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aveu; et parmi eux il en est qui, en reconnaissant cet avantage originel du nederduitsch et frappés de la richesse de ses formes et de la beauté de quelques-unes de ses premières productions littéraires, vont, pour expliquer le phénomène, jusqu'à supposer une antique civilisation qui aurait brillé dans des temps antě-historiques chez les peuples possesseurs de cette langue privilégiée (1). Or, c'est précisément à la branche que tous les juges compétents proclament la plus ancienne qu'appartient le flamand, cet idiome que de prétendus savants de France ou de Belgique veulent proscrire, par la raison qu'ils ont découvert, eux, qu'il n'est qu'une émanation corrompue de l'allemand! On ose entreprendre de faire deshériter comme bâtarde celle des filles teutones dont la légitimité et les droits de primogéniture sont le moins contestables! C'est pour repousser une aussi ridicule fin de non recevoir que nous avons touché quelques mots de cette question, d'ailleurs peu importante sous le rapport pratique et presque oiseuse dans un livre tel que le nôtre.

Nous allons dans la suite de notre ouvrage nous occuper de comparer avec le flamand chacune des langues germaniques modernes dont nous venons de faire l'énumération. Mais nous devons prévenir que nous n'employons pas cette expression : le flamand, dans son acception restreinte : nous désignons par là, non pas le dialecte parlé dans quelques provinces flamandes de la Belgique, mais le nederlandsch, l'idiome teuton qu'on écrit dans toutes les contrées germaniques des Pays-Bas anciens. Le flamand et le hollandais sont pour nous une seule et même langue. Nous avons cru devoir préférer cette expression parce que nous écrivons en Belgique, où la langue reçut sa première illustration, et que d'ailleurs cette dénomination est la plus ancienne. Lorsque nous aurons à désigner plus particulièrement le dialecte populaire de nos provinces, nous le ferons par une circonlocution spéciale.

Dans l'examen de toutes les langues, objet de nos études comparatives, nous procéderons par ordre de ressemblance, en commençant par le dialecte de la Hollande et en finissant par l'islandais. Mais cette comparaison des idiomes modernes, nous croyons utile de la faire précéder d'un aperçu de l'état de la science linguistique et d'un résumé des langues teutoniques dans leurs formes anciennes.

(1) Entre autres, Adelung, Geschichte der deutsche Sprache.

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Slige Ordforklaringer have paadraget Etymologien manges For agt og Spot, som ofte har været vel fortjent.

De pareilles explications de mots ont attiré sur la science étymologique beaucoup de mépris et de moquerie, et souvent à bien juste titre.

RASK, Undersögsele om det gamle Nordiske, eller Islandiske Sprogs Oprindelse.

Nihil majorem ad antiquas populorum origines indagandas lucem præbet, quam collatio linguarum.

Rien ne sert davantage à éclairer les investigations sur les premières origines des peuples que la comparaison des langues. LEIBNITZ, Desiderata circa linguas populorum.

C'est une sphère bien vaste et bien variée que celle où tourne l'étude à laquelle on a donné le nom de philologie comparative ou de linguistique. Cette étude touche à tout: de ses recherches sur les plus simples éléments des langues elle s'élève jusqu'à l'examen des problêmes les plus ardus et les plus délicats de la cosmogonie, de l'éthnographie et de l'anthropologie.

Le langage des hommes a-t-il été originairement unique et toutes les langues ne doivent-elles être considérées que comme des empreintes plus ou moins altérées d'un type commun? ou bien, dès l'origine, les langues ont-elles été multiples ? En d'autres termes, le genre humain descend-il d'un seul couple ou de plusieurs familles autochthones?

La parole est-elle une invention de l'homme? est-elle un résultat nécessaire et spontané de son organisation? est-elle un don du créateur? comment et dans quelle mesure ce don a-t-il été octroyé ? (1).

Quels sont l'origine, l'affinité, le mélange des diverses nations? (2).

Quelles sont les lois qui ont présidé à la formation du langage? y a-t-il entre ses éléments généraux et primitifs et les idées qu'ils expriment un rapport réel, intime, constant ? (3).

(1) Charles Nodier déclare qu'il croit fermement que la parole a été donnée à l'homme, mais il réduit ce don au simple pouvoir de faire le mot. << Ce don de la parole, poursuit-il, ne me paraît pas avoir consisté dans la communication d'un système lexicologique, tout fait, comme le serait celui de la prétendue langue primitive, mais dans la puissance facultative de créer la parole pour exprimer les idées, à mesure qu'elles se développent au moyen d'organes adaptés à cet usage, comme les touches à l'instrument. >> (Notions élémentaires de linguistique).

G. de Humbold s'exprime ainsi : « La parole, d'après mon entière conviction, doit réellement être considérée comme inhérente à l'homme; car si on la considère comme l'œuvre de son intellect dans sa simplicité pri– mitive, c'est absolument inexplicable. Cette hypothèse est favorisée par la supposition de plusieurs milliers de milliers d'années; le langage n'a pu être inventé sans un type préexistant dans l'homme. » Et plus loin : « Il ne faut cependant pas considérer le langage comme un don accordé tout formé à l'homme (etwas fertig gegebenes), mais comme quelque chose provenant de lui-même. » Ueber das vergleichendes Sprachstudium, etc.

Le docteur Johnson et M. de Bonald soutiennent que la parole a été un don librement accordé par Dieu.

D'autres supposent que la race humaine n'a pas eu de langage jusqu'à ce que ses différentes ramifications aient inventé des dialectes séparés. Adelung, l'auteur du Mithridates, penche pour cette opinion.

(2) Ceci est l'objet spécial de la haute linguistique moderne et son plus beau triomphe.

(3) Thèse embrassée et développée, entre autres, par M. Bergmann, à Paris, et M. l'abbé Chavée, à Bruxelles. Ces MM. non seulement découvrent les rapports dont il s'agit dans les thêmes primitifs du langage, mais même dans les éléments des mots, dans les lettres soit simples, soit groupées. Tous deux apportent dans l'exposition de cette théorie séduisante infiniment d'esprit et de sagacité. Poëmes islandais tirés de l'Edda de Sæmund, publiés avec une traduction, des notes et un glossaire, par F.-G. Bergmann, membre de la société asiatique de Paris. Essais d'étymologie philosophique ou recherches sur l'origine et les variations des mots qui expriment les actes intellectuels et moraux, par l'abbé Chavée, bachelier en théologie. Bruxelles, 1843.

Sur plusieurs de ces questions, et sur quelques autres non moins graves, le flambeau de la linguistique a jeté la plus vive lumière; quelques-unes ont été l'objet d'explications ingénieuses et plausibles, mais il en est qui n'ont pas encore reçu de solution satisfaisante et qui n'en recevront peut-être jamais. Quoi qu'il en soit, toutes appartiennent aux régions transcendantes de la science, nous n'avons pas à les aborder.

Nous n'avons pas l'ambitieuse prétention d'étendre le domaine de la linguistique spéculative: nous n'avons en vue que certaines explorations d'une réalité applicable. Nous tendons, par un humble sentier, vers un but modeste, mais positif. Nous n'écrivons pas pour les savants, mais pour le grand nombre; et nos lecteurs n'y perdront rien, après tout: s'ils ne gravissent pas avec nous les hauteurs de la science, ils ne s'exposeront pas non plus à marcher la tête dans les nuages.

Toutefois, nous ne croyons pas devoir renfermer nos études pratiques dans le cercle étroit où, à la rigueur, nous pourrions les renfermer. Dans notre pays, une digression même élémentaire, oiseuse ailleurs, sur la marche et les résultats généraux de la linguistique et sur l'état ancien des langues germaniques, peut offrir encore à bien des personnes l'attrait de la nouveauté. Cette digression nous allons donc la tenter, mais d'un pas rapide et en nous bornant à toucher aux points qui se rapportent plus directement à notre sujet et intéressent plus particulièrement la Belgique.

La linguistique, celle du moins qui mérite véritablement ce nom, est une science toute moderne. Les Grecs et les Romains ne se sont guère adonnés à cette étude : dans leur dédain orgueilleux de tout ce qui n'appartenait pas à la Grèce ou à l'Italie, les anciens traitaient de barbares les peuples et les langues du reste du monde. Des idiomes de l'antique Europe, à peine leurs historiens nous ont-ils fait connaître quelques noms propres, plus ou moins défigurés, et un petit nombre de mots techniques tout aussi infidèlement transcrits. Ce qui s'est conservé des écrits de Varron, n'est de nature à nous donner une bien haute idée des connaissances étymologiques du peuple-roi (1).

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(1) Varro, de linguâ latinâ. Sur 34 livres dont se composait cet ouvrage, 6 seulement sont parvenus jusqu'à nous. Varron, que ses contemporains appelaient omnium Romanorum doctissimus, s'évertue à expliquer par le vieux latin une foule de mots qui évidemment dérivent du grec.

Puis, il y eut décadence et destruction de langues anciennes, bouleversement et confusion de langues survivantes, laborieux enfantement de langues nouvelles. Dans ce cahos, la linguistique ne pouvait naître.

Au réveil de la civilisation européenne, les études, dans leur essor général, ne tardèrent pas non plus, il est vrai, à se diriger vers l'origine et la comparaison des langues; mais indépendamment de l'absence des innombrables matériaux dont cette science, pour être fructueuse, exige impérieusement la préparation, la linguistique, à son début, s'engagea dans la plus malheureuse et la plus fausse des voies.

Trouver la langue primitive, telle fut la pensée exclusive des premiers linguistes et le but constant de tous leurs efforts. Une préoccupation religieuse était surtout le mobile de ces investigations chimériques on croyait qu'on ferait œuvre chrétienne et pieuse en découvrant la langue, source ou germe de toutes les autres, afin de pouvoir confirmer le récit de Moïse au sujet de la confusion de Babel. Quelle était cette langue? naturellement, la même exagération de zèle religieux qui poussait à la recherche du langage primitif fit supposer que de toute nécessité l'hébreu devait être ce vieux type commun. L'hébreu rallia donc le plus grand nombre de partisans. Son droit de primogéniture fut proclamé et admis presque comme un article de foi, même par d'excellents esprits, par des écrivains de renom, entre lesquels il faut citer dans les Pays-Bas Juste-Lipse et Vossius. Aujourd'hui les croyants les plus orthodoxes ne font plus de l'opinion qui représente la langue du peuple juif comme la langue de la création, une obligation de conscience (1).

Cependant, la langue hébraïque ne fut pas laissée longtemps en paisible possession de son triomphe: la palme de l'antiquité lui fut disputée non seulement par des langues appartenant à une autre famille, mais même par des langues sœurs, dont chacune se prétendait l'aînée. Ainsi, l'Abyssinien, le Syriaque et l'Arabe firent valoir tour à tour leurs titres méconnus. Il est vrai que les auteurs qui s'étaient faits leurs champions étaient tous nés ou en Abyssinie, ou en Syrie, ou en Arabie.

Plus un idiome était obscur ou resserré dans des limites étroites, (4) Voir Wiseman, Discours sur les rapports entre les sciences et la religion révélée. Edition de Bruxelles, 1836, tome 1, page 37.

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