Слике страница
PDF
ePub

méritent cette aggravation de ses malheurs ni de la part de l'Angleterre ni de ses alliés; la détresse, qui est la suite du défaut des provisions, n'est pas une circonstance extraordinaire attachée à ce moment ou occasionée par les mêmes motifs qui établissent d'ailleurs la différence si souvent citée de cette guerre à d'autres; mais la France est presque toujours dans le cas d'en tirer de l'étranger; l'Afrique, l'Italie, l'Amérique, lui en fournissent plus que la Baltique.

Dans l'année 1709, la famine était bien plus menaçante en France, et cependant l'Angleterre ne fit pas usage du même argument. Bien au contraire, quand peu de temps après Frédéric iv, Roi de Danemarck, faisant la guerre à la Suède, qui est toujours dans le même cas que la France, crut pouvoir adopter le principe que les importations pourraient être légalement empêchées quand on espérait de réduire ses ennemis par ce moyen en appliquant à un pays entier la thèse reçue pour les places bloquées, toutes les puissances réclamèrent contre, et nommément la Grande-Bretagne. Elles la déclarèrent unanimement pour nouvelle et insoutenable, et le Roi convaincu s'en désista entièrement. Une guerre peut certainement différer de l'autre par ses motifs, par son but, par sa nécessité, par sa justice ou son injustice, cela peut être de la plus grande

importance pour les parties belligérantes, cela peut et doit influer sur la paix, sur les dédommagemens, sur toutes les considérations accessoirés, mais cela ne regarde absolument pas les puissances neutres. Elles s'intéresseront sans doute pour celles qui ont la justice de leur côté, mais elles n'ont pas le droit d'écouter ce sentiment : la neutralité n'existe plus dès qu'elle n'est pas parfaite.

Les vaisseaux portant pavillon anglais, ainsi que ceux des alliés de l'Angleterre, trouvent dans tous les ports du Roi toute sûreté, assistance et protection possible; mais ils ne sont plus sur cette ligne quand ils ont été pris par leurs ennemis. Les armateurs français ne peuvent pas être considérés par des puissances neutres comme des pirates ou comme des forbaus, quand l'Angleterre ne les regarde et ne les traite pas elle-même comme tels elle considère les prisonniers comme des prisonniers de guerre, on les échange, on a même négocié pour cet effet : les lois de la guerre ordinaires sont observées et respectées dans tous les détails, et c'est cette règle seule que nous avons à suivre.

Le pavillon tricolore a été reconnu en Danemarck dans le même temps qu'il fut reconnu presque partout. Tout changement à cet égard serait impossible sans nous attirer la guerre et

sans la mériter. L'admission des armateurs et des prises en Norwège est la suite de cette neutralité qui ne connaît pas de distinction; elle a eu lieu de tout temps dans toutes les guerres maritimes qui ont affligé l'Europe. Tour à tour toutes les nations en ont profité et l'ont désirée. La nature du local s'oppose à une défense générale; elle nous compromettrait puisqu'il serait impossible de la faire observer dans un pays éloigné, qui a des côtes d'une longueur immense et des ports et des rades sans nombre, dans des contrées peu habitées; elle serait donc illusoire et même nuisible, puisque les Français, conformément à leurs décrets, détruiraient alors les vaisseaux qu'ils ne pourraient plus espérer de mettre en sûreté. L'objet est d'ailleurs peu considérable et les moyens d'y remédier nombreux et peu difficiles,

VI.

A.-P. DE BERNSTORFF,

Mémoire de congé du Comte d'Avaux, Ambassadeur de France aux États-Généraux.

Le soussigné, Ambassadeur extraordinaire du Roi T.-C. auprès de VV. SS., ayant reçu de nouveaux ordres du Roi, son maître, pour se rendre auprès de sa personne sacrée, se trouve obligé

de prendre congé de VV. SS., et de les remercier très-humblement des bontés que vous lui avez témoignées pendant son séjour à La Haye. Il prie très-humblement VV. SS. d'être persuadées qu'il en conservera chèrement le souvenir, et qu'il ne négligera aucune occasion de faire connaître à VV. SS. le zèle ardent qu'il a pour votre République et pour vos Personnes en particulier.

A La Haye, le 11 août 1701.

VII.

Le Comte D'AVAUX.

Mémoire adressé aux États-Généraux par le

Ministre Francais Durand.

HAUTS ET PUISSANS SEIGNEurs,

L'arrivée de M. le Marquis de Bonac, revêtu d'un caractère qui marque l'estime du Roi pour la République, a mis fin à la commission dont j'ai été honoré auprès de VV. HH. PP. Je me félicite de n'avoir eu dans tout le temps que j'ai été chargé des affaires de S. M., qu'à vous renouveler les assurances de son affection sincère, et de n'avoir pas vu naître dans cet intervalle le moindre sujet de plainte entre les deux nations. Puisse cette bonne intelligence n'être jamais altérée. Si je ne suis point assez heureux dans la suite pour con

tribuer à un aussi grand bien, je ne cesserai du moins de faire des voeux pour cette union. Je prendrai jusqu'au dernier moment un vif intérêt à la prospérité du pays où j'ai joui de trop d'agrément pour ne pas conserver un précieux souvenir du séjour que j'y ai fait, et je ne perdrai aucune occasion de marquer la reconnaissance la plus respectueuse des bontés dont j'ai été comblé. DURAND, Ministre.

Fait à La Haye, etc.

CHAPITRE V.

Des Lettres.

La majeure partie des objets de négociations est susceptible d'être traitée également en forme de lettres qu'en celle de notes et de mémoires, et si l'usage de ces derniers semble prévaloir dans la diplomatie récente, on doit en chercher la raison dans la facilité avec laquelle on y évite le cérémonial rigide qui gêne parfois la rédaction des lettres. Il arrive cependant assez souvent encore, et particulièrement lorsqu'il s'agit de communications confidentielles, que l'on se sert des formes épistolaires pour s'entr'expliquer.

Ce sera ici le cas de se rappeler les règles et

« ПретходнаНастави »