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qui ne pourraient peut-être avoir leur exécution qu'après plusieurs campagnes heureuses.

Dans cet état des choses, le Roi, après avoir mûrement réfléchi sur les objets essentiels, a pris le seul parti qui convenait à sa dignité, et qui concilie ses principes personnels avec ses alliances, et avec les ménagemens que S. M. veut avoir pour l'Empire de Russie.

Le Roi a fait remettre au Ministre russe une réponse formelle et ministérielle au mémoire et à la note de la Cour de Pétersbourg; et c'est d'après ces pièces que le Baron de Breteuil dirigera, avec la plus grande précaution, son langage et sa conduite.

Il y verra, 1o que S. M. persiste invariablement dans la distinction qu'elle doit et veut mettre entre sa guerre contre les Anglais et la guerre d'Allemagne; et que, par une suite nécessaire, les négociations de la France pour sa future réconciliation avec l'Angleterre, seront absolument indépendantes et séparées de celles qui auront pour objet la pacification de l'Allemagne.

2o Que par rapport aux négociations relatives à l'Allemagne, le Roi sera constamment disposé à se concerter avec ses alliés, et à concourir à tous les moyens qui seront jugés convenables pour pacifier cette partie de l'Europe à des conditions honorables et solides.

3° Que pour le dédommagement demandé par la Russie, c'est avec la Cour de Vienne que celle de Pétersbourg doit négocier. L'Impératrice-Reine est seule partie principale et directe dans la guerre qu'elle soutient contre le Roi de Prusse; le Roi et l'Impératrice de Russie n'y jouent que le rôle d'auxiliaires. Nous avons contracté avec la Cour de Vienne seule nos engagemens défensifs, et nous avons ensuite invité conjointement la Russie à y accéder. Il faut que cette dernière couronne suive la même méthode, c'est-à-dire qu'elle stipule sur ses avantages personnels avec la Cour de Vienne, et que les deux Impératrices invitent le Roi à accéder au traité qu'elles auront conclu; mais ces Princesses sont trop équitables pour exiger de S. M. des engagemens dont le poids rendrait intolérable la double guerre qu'elle a à soutenir.

Le Roi ne refusera de se charger de nouvelles obligations à remplir, que parce qu'elles le mettraient dans l'impossibilité d'exécuter les anciennes, et parce que ses forces et ses finances ne suffiraient pas pour fournir à des entreprises plus étendues et à des dépenses plus considérables. C'est d'après ces observations que le Baron de Breteuil s'expliquera sur les sentimens du Roi; et si la répouse que le Marquis de l'Hôpital a dû remettre à la Cour de Pétersbourg, y est accueillie avec la même bonne intention qui l'a dictée, l'Im

pératrice de Russie n'en sera pas moins disposée à accéder aux traités du 4 de mai et du 30 de décembre 1758....

11 est heureux pour la Russie, ajoutent les instructions, d'avoir eu des Souverains qui ont travaillé avec succès à faire disparaître successivement les restes de barbarie qui subsistaient encore vers la fin du dernier siècle; mais la saine politique ne doit pas permettre qu'on laisse la Cour de Pétersbourg profiter des avantages de son état actuel pour augmenter sa puissance et étendre les bornes de son Empire. Un pays presque aussi étendu que les états réunis des plus grands Princes de l'Europe, et qui n'ayant besoin que d'un petit nombre d'hommes pour sa sûreté particulière, peut avoir au dehors de ses frontières des armées formidables; un pays dont le commerce s'étend jusqu'à la Chine, et qui est à portée de s'enrichir en se procurant de l'Asie, facilement et en peu de temps, les denrées que les autres nations ne peuvent en tirer que par de longues et dangereuses navigations; un pays dont les troupes sont aujourd'hui aguerries, et dont le gouvernement est absolu et presque despotique, doit avec raison paraître redoutable à ses voisins actuels, et successivement aux peuples qui le deviendront au moyen de ses nouvelles conquêtes.

On peut assurer sans exagération, que la puissance des Russes est presque augmentée de moitié depuis la mort de Pierre et l'on peut juger par le rôle qu'elle joue aujourd'hui, de celui qu'elle jouerait sur la scène du monde, si de nouvelles acquisitions la portaient à un plus haut degré de grandeur et de pouvoir. Les cours éclairées ont senti, lorsque les armées moscovites parurent pour la première fois en Allemagne, combien il était dangereux de les y avoir introduites, et combien il était intéressant pour tous les Souverains, de veiller avec attention sur les vues et sur les démarches d'une nation dont la puissance commençait déjà à devenir redoutable; mais la Cour de Vienne ne consulta que le besoin du moment présent, lorsqu'elle appela les Russes à son secours dans les deux dernières guerres occasionées, l'une par la mort du Roi de Pologne, Auguste u, et l'autre par la mort de l'Empereur Charles vi. L'Impératrice-Reine de Hongrie et de Bohème s'est conduite dans la présente guerre par le même motif; et qui sait, si elle, ou du moins ses successeurs, n'auront pas à se repentir quelque jour d'avoir eu recours à de pareils auxiliaires?

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L'Impératrice qui occupe aujourd'hui le trône de Russie n'a pas vraisemblablement des intentions qui puissent et doivent être suspectées d'une

ambition démesurée; mais elle ne régnera pas toujours, et sa modération personnelle ne fait pas cesser un danger plus réel et plus durable que la

vie de cette Princesse.

Les violences que la Russie exerça en Pologne, en 1733 et 1734, son entreprise contre la ville de Dantzick, qu'elle assiégea contre toutes les lois de la justice et de la bienséance, et qu'elle punit ensuite sévèrement d'avoir voulu défendre sa liberté et ses droits; un ambassadeur de France et trois bataillons français retenus dans une humiliante et dure captivité contre la teneur d'une capitulation formelle, mais artificieusement interprétée; un autre ambassadeur du Roi, traité avec l'indécence la plus injurieuse; la hauteur avec laquelle la Russie a exigé le titre impérial des Souverains qui n'avaient pas encore eu la complaisance de le lui accorder, le peu de fidélité qu'elle a fait paraître dans l'exécution de son dernier traité avec les Turcs, qui se plaignent de ce qu'elle a établi un fort et une colonie sur un terrain qui leur appartient, et de ce qu'elle retient beaucoup de sujets de l'Empire Ottoman à qui la liberté devait être rendue immédiatement après la paix de Belgrade; l'autorité qu'elle a prétendu exercer sur le gouvernement intérieur de la Suède; la façon dont elle se conduit avec les Polonais depuis trois ans; les vues qu'elle a déjà annoncées

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