Слике страница
PDF
ePub

leur dépense pendant que nous diminuerons la nôtre, à proportion de ce que la raison et la justice exigent de part et d'autre.

Si d'un autre côté les Ministres de Vienne et de Hollande marquent qu'ils ne sauraient aller au delà de ce qu'ils ont fait jusqu'à présent, nous voulons et vous ordonnons de conclure, en disant qu'il nous semble que nous sommes en droit d'exiger qu'ils condescendent à ce que nous souhaitons, soit en continuant la guerre ou en faisant la paix, puisque nous ne demandons rien au premier cas que ce qu'ils sont obligés de faire, et une chose essentielle aux succès de nos armes; et qu'à l'égard du second, nous avons fait et déclarons que nous continuerons de faire tout ce qu'il nous sera possible pour obtenir une paix à la satisfaction de tous nos alliés.

Le 1er octobre 1711.

ANNE, Reine.

D'autant que par un des articles de vos instructions du premier de ce mois, vous devez conclure la conférence que vous aurez à votre arrivée à La Haye, avec les Ministres des États-Généraux, en les priant de se dépêcher sur le choix du lieu où se tiendra le traité, et à faire exhiber les passeports pour les Plénipotentiaires de France. Nous voulons de plus, et nous vous ordonnons, aussi

tôt qu'on vous aura promis lesdits passe ports, que vous en donniez immédiatement connaissance à la Cour de France par un courrier, ou même que vous les envoyez au Marquis de Torci, au cas que les États-Généraux le souhaitent ANNE, Reine.

Le 2 octobre 1711.

IV.

Instructions pour l'Abbé de Mornay, Ambassadeur de France près la cour de Portugal.

Datées du 2 mai 1714.

La maison de Bragance qui règne aujourd'hui sur le Portugal, disent les instructions, s'étant maintenue sur le trône principalement par les secours qu'elle reçut du Roi, et qui la soutinrent contre les efforts de l'Espagne, il était de l'intérêt de cette maison de ménager un si puissant protecteur; et la nation portugaise, naturellement opposée à l'espagnole, suivait sans peine une maxime dont elle ne pouvait s'écarter qu'en se perdant, et en donnant à ses ennemis les moyens de triompher d'elle.

Ainsi l'union entre la France et le Portugal a subsisté aussi long-temps que les Portugais ont eu besoin de l'assistance du Roi pour éviter d'être subjugués par les Espagnols; mais comme la re

connaissance est une vertu rare, et que les bienfaits reçus sont facilement oubliés, ceux du Roi envers le Portugal ne purent empêcher cette couronne de faire la paix avec l'Espagne sans la participation de S. M.

La guerre entre ces deux couronnes étant finie 'en 1668, les Portugais profitèrent de la situation de leur pays, pour jouir du repos sans prendre aucune part dans les guerres qui agitèrent depuis le reste de l'Europe; contens d'être oubliés des autres nations, et s'informant à peine de ce qui se passait entre elles.

Cette heureuse tranquillité convenait parfaitement à des peuples présomptueux, aussi remplis de bonne opinion d'eux-mêmes que de mépris pour les étrangers; paresseux, sans forces, et réservant pour ainsi dire leur courage pour la défense de leur pays; pleins de valeur quand ils sont attaqués, mais inférieurs aux autres hommes quand il faut entreprendre et sortir du Portugal. Ils trouvaient encore des avantages réels dans le repos qu'ils devaient à leur indolence plutôt qu'à leur politique; car il dépendait d'eux de profiter du commerce que la guerre interdisait ou rendait difficile aux principales puissances de l'Europe.

Ils auraient encore joui du même bonheur pendant le cours de la dernière guerre, si la

crainte des maux à venir, et plusieurs motifs d'intérêt particulier, n'eussent agi sur le conseil de Portugal plus puissamment que la considération de l'état paisible que ce royaume allait perdre en s'associant à la ligue formée contre la France et contre l'Espagne. Les Ministres d'Angleterre et de Hollande surent intimider le feu Roi de Portugal, et gagner ceux qui avaient le plus de part à la confiance de ce Prince. L'approche des flottes anglaises et hollandaises effaça le souvenir des anciennes obligations qu'il avait au Roi, et se croyant dégagé par les menaces de ces deux puissances, des nouveaux engagemens qu'il avait pris avec S. M. par les traités faits avec elle depuis l'avènement du Roi Philippe v à la couronne d'Espagne, il souscrivit, dès le mois de mai de l'année 1705, au traité que les Princes ligués lui proposèrent.

Les évènemens dont cette alliance a été suivie ont beaucoup surpassé toutes les idées que la vanité portugaise pouvait se former en prenant les armes pour les intérêts de la maison d'Autriche. Les Portugais ont fait le personnage de conquérans, et de conquérans de l'Espagne. Leur général a donné des ordres dans Madrid comme dans une ville soumise. Il a percé jusqu'en Catalogne, mais ces progrès étonnans n'ont pas eu même l'apparence de victoire, et loin de produire aucun

avantage à la nation portugaise, elle n'en a pas reçu le moindre honneur de la part des alliés : ils ont marqué en toute occasion un mépris singulier pour elle, et les mauvais traitemens ont été portés de leur part jusqu'au point de refuser de comprendre les Portugais dans les échanges des prisonniers de guerre; en sorte que les sujets du Roi de Portugal, se croyant vainqueurs de l'Espagne, ont été traités dans leur propre continent comme ils traiteraient eux-mêmes les nègres, enfin ce qu'il y a chez eux de plus vil et de plus abject.

Ce serait peut-être le seul souvenir que le Roi de Portugal pourrait conserver de la dernière alliance où le Roi, son père, était entré, si le Roi, favorablement disposé pour le Portugal, malgré l'ingratitude de cette couronne, n'eût suivi son penchant ordinaire à la bien traiter, et ne lui eût accordé à la paix d'Utrecht les conditions portées dans les articles vIII, IX, X, XI, XII et XIII du traité fait avec le Roi de Portugal, que ce Prince doit moins regarder comme le fruit du sang de ses sujets et des dépenses qu'il a faites pour la maison d'Autriche, que comme un effet de l'ancienne affection de S. M. pour la maison royale de Portugal et pour la nation.

La paix conclue, le Roi n'a rien oublié pour engager le Roi d'Espagne à la conclure aussi avec

« ПретходнаНастави »