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peuvent prêter à des interprétations abusives, j'ai pensé qu'il convenait de m'en entendre amicalement avec vous.

En parlant de mon admission et de la reconnaissance publique de mon caractère, vous dites que cette démarche est isolée et ne signifie rien que ce qu'elle est en elle-même, etc. Ne craignez-vous pas que les malveillans ne s'obstinent à voir dans cette manière de s'exprimer une sorte de restriction, de réserve implicite; qu'ils n'aillent jusqu'à supposer qu'elle fait allusion à je ne sais quelle autre déclaration ou démarche antérieure qui aurait pu être faite vis-à-vis des mêmes Cours auxquelles vos Ministres ont dû tenir ce langage autorisé; que même, vous attribuant la publication, ils ne donnent bientôt une sorte de crédit à leurs fâcheuses inductions? Sans doute vous verriez avec peine que le public les accueillît; car, quelque forcées qu'elles paraissent, elles blessent l'idée que la Cour de Danemarck veut toujours donner de la franchise de ses procédés. Qu'après avoir tant retardé une démarche devenue nécessaire à sa propre considération autant qu'à la dignité de la République, elle fût encore soupçonnée de vouloir secrètement en amortir le bon effet, et atténuer ce que cette démarche peut avoir d'avantageux pour la France, ne serait-ce pas un véritable inconvénient? Je n'ai besoin que d'in

diquer le point par lequel ceci intéresse votre réputation.

Mais d'autre part, Monsieur, le gouvernement français, qui, assis sur une constitution nouvelle, prend sa place parmi les puissances de l'Europe, ne peut qu'être singulièrement attentif à ne laisser aucun nuage sur sa consistance, aucune ombre à sa dignité, aucun prétexte aux détracteurs de ses droits. Il connaît l'influence de l'opinion, et ne doit rien négliger pour la rectifier quand ses adversaires font tout pour la corrompre. Enfin, quelque supérieur qu'il soit à de vaines défiances, quoiqu'il procède en tout avec la sécurité que donnent la force et le courage, le gouvernement français, par l'intérêt même qu'il met à ses liaisons avec le Danemarck, ne saurait voir d'un œil indifférent ce qui pourrait leur porter atteinte. L'abus qu'on peut faire en cette occasion de votre écrit lui serait sensible, et il n'est pas douteux qu'il ne reçût, avec une extrême satisfaction, quelque témoignage contraire à un tel travestissement de vos intentions. Un gouvernement sage dédaigne souvent les fausses rumeurs; mais un gouvernement bienveillant, ou seulement impartial, ne refuse pas des éclaircissemens demandés dans des vues amies.

C'est là, Monsieur, ce qui m'oblige à vous représenter mon devoir le plus sacré; ce devoir,

quelquefois pénible, de prévenir tout ce qui peut troubler la bonne harmonie entre deux états qui plus que jamais doivent rester unis. Si les considérations personnelles étaient de quelque poids, j'ajouterais que pour moi-même ceci n'est pas sans importance; et peut-être les antécédens de mon admission ont été assez épineux pour que les suites en soient dégagées de contrariétés, du moins autant qu'il dépendra de cette Cour. Je soumets les premières réflexions à votre prudence; j'abandonne la dernière à votre délicatesse, etc. GROUVELLE.

Réponse du Comte de Bernstorff.

Monsieur, je suis reconnaissant et très-sensible aux sentimens exprimés dans la lettre que j'ai eu l'honneur de recevoir de votre part. Ils augmentent mon estime; et quoique je ne sache rien à ajouter à ce que je vous ai dit de bouche, j'entre avec plaisir dans vos souhaits, et je ne balance pas à vous donner des explications amicales, même sur des objets qui n'admettent pas de discussions ministérielles. L'instruction que j'ai donnée à quelques ministres du Roi à plusieurs Cours étrangères est de ce nombre; elle est devenue publique sans notre aveu; elle n'est rien moins qu'une déclaration à ces Cours; nous n'en avons

fait aucune. C'est une simple instruction officielle, uniquement destinée à l'information de ceux à qui elle est adressée, qui se rapporte à la correspondance antérieure, qui est parfaitement conforme à la vérité, et qui, ne respirant que la justice rendue à la constitution française actuelle, ne peut certainement pas nous compromettre avec elle, mais plutôt avec ceux qui ne l'aiment point; cela est d'une évidence parfaite que j'affaiblirais si je voulais l'expliquer davantage. Vous savez d'ailleurs que votre mission a été, sans la moindre réserve, absolument dans les formes usitées et les plus solennelles que nous connaissions. Nous ne faisons jamais les choses à demi; et comme vous êtes témoin de nos démarches et de nos procédés, j'aime fort à vous adopter aussi comme juge, et je compte sur votre impartialité. Comptez de même sur la haute considération avec laquelle je suis, Monsieur, etc.

BERNSTORFF.

III.

Lettre de M. Barthélemy, Ambassadeur de la République française, aux Bourguemestres, Avoyers, Landamman et Conseil des treize Cantons de la Suisse.

MAGNIFIQUES Seigneurs,

Le Directoire exécutif ayant jugé à propos de renouveler les lettres de créance des divers envoyés de la République française près des puissances étrangères, vient de m'adresser celles par lesquelles il a bien voulu m'accréditer auprès du louable Corps Helvétique, en qualité d'Ambassadeur de la République Française; je les joins ici. Je me flatte, Magnifiques Seigneurs, que la connaissance que vous avez déjà de mes sentimens pour tous les membres de l'illustre Confédération Helvétique, ne vous laissera aucun doute sur mon empressement à cultiver la confiance dont vous m'avez déjà donné des témoignages si satisfaisans pour mon cœur; et j'espère aussi, Magnifiques Seigneurs, que vous serez à l'avance bien persuadés que, fidèle interprète des dispositions toujours amicales, toujours bienveillantes du gouvernement français pour votre patrie, je ne cesserai d'apporter tous les soins de mon zèle à concourir au succès de ses vues dans toutes les

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