SUR CETTE ODE. Les Valkyriur étoient, dans la mythologie Gothique, des divinités femelles au fervice d'Ödin ou Wodin. Leur nom défigne leur emploi: il fignifie celles qui font chargées du choix des guerriers, deftinés à la mort. Elles étoient montées fur de rapides courfiers, tenant des épées nues, dans leurs mains. C'eft dans le fort de la mêlée qu'elles choiffiffoient ceux qui devoient être tués; elles les conduifoient enfuite à Valkala, palais d'Odin, autrement nommé le paradis des braves; & là, elles affiftoient au repas de ces héros, & leur fervoient, dans des cornes, l'hydromel & la bierre forte. On doit remarquer, dans cette mythologie des peuples du Nord, une grande reffemblance avec la quenouille, le fufeau & les cifeaux des Parques des Grecs. On retrouvera auffi dans la piéce fuivante le Cerbère des anciens. I 3 THE DESCENT OF ODIN. FROM THE NORSE TONGUE. To be found in Bartholinus, de caufis contemnenda mortis; Hafnia, 1689, quarto. UP Úpreis Odinn Allda gautr, &c. PROSE the King of men with speed, That leads to Hela's (a) drear abode. Eyes that glow and fangs that grin, (The groaning earth beneath him shakes) The portals nine of hell arife. 5 10 15 LA DESCENTE D'ODIN TIRÉ DE LA LANGUE NORSE. L'original fe trouve dans l'ouvrage de Bartholinus intitulé de caufis contemnendæ mortis in 40 à Hafnia 1689. LE ROI des Hommes fe leva avec prompti tude; il fella auffitôt fon courfier noir comme le charbon; puis il s'élança dans la defcente rapide du gouffre, qui conduit à la demeure redoutable d'Héla. (a) Dès que le Chien des ténébres l'eut apperçu, il ouvrit, dans toute fa largeur, fa gueule hériffée. Ses machoires écumantes & pleines de chairs palpitantes dégouttoient de fang humain. Son gozier rauque pouffe d'affreux hurlemens. Les yeux étincelans, les griffes me. naçantes, longtems & fans fuccès, il pourfuit de fes aboiemens le maître du charme tout-puiffant. Celui-ci continue & fuit en avant fa route; la terre mugit & tremble fous fes pas: il arrive aux lieux, où les neuf portes de l'Enfer s'offrent à fes regards intrépides. Right against the eastern gate 20 Thrice he trac'd the Runick rhyme, The thrilling verfe that wakes the dead, 25 Long on thefe mould'ring bones have beat The drenching dews and driving rain! Who is he with voice unbleft 35 That calls me from the bed of rest ? ODIN. A traveller, to thee unknown, Is he that calls, a warriour's fon. En face de la porte orientale, il s'affit près d'un monument, que la mouffe avoit couvert & dans' le quel, depuis des fiécles reculés, repofoient les cendres d'une vierge propheteffe. Puis fe tournant vers le Nord, trois fois il traga les caracteres Rhuniques, trois fois il prononça, avec des accens redoutables, les vers pénétrans qui réveillent les morts, jufqu'a ce qu'enfin, de la terre profonde, fortirent lentement des fons triftes & plaintifs. LA PROPHETESSE. Quelle invocation inconnue, quels charmes préfomptueux ofent troubler le repos de la tombe? Qui vient affliger ainfi mon ombre inquiéte & m'arracher à l'empire de la nuit? Depuis longtems la neige des hivers, la chaleur des étés, les pénétrantes rofées & la pluie des orages frappent fur ces offemens vermoulus. Quel est celui dont la voix impie ofe m'évoquer du lit de mon repos? ODIN. Un voyageur qui ne t'eft pas connu; le fils d'un guerrier eft celui qui t'appele. Tu fauras ce que |