ses intérêts, et qu'il est toujours le maître de changer, fût-ce même pour en choisir un autre encore plus mauvais.

Qu'a pensé l'Angleterre lorsqu'elle a vu trois puissances se réunir pour donner et garantir à la Pologne une constitution qui consommait sa ruine? A-t-elle pu voir dans cette monstrueuse garantie autre chose qu'un ouvrage de la force, qui ne devait durer qu'autant de temps que les Polonais seraient les plus faibles? Et n'a-t-elle pas applaudi elle-même aux derniers efforts de cette malheureuse nation pour arriver au terme de ses longues humiliations? L'Angleterre est trop équitable sans doute pour avoir deux poids et deux mesures, et trop noble, trop généreuse pour se mettre, par rapport à la Hollande, sur la même ligne que la trop célèbre coalition par rap

port à la Pologne. Ainsi nous attendons que son ministère ne fera pas difficulté de nous donner sur la Hollande les mêmes assurances que nous vous autorisons à lui donner aujourd'hui.

IV.

Lettre du Duc de Bassano, Ministre des Affaires extérieures, au Comte de Lauriston, Ambassadeur de France à Pétersbourg.

MONSIEUR LE COMTE,

Dresde, le 26 mai 1812.

J'ai l'honneur de vous envoyer les copies de deux notes du Prince Kourakin, en date des 30 avril et 7 mai, d'une note que j'ai adressée à cet ambassadeur le 9 du même mois, et de la réponse qu'il m'a faite le même jour; et enfin d'une note du 11 mai, qui m'est parvenue hier, et par laquelle le Prince Kourakin renouvelle sa demande la plus pressante pour obtenir ses pásseports.

S. M. ne peut pas croire, M. le Comte, que cet ambassadeur n'ait pas pris beaucoup sur lui. Elle juge convenable que vous demandiez, par une note adressée à M. le Comte de Soltikoff, des passe-ports pour vous rendre auprès de M. le Comte de Romanzoff, à Wilna, ou dans tout autre lieu de rendez-vous qui vous serait assigné. Vous annoncerez à M. le Comte de Soltikoff que les communications dont vous êtes chargé, et que vous ne pouvez faire qu'au chancelier ou à l'Empereur lui-même, sont aussi importantes que

pressantes. Vous montrerez à M. le Comte de Romanzoff toutes les pièces que je vous envoie. Vous exprimerez l'étonnement que S. M. a dû éprouver lorsque je lui ai rendu compte de démarches si inattendues et si contraires aux dispositions que l'Empereur Alexandre vous avait manifestées à vous-même, lorsqu'elle a vu que dans les notes de l'ambassadeur de Russie on présentait l'évacuation de la Prusse comme une condition sur laquelle la France n'avait pas même à délibérer; condition telle que S. M. n'en avait jamais proposé de semblables après les plus grandes victoires; lorsque enfin en réclamant l'indépendance de la Prusse on viole son indépeudance, puisqu'on exige la destruction des engagemens politiques qu'elle a contractés en usant du droit qui appartient à tous les Souverains. Vous ferez sentir, M. le Comte, combien les notes du Prince Kourakin sont opposées par leur forme et par leur contenu aux dispositions pacifiques dont cet ambassadeur donnait l'assurance; par quel esprit de conciliation S. M. est portée à penser qu'en les présentant et qu'en y joignant la demande réitérée de ses passe-ports, il est allé au delà de ce qui lui était prescrit, et avec quel regret, si elles étaient véritablement l'expression des intentions et le résultat des ordres de la Cour de Pétersbourg. S. M. verrait s'évanouir tout es

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