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EXEMPLES.

Instructions données au Baron de Breteuil, Ministre de France à Pétersbourg.

Toute correspondance était interrompue depuis plusieurs années entre la France et la Russie, d'où le Roi avait rappelé le Ministre et le Consul que S. M. y entretenait. On n'avait pas même conservé à Pétersbourg de ces liaisons indirectes qu'il est d'nsage de se ménager dans les autres pays, lors même que des raisons politiques font cesser les relations publiques et avouées. Ainsi on ignorait entièrement à Versailles tout ce qui pouvait avoir rapport au gouvernement russe, aux dispositions de l'Impératrice, aux vues de son ministère, lorsqu'en 1755 cette Princesse, excitée soit par ses sentimens personnels pour S. M., soit par les conseils du Comte de Woronsow, alors son vicechancelier, fit parvenir au Roi les assurances du désir qu'elle avait de rétablir entre la France et la Russie l'intelligence la plus parfaite.

Ces insinuations avaient été faites dès 1755, mais on n'avait pas cru alors qu'elles fussent assez autorisées. Plusieurs avis particuliers ayant confirmé successivement la sincérité de ces premières ouvertures, le Roi se détermina enfin à faire

passer à Pétersbourg le sieur Douglas, pour vérifier si ces avis avaient un fondement assez solide pour mériter quelque confiance de la part

de S. M.

Un premier voyage, qu'il ne parut faire que par un simple motif de curiosité, le mit à portée de constater l'existence réelle des dispositions qu'on avait annoncées au Roi de la part de la Russie. S. M. jugea convenable, en conséquence, de renvoyer à la même Cour le sieur Douglas, avec le titre de Chargé de ses affaires, en même temps que le sieur de Bickteieff vint en France, avec la même qualité, de la part de l'Impératrice de Russie.

Cette démonstration de réunion entre les deux Cours fut bientôt suivie du rétablissement éclatant de leur correspondance par la nomination qu'elles firent de leurs Ambassadeurs respectifs, pour rêsider à Paris et à Pétersbourg.

Le Roi confia cette importante commission au Marquis de L'Hôpital, qui par ses talens et par son zèle a parfaitement justifié le choix de S. M. Mais cet Ambassadeur, dont la santé a été considérablement altérée en Russie, ayant en plusieurs occasions témoigné le besoin qu'il aurait de repasser en France pour y prévenir les suites de ses incommodités, le Roi a bien voulu avoir égard à ses représentations, et lui a laissé la liberté de con

tinuer les fonctions de son ambassade, ou de revenir auprès de S. M., suivant qu'il le jugerait lui-même le plus à propos pour le succès des négociations dont il est chargé, et pour sa convenance personnelle.

Le Roi prevoyant en même temps l'inconvénient qui pourrait résulter pour le bien de son service, du retour du Marquis de L'Hôpital, si cet Ambassadeur n'était pas remplacé immédiatement par un autre Ministre de S. M., elle a jeté les yeux, pour cet effet, sur le Baron de Breteuil, mestre-de-camp de cavalerie, qu'elle a nommé son Ministre Plénipotentiaire auprès de l'Impératrice de toutes les Russies.

Les preuves qu'il a déjà données à S. M., nonseulement de son intelligence et de sa dextérité dans l'administration des affaires qu'elle lui a confiées, mais aussi de sa sagesse et de sa prudence dans la conduite qu'il a constamment tenue dans les emplois militaires et politiques qu'il a remplis, lui ont mérité la préférence que le Roi a daigné lui accorder en cette occasion, et à laquelle le Marquis de L'Hôpital a lui-même applaudi avec les témoignages les moins équivoques de satisfaction.

Pour mettre le Baron de Breteuil en état de s'acquitter, conformément aux vues de S. M., du ministère dont elle veut bien l'honorer, il est né

cessaire qu'il soit exactement instruit de l'état actuel de la Cour de Pétersbourg, de la situation des affaires générales par rapport à la Russie, et aux engagemens qu'elle a pris, surtout depuis le commencement de cette guerre, enfin du système de conduite qu'il devra suivre tant vis-à-vis de l'Impératrice, de sa Cour et de son ministère, que vis-à-vis du Marquis de L'Hôpital.

La communication qui a été donnée au Baron de Breteuil de toute la correspondance relative à la Cour de Pétersbourg, l'aura déjà informé de la nature, de l'objet, de l'étendue et de la suite des négociations dont le Marquis de L'Hôpital a été chargé, et des instructions et des ordres que le Roi a fait adresser à cet Ambassadeur. Cependant il ne sera pas inutile de remettre ici sous les yeux du Baron de Breteuil un tableau raccourci et fidèle de tout ce qui s'est passé à cet égard.

Le Roi, en terminant avec modération et générosité, en 1748, la guerre occasionée par la mort de l'Empereur Charles vi, s'était non-seulement proposé de procurer à ses peuples une paix qui leur était devenue nécessaire, mais encore de rétablir sur des fondemens solides et durables le repos de l'Europe et l'intelligence la plus sincère entre tous les Souverains qui la gouvernent. S. M. aurait eu cette satisfaction si les autres puissances, animées des mêmes principes d'équité

et d'humanité, avaient voulu concourir à des vues si salutaires; mais elle ne tarda pas à s'apercevoir qu'elle était presque la seule de bonne foi, et avec des intentions pures et désintéressées. Le système politique que l'Angleterre parut d'abord disposée à suivre fit soupçonner que cette couronne n'avait désiré la paix que par l'impossibilité absolue où elle était de continuer la guerre, et qu'elle ne profiterait de l'intervalle du calme que pour se préparer à une nouvelle guerre. L'événement n'a que trop justifié cette conjecture.

La cour de Londres, pour mieux masquer ses vues d'ambition et de cupidité, consentit à nommer des commissaires pour travailler de concert avec ceux du Roi, et conformément à l'article VIII du traité d'Aix-la-Chapelle, à concilier les points de discussion que l'activité avec laquelle la paix avait été négociée et signée, n'avait pas permis de régler par le même traité.

Il ne fut pas difficile de remarquer, dès les premières conférences, que l'Angleterre ne cherchait qu'à gagner du temps, pour se mettre en état de se procurer par la force des armes ce qu'elle prévoyait parfaitement ne devoir ni ne pouvoir obtenir par les raisons de droit.

En effet les Anglais ne tardèrent pas à développer, par les mesures qu'ils prenaient soit en Amérique, soit en Europe, les vastes projets qu'ils

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