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but, mais qu'elles ont augmenté la somme des souffrances humaines et la destruction des individus dans le transport des esclaves de la côte d'Afrique aux colonies, dans une proportion fort supérieure à l'augmentation du nombre des victimes. La crainte et la nécessité de cacher leur cargaison ont suggéré aux entrepreneurs des expédiens d'autant plus cruels, que ces hommes sans conscience et sans remords ne se sont jamais rappelé que cette cargaison était composée d'êtres sensibles.

Le nombre des malheureux accumulés dans ces expéditions est loin d'être proportionné à la capacité du vaisseau; et la mortalité surpasse par conséquent tout ce que l'on a vu à cet égard depuis que l'attention des hommes a commencé à se diriger sur ce trafic.

On peut avancer sans hésitation qu'il eût été plus satisfaisant pour l'humanité qu'un nombre bien moins grand d'êtres humains eût été livré à la mort par de cruelles souffrances, si le commerce des nègres n'avait point été aboli par les lois d'aucun pays. Dans ce cas, des Souverains et des législateurs chrétiens auraient regardé comme un devoir d'exiger de ceux de leurs sujets qui se vouaient à un trafic de créatures humaines, d'avoir soin au moins de celles qu'ils conduisaient à une captivité perpétuelle; d'avoir soin que l'es

pace dans lequel ils les renfermaient, soit dans leurs établissemens sur la côte d'Afrique avant de les embarquer, soit dans leurs bâtimens de transport, fût assez grand pour leur laisser la faculté de respirer, et quelque chance de vivre; que l'eau et la nourriture qu'ils leur fournissaient fussent, sinon de qualité à conserver leur santé, au moins en quantité suffisante pour les faire exister; que des mesures fussent adoptées pour leur sauver la vie et les rendre à la santé lorsqu'ils partagent le sort commun des hommes d'être attaqués par des maladies; enfin que l'affreuse nécessité de détruire des hommes ne fût pas devenue la suite de celle de cacher un trafic proscrit par les lois.

Ce trafic de contrebande s'effectue fréquemment, bien trop fréquemment, dans des navires armés en France, commandés et équipés par des Français. C'est un fait connu que, quoique le profit d'un pareil voyage, qui peut se répéter deux ou même trois fois dans une année, monte à 300 pour 100, les risques en sont si faibles, les chances qui exposent le propriétaire à la punition déterminée par les lois de France si rares, et les peines elles-mêmes infligées après la preuve du délit, si peu en proportion avec ce délit, que le prix d'assurance pour chaque course ne s'élève pas au delà de 15 pour 100.

S. M. T.-C. ayant, par sa déclaration de l'année 1815, librement aboli la traite des nègres, s'étant ensuite engagée par son traité avec les quatre Cours, alors alliées, à faire cesser ce trafic, ayant depuis invité le Corps législatif à porter des lois pour mettre en exécution sa déclaration royale et les stipulations de son traité, ayant en outre fait croiser une escadre sur les côtes d'Afrique pour empêcher l'abus que l'on pouvait se permettre de son pavillon en faveur du commerce de contrebande en esclaves, il est impossible de supposer que S. M. T.-C. ne désire pas sincèrement de concourir à l'abolition de ce commerce; mais le public de France n'attache pas un vif intérêt à cette question, et les calamités réelles qu'inflige à un continent tout entier la poursuite de la traite des nègres, principalement par l'emploi frauduleux du pavillon français, ainsi que les cruautés qui se commettent à l'abri de cette fraude, sont généralement inconnues dans ce pays. On s'imagine, et certainement bien à tort, que l'Angleterre a eu, dans l'abolition de la traite des nègres, des vues intéressées et absolument différentes de celles de l'humanité; et le respectable Ministre de France, aujourd'hui défunt, nous informa à Aixla-Chapelle, que l'on nourrissait en France l'opinion erronée que l'abolition de la traite avait été imposée à ce royaume comme condition de la paix.

Ce sont là les circonstances fâcheuses auxquelles on doit attribuer le manque de succès de toutes les mesures qui ont été jusque ici adoptées en France, et la répugnance du gouvernement français à proposer à la législature de nouvelles et plus fortes mesures, malgré ses dispositions favorables pour faire cesser ce mal, et malgré son vœu de fermer une source perpétuelle de discussion avec le gouvernement de S. M. Britannique.

L'Angleterre doit nécessairement sentir qu'en dépit de la déclaration du congrès de Vienne en 1815, elle soutient seule cette question en Europe; que c'est sur elle que pèse le fardeau de l'exécution de tous les traités conclus avec les puissances maritimes pour l'extinction du commerce d'esclaves, et que c'est également sur elle que tombe l'odieux des sollicitations adressées aux puissances pour les engager à l'exécution des traités qu'elles ont contractés et des lois qu'elles ont portées contre l'exercice de ce commerce par leurs sujets. Ces sollicitations importunes sont encore faussement attribuées à des motifs d'intérêts mercantiles, et à un prétendu désir de pousser les colonies des autres puissances vers le même état de détresse dans lequel on croit placer celles de la Grande-Bretagne.

Dans ces circonstances, je dois énoncer le vœu

que MM. les Ministres auxquels j'adresse ce mémoire prennent en considération s'il ne serait pas à propos d'adopter quelque mesure propre à manifester au monde que les sentimens de leurs Souverains n'ont pas changé, qu'ils regardent encore la traite des nègres comme un fléau qui a trop long-temps désolé l'Afrique, dégradé l'Europe et affligé l'humanité, et qu'ils persévèrent dans leurs efforts pour faire entièrement cesser ce fléau.

Il est évident que le trafic d'esclaves qui a maintenant lieu au nord de la ligne se fait uniquement par contrebande, et en grande partie sous le pavillon français et par l'emploi frauduleux de ce pavillon, nonobstant les mesures adoptées par S. M. T.-C. pour l'exécution de son traité avec ses alliés et des lois de son royaume.

Il n'y a pas d'article ou stipulation dans les traités conclus avec S. M. le Roi de France, ayant rapport aux intérêts politiques ou pécuniaires d'une puissance européenne, ou même à ceux d'un individu, qui n'ait été strictement accompli. Sera-t-il donc dit que les Puissances de l'Europe ne sont indifférentes que sur l'entière exécution des stipulations qui embrassent les intérêts de l'hu manité? et que, plutôt que de presser S. M. T.-C. d'adopter les mesures nécessaires pour supprimer efficacement le commerce d'esclaves, elles ver

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