Слике страница
PDF
ePub

utile, et que s'il est de l'intérêt de la France de conserver ses liaisons et son intimité avec cette couronne, il faut augmenter le pouvoir monarchique en Suède, de manière que le Roi ait la principale influence sur les forces du pays et sur les alliances étrangères, ou bien assurer l'état des Sénateurs de manière que dans aucune circonstance ils ne puissent être déplacés; qu'ils partagent comme conseils la puissance souveraine avec le Roi, et que les états ne soient assemblés que dans la seule vue de le quotité et de la distribution des contributions à fournir au trésor royal, et pour les représentations sur les améliorations de l'intérieur du pays.

Dans l'alternative de ces deux situations, la Suède ne sera pas toujours, sans doute, disposée pour la France; mais cette puissance sera dans la classe, et l'argent que le Roi dépensera pour les Suédois aura un usage profitable pour le service de S. M.; au lieu qu'à présent il est impossible de lui présenter une utilité dans son alliance avec la Suède, tandis qu'on ne lui offre chaque jour qu'une augmentation de dépense énorme pour des intérêts particuliers, lesquels même en réussissant ne produisent aucun effet politique, et ne nous garantissent pas d'avoir, peu d'années après, les mêmes dépenses à faire avec l'incertitude du

succès.

Le Roi, après une mûre réflexion sur son système politique en Suède, a jugé que le bien de son service était de revenir sur les préjugés qui jusqu'à présent avaient obscurci les vrais intérêts de la France en Suède. S. M. a cru qu'il ne lui convenait pas d'être liée dans ce royaume avec un parti qui, d'après l'expérience, ne se trouve pas et ne peut se trouver toujours le plus fort. Elle veut donc diriger toutes ses démarches à Stockholm sur un plan solide, et le Roi a pensé que le meilleur serait de profiter de la circonstance des troubles actuels pour rendre au Roi de Suède l'autorité que les précédentes diètes lui ont enlevée; il seroit à propos d'engager nos amis, et ceux qui sont désignés sous le nom de chapeaux, à concourir à nos vues; mais ils y seront aussi opposés que le sont réellement les partisans de la Russie, qui certainement n'ont pas le projet de donner de l'autorité au Roi de Suède; car en ce point il n'y a point de division dans les deux partis.

Nos amis vous diront, monsieur, qu'il faut tâcher de finir cette diète, et puis travailler à en assembler une autre dans laquelle nos projets étant mieux préparés, ils auront un avantage marqué sur leurs adversaires. Je ne suis pas étonné que l'ambassadeur du Roi sur les lieux, travaillant depuis si long-temps l'esprit du parti

auquel il s'est attaché ne s'échauffe des mêmes idées contre la faction qu'il a à combattre, et qui présentent une perspective vraisemblable d'utilité : mais observez que quand les patriotes vous diront que dans une nouvelle diete ils auront la supériorité d'influence dans les délibérations et les résolutions des états, c'est comme s'ils nous disaient Dépensez deux millions pour nous dans deux ans, et les Suédois qui veulent le maintien du gouvernement actuel, étant amis de la France, et se trouvant alors à la tête de l'administration, prévaudront sur les Suédois qui, ayant les mêmes principes par rapport au soutien du gouvernement, et les mêmes vues d'ambition, sont les ennemis déclarés de la France.

Considérez attentivement deux choses, monsieur (je ne puis trop le répéter): 1o quelle utilité physique peut-il résulter pour la France et pour le commerce, de cette supériorité de nos amis? Nulle: car il en arrivera certainement un accroissement de faiblesse, et plus la Suède devient faible (ce qui se démontre à chaque diète) plus elle est inutile ; mais quand bien même l'on pourrait articuler quelques petits avantages à retirer de la supériorité de nos amis dans la diète prochaine, leurs antagonistes feront ce qu'ils ont fait depuis la diète passée, et suivront la même marche que nos amis suivent actuellement, ils

obligeront à la convocation d'une nouvelle diète; alors nouvelles dépenses de la part de la France, moins de succès, et accumulation d'anarchie en Suède et d'inutilité pour le Roi. Dans cet état de choses, il faut se déterminer positivement ou à être allié d'une puissance qui ait une consistance solide, ou à l'abandonner à son malheureux sort. Ce qu'il y a de pis, c'est d'en alimenter sans fruit les particuliers.

D'après tout ce que je viens de vous exposer, monsieur, le Roi vous ordonne de faire usage de vos connaissances et de vos talens, afin de former un projet de conduite qui tende :

1o A rétablir le pouvoir monarchique en Suède par l'influence de la France, et assez solidement pour que le Roi, uni au Roi de Suède, dirige ses efforts dans ce royaume vers l'objet unique du maintien du pouvoir monarchique que cette influence aura rétabli. Sur ce point je ne présume pas qu'il vous soit difficile de concerter un plan avec le Roi et la Reine de Suède, et leurs confidens;

2o A engager nos amis à adopter ce parti, et à y concourir de bonne foi et sûrement ; à leur présenter l'idée de cette révolution comme le moyen le plus certain de culbuter le parti dominant, qui, en tous les temps, s'il n'est prévenu, ruinera la Suède; leur faire sentir que leur intérêt parti

[ocr errors]

culier concourt dans ce moment-ci avec celui de la France, au succès de ce projet; les pressentir sur l'impossibilité où se trouve le Roi de soutenir vainement en Suède un parti qui n'y est pas le plus fort; enfin leur marquer le désir qu'a le Roi que la reconnaissance qu'il a droit d'attendre des anciens patriotes se porte à la formation d'un nouveau système qui paraît seul avantageux aux deux couronnes.

III.

Extrait d'une dépêche du Ministre des affaires étrangères de France au citoyen Chauvelin, Ministre de France à Londres.

Paris, 9 décembre 1792.

Lorsqu'il ne sera plus question que de vous expliquer sur les objets de la sollicitude du ministère britannique, vous le ferez sur les principes que je vais détailler.

1° Sur le décret du 19 novembre: on ne peut s'en alarmer que faute d'en comprendre le véritable sens.

Lorsque nous promettons fraternité et assistance aux peuples qui veulent secouer le joug des princes avec lesquels nous sommes en guerre, il n'y a nulle difficulté, et le décret s'applique à ce cas dans la plus grande latitude, sans qu'au

« ПретходнаНастави »