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rant de nommer un Ambassadeur, elle a retardé le départ de l'abbé de Mornay jusqu'à ce qu'elle ait su que ce Prince envoyait en France le Comte de Ribeira Grande, en cette qualité; et comme il se dispose à partir incessamment de Lisbonne, le Roi veut que le sieur abbé de Mornay ne perde point de temps à se rendre par terre en Portugal.

(Les instructions traçaient ensuite le portrait du Roi de Portugal, de ses frères, de la Reine et des Ministres d'état, dont M. de Mornay devait s'attacher à étudier le caractère, l'inclination*et les intérêts divers.)

Il assurera les Ministres que, loin de songer à engager le Portugal en de nouvelles guerres, l'intention de S. M. est de le préserver de celle qu'il pourrait craindre du côté de l'Espagne, et qui véritablement est la seule dont les Portugais pourraient avec raison être alarmés. On gagne aisément la confiance de ceux à qui on parle suivant leur goût. Ainsi l'abbé de Mornay fera revivre, pendant son ambassade en Portugal, les anciennes maximes. Les Portugais étaient persuadés autrefois que le salut de leur royaume dépendait de l'intelligence qu'ils sauraient conserver avec la France: ces sentimens si conformes aux véritables intérêts de la nation ont changé seulement depuis que, flattée de l'honneur d'une alliance avec la maison d'Autriche, la maison de Bragance a cher

ché des Reines en Allemagne, la vanité l'emportant sur les justes raisons qu'elle avait, en particulier, de conserver un éternel ressentiment des traitemens indignes qu'elle avait reçus de la maison d'Autriche.

L'intention du Roi n'étant pas d'exciter le Portugal à faire aucune ligue avec S. M., mais seulement de maintenir la tranquillité de ce royaume, une des principales occupations de l'abbé de Mornay à Lisbonne sera de conserver les privilèges des marchands français, et d'apporter ses soins à faire fleurir le commerce. Il doit les protéger, mais avec sagesse; car ils sont pour l'ordinaire très-indiscrets dans leurs plaintes, principalement depuis que ce commerce est exercé par des négocians dont le crédit et la considération sont médiocres. Il est donc de la prudence de l'Ambassadeur du Roi de bien examiner leurs représentations et de ne pas s'engager à faire des démarches dont les suites seraient désagréables s'il n'avait auparavant approfondi le motif et la vérité de ce que les négocians lui auraient exposé : il est juste que les traités soient observés, mais il ne faut pas les interpréter et les étendre suivant le caprice ou les intérêts de ces négocians.

Le commerce de France en Portugal a nonseulement souffert par son interruption depuis la guerre, mais encore par l'augmentation du

commerce de l'Angleterre avec ce royaume; et quoique S. M. soit bien éloignée de rien faire qui puisse altérer la bonne intelligence entre elle et la Reine de la Grande-Bretagne, elle ne voit pas cependant que cette Princesse ait un sujet légitime de se plaindre, si l'abbé de Mornay fait en sorte pendant le cours de son ambassade de rétablir les choses, à l'égard du commerce, sur le pied qu'elles étaient autrefois, et de retrancher, s'il est possible, les avantages que les Anglais ont acquis au préjudice de la France pendant le cours de la guerre.

Ce n'est pas un des moindres pour eux que celui de l'établissement du paquebot qui remplit le Portugal d'un grand nombre de marchandises exemptes de droits d'entrée, et dont le débit, se faisant par conséquent à meilleur marché, empêche absolument celui des marchands de France; mais il faut travailler avec beaucoup de circonspection et de secret. Il est donc d'une extrême importance d'abolir, s'il est possible, cet établissement sous prétexte de la communication fréquente que les affaires de la guerre et de l'alliance demandaient entre les deux cours.

Il est nécessaire aussi que le sieur abbé de Mornay s'informe de l'état où est le Portugal avec la Hollande pour la fourniture des sels de Sétubal, qu'il devait livrer à la compagnie hollandaise des

Indes, et dont les Hollandais ont eu l'art de faire durer l'exécution pendant un grand nombre d'années au delà du terme où elle devait finir, en sorte que l'obligation des Portugais n'est pas encore

cessée.

Enfin l'intention de S. M. est que le sieur abbé de Mornay lui rende un compte exact de tout ce qui regardera le commerce du Portugal. La nouvelle découverte des mines d'or que cette couronne a fait ouvrir au Brésil, les avantages qu'elle en retire présentement, ceux qu'elle peut en espérer dans la suite, et les oppositions qu'elle y trouve de la part des habitans du pays.

S. M. veut aussi que le sieur abbé de Mornay l'informe exactement, soit par ses lettres, soit par des mémoires particuliers, de l'état présent du gouvernement de ce royaume, de ses forces de terre et de mer, du nombre de troupes que le Roi de Portugal a sur pied, de celui de ses vaisseaux, de ses projets, soit pour les augmenter, soit pour les réduire, de ses revenus; enfin de tout ce qui peut donner une connaissance juste et parfaite de l'état présent de ce royaume, et de l'utilité des mesures que S. M. pourrait prendre avec le Roi de Portugal, etc., etc.

V.

Instructions données à M*** pour lui servir de direction dans sa mission en Pologne, le 18 avril 1812.

MONSIEUR,

L'Empereur compte assez sur votre dévouement et sur votre habileté pour vous avancer dans sa confiance jusqu'à vous charger d'une mission du plus grand intérêt politique. Cette mission demande activité, prudence et discrétion.

Vous vous rendrez à Dresde; l'objet apparent de votre voyage sera de présenter à S. M. le Roi de Saxe une lettre que l'Empereur vous remettra demain après son lever. S. M. I. et R. vous a déjà fait connaître ses intentions; elle vous donnera verbalement ses dernières instructions sur les ouvertures que vous aurez à faire au Roi de Saxe.

L'intention de l'Empereur est que l'on agisse envers ce souverain avec les égards que lui mérite l'estime toute particulière que S. M. professe pour sa personne. Vous vous expliquerez, soit avec le Roi, soit avec les Ministres, avec une franchise sans réserve. Vous ajouterez foi aux

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