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nités à l'Autriche. La marche des évènemens a fait changer les projets de l'Empereur.

Lors des négociations de Tilsitt, il a fallu créer des états précisément dans les contrées qui redoutaient le plus la puissance de la France. Le moment était propice au rétablissement de la Pologne quoiqu'il eût été l'ouvrage de la violence et de la force. Il aurait fallu prolonger la guerre; l'armée française souffrait du froid et de la disette; la Russie avait des armées sur pied. L'Empereur a été touché des sentimens généreux que lui témoignait l'Empereur Alexandre. Il éprouvait des obstacles de la part de l'Autriche. Il a laissé dominer sa politique par un égal désir de signer une paix qu'il espérait rendre durable, si par l'influence de la Russie et de l'Autriche, l'Angleterre avait voulu consentir à une pacification générale.

Après ce revers la Prusse avait trop de haine contre nous pour ne pas chercher à modérer sa puissance; c'est dans cette vue qu'a été organisé. le Grand-Duché de Varsovie. On lui a donné pour Souverain le Roi de Saxe, Prince dont la vie entière a été employée à faire le bonheur de ses sujets. On a cherché à satisfaire les Polonais par des institutions qui leur plaisaient et qui convenaient à leurs mœurs et à leurs caractères. On a mal agi en tout sens.

La Saxe, séparée de ses nouvelles possessions par la Prusse, ne pouvait, avec la Pologne constituer un corps assez organisé pour devenir fort et puissant. L'ouverture d'une route militaire sur le territoire prussien, pour communiquer de la Saxe avec la Pologne, a grandement humilié la nation prussienne; et les Polonais ont gémi d'être trompés dans leurs espérances.

L'Empereur stipulait l'occupation des forteresses de la Prusse, pour être certain que cette puissance ne chercherait point à rallumer la guerre. La campagne de 1809 a fait voir combien sa politique avait été prévoyante; elle lui avait fait prendre la ferme résolution de travailler sans relâche à terminer cette organisation de l'Europe qui doit mettre fin à des guerres désastreuses.

L'Empereur a pensé qu'il devait se montrer formidable par le nombre de troupes qu'il pousse vers la Vistule, par l'occupation des forteresse de la Prusse, afin de commander la fidélité de ses alliés, et d'obtenir par les négociations ce que peut-être il ne faudrait attendre que de la guerre.

Dans ces circonstances les dangers sont imminens. Ce n'est pas sans péril que l'on porte des armées à cinq cents lieues de leur territoire; et la Pologne doit attendre autant de ses propres forces que de l'appui de l'Empereur. Si la guerre s'engage, les Polonais, je le répète, ne doivent la

considérer que comme un moyen ajouté à leurs propres ressources. Ils doivent se rappeler les temps où, par leur patriotisme et par leur courage, ils résistèrent aux nombreuses armées qui attaquaient leur indépendance.

Les peuples du Grand-Duché veulent le rétablissement de la Pologne; c'est à eux qu'il appartient de préparer les voies par lesquelles les provinces usurpées pourront arriver à prononcer leur volonté. Le gouvernement du Grand-Duché doit, aussitôt que les événemens le permettent, faire confédérer sous les bannières de l'indépendance les démembremens de leur malheureuse patrie. S'il est des Polonais, sous la domination de la Russie ou sous celle de l'Autriche, qui se refusent à retourner à la mère-patrie, il faut renoncer à les y contraindre. La Pologne doit tirer sa force de son esprit public, de son patriotisme, autant que des institutions qui constitueront le nouvel état social.

L'objet de votre mission est donc d'éclairer, d'encourager, de diriger dans leurs opérations les patriotes polonais. Vous rendrez compte de vos négociations au Ministre des relations extérieures; il instruira l'Empereur de vos succès. Vous m'enverrez des extraits de vos rapports.

Les malheurs et la faiblesse de la république de Pologne ont été causés par une aristocratie qui

n'avait ni règle ni mesure. A cette époque, comme aujourd'hui, la noblesse était puissante, la bourgeoisie soumise, et le peuple n'était rien. Mais au milieu de ces désordres il y avait dans cette nation un amour pour la liberté et pour l'indépendance qui soutint long-temps sa débile existence. Ces sentimens doivent avoir crû par le temps et par l'oppression. Le patriotisme est un sentiment naturel aux Polonais, même aux individus des grandes maisons. L'Empereur tiendra sans restriction la promesse qu'il a faite, par l'article 25 du traité du 9 juillet 1807, de faire régir le GrandDuché par des constitutions qui assurent sa liberté et les privilèges des peuples, se conciliant avec la tranquillité des états voisins. Il y aura pour la Pologne indépendance et liberté. Quant au choix du Souverain, il résultera du traité que S. M. signera avec les puissances. S. M. ne prétend au trône de la Pologne ni pour elle ni pour sa famille. Dans le grand œuvre de la restauration de la Pologne elle n'a en vue que le bonheur des Polonais et la tranquillité de l'Europe. S. M. vous autorise à faire cette déclaration, à la faire formellement lorsque vous le jugerez utile aux intérêts de la France et de la pologne.

S. M. m'a ordonné de vous transmettre cette note et ces instructions, dont elle a pris connaissance, afin que vous puissiez en faire la matière

de vos entretiens avec les Ministres étrangers qui seront à Varsovie ou à Dresde.

L'Empereur fait adresser des notes au Ministre de la guerre et à celui des affaires étrangères du Grand-Duché. S'il était besoin de ressources pécuniaires, S. M. viendrait au secours du trésor de la Pologne, par des assignations sur les domaines de l'extraordinaire qu'elle possède encore en Pologne et en Hanovre.

IV.

Résolutions et instructions pour le Comte de Vicedom et le Sieur de Pezold, Ministres du Roi de Pologne à Pétersbourg.

Rapport circonstancié ayant été dûment fait au Roi du contenu des dernières dépêches du 18, 19 et 23 d'avril, de son Conseiller privé et Ministre plénipotentiaire à la Cour impériale de Russie, le Comte de Vicedom, et de son Résident à la même Cour, le Conseiller privé d'ambassade, sieur de Pezold, apportées ici de Pétersbourg par le courrier Consoli, le 6 décembre, et S. M. y ayant surtout pris en considération l'affaire d'accession que lui demandent avec instance les deux Cours impériales à leur nouveau traité d'alliance défensive et à ses articles séparés et secrets, signés à Pétersbourg le 22 mai 1746, et ratifiés ensuite

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