Слике страница
PDF
ePub

terminatif; il ne dit pas comme le français: manger de la viande, boire du vin, mais simplement et en supprimant toute particule inutile: vleeesch eten, wyn drinken.

Ses mots combinés l'aident puissamment à se débarrasser du bagage entravant des particules. Souvent il n'emploiera qu'un seul de ces combinés là ou il faut une foule de petits mots en français: tarwenmeelbloem, de la fleur de farine de froment. Un mot en flamand, sept en français, dont quatre particules !

Nous continuerons cet examen comparatif dans le chapitre suivant :

CHAPITRE XI.

Suite du chapitre précédent, — Nos malheurs politiques et littéraires.

Conclusion.

Per damna, per cædes, ab ipso
Ducit opes animumque ferro.

Merses profundo, pulchrior evenit.

Victime des revers, déchirée par les tourmentes, elle puise dans ses blessures mêmes des ressources nouvelles et une plus vigoureuse énergie. Plongée dans l'abîme, elle en sort plus brillante.

HORACE, L. IV, ode IV.

Nous avons vu au chapitre consacré à l'anglais que nos pronoms personnels, indépendamment de leur déclinabilité, sont différenciés suivant le sexe de la personne qui possède : zyn, haer. L'absence de cette distinction en français, y cause souvent de l'embarras dans la construction ou de l'obscurité dans le sens : De nicht van Mr N .... heeft aen haren broeder beloofd dat zy hare kinderen zou onderwyzen, la nièce de Mr N.. a promis à son frère qu'elle instruirait ses enfants. Au frère de qui ? les enfants de qui? Cela est parfaitement clair dans la phrase flamande, et complètement douteux dans la traduction littérale française. Pour rendre le sens flamand, il faut recourir à une tournure plus prolixe : La nièce de Mr N.. a promis à son frère à elle qu'elle instruirait ses propres enfants.

Le français a perdu les formes du comparatif et du superlatif : nous les avons conservées, comme on a pu le remarquer dans d'autres parties de notre livre: er pour le comparatif, ste pour le superlatif.

Nous sommes en pleine possession de ces mots si gracieux qu'on appelle diminutifs; nous les avons sous des formes variées pour les substantifs je, jen, ken; nous en avons même pour les adverbes: zachtjes, stillekens. Le français, à l'exception de quelques rares débris, est encore privé de cet avantage.

:

Notre langue, moins déclinable qu'autrefois, a cependant conservé la forme du génitif (Voir la partie anglo-flamande); nous gardons aussi la précieuse faculté de distinguer le régime du sujet par les flexions que prennent les articles de, een, et la plupart de nos pronóms. A cet avantage et à quelques autres encore qu'il serait trop long d'exposer, nous devons de posséder un idiome qui approche de la hardiesse transpositive des langues anciennes, tout en participant à la précision et à la clarté des langues modernes, qu'il surpasse presque toutes en richesse.

Nous bornons au peu qui précède nos remarques sur les formes grammaticales du flamand, en ajoutant toutefois que sa grammaire, comme celles de toutes les langues germaniques en général, n'offre que des principes simples, positifs, clairs et peu nombreux, tels, en un mot, qu'il convient à un idiome exempt de bizarreries et d'irrégularités. Et à ce propos, nous ne pouvons nous empêcher de relever le jugement que se permet de porter sur les langues du Nord un écrivain français qui jouit dans sa patrie d'un certain renom. M. Nisard, dans son histoire de la littérature française, ose dire que ce sont des langues sans règles absolues ! C'est un épouvantable blasphême, et que la plus profonde ignorance peut seule proférer. Comment! les langues germaniques n'ont pas de règles absolues? Mais c'est le contraire qui est vrai, et une appréciation aussi sévère ne peut pas s'appliquer aux langues dans lesquelles ont chanté Schiller, Byron et Bilderdyk, mais au malheureux idiome, objet exclusif de l'admiration du critique. C'est une sentence que prononcent elles-mêmes toutes les grammaires françaises. En effet, il n'est pas un seul de ces livres élémentaires dans lesquels on ne lise à chaque page des formules telles que celles-ci: Racine s'est trompé, quand il a dit. . . . . ; Boileau a eu tort de s'exprimer ainsi .....; Voltaire n'est pas à imiter, lorsqu'il se permet . . . . . Tous les grands écrivains de la France sont ainsi passés en revue avec le même blâme. Dans les pays du Nord, rien de semblable. Là, lorsqu'un homme a assez de génie ou de talent pour se faire une belle réputation littéraire, on peut être certain

qu'il écrit toujours correctement sa langue, et jamais on ne voit un grammairien s'aviser de prendre pour cacographie les écrits de l'auteur devenu célèbre.

O M. Nisard! s'il y avait en Europe un tribunal qui jugeât les hérésies littéraires, à quelle amende honorable vous seriez condamné !

Après avoir examiné la langue dans ses éléments lexiques et grammaticaux, arrêtons-nous un instant sur les combinés proprement dits. Mais ici nous éprouvons un grand embarras : la matière est si riche et si vaste, que nous ne savons vraiment par quel côté l'aborder; puis, il nous faudrait écrire un volume si nous voulions montrer un échantillon seulement de chacun des trésors que renferme cette mine précieuse. Nous devons nous contenter d'en faire connaître quelques parties à l'aide de quelques exemples (1).

Nous avons dit ailleurs quel est le système des combinés flamands. Rien de plus simple: on forme une seule idée totale de plusieurs idées partielles en fondant ensemble les mots qui expriment celles-ci, et en plaçant avant le mot générique ou principal celui ou ceux qui le déterminent ou le modifient - Les mots se lient sans éprouver de changement; quelquefois seulement il y a interposition des lettres euphoniques è, s.

Il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de fixer les bornes de la combinaison flamande. Toutes les parties du discours y concourent en se croisant les unes avec les autres, substantifs avec substantifs, substantifs avec adjectifs, adjectifs avec adjectifs, verbes avec subtantifs ou avec adjectifs, pronoms avec substantifs, etc., etc.

Les exemples suivants donneront quelque idée de la beauté de nos combinés, en même temps qu'ils feront voir l'infériorité qu'a de nouveau ici le français, qui presque toujours est forcé de les rendre par plusieurs mots liés par des particules.

Grasheuvel, colline couverte d'herbe; heuvelgras, herbe de la colline; veldbloem, fleur des champs; bloem ou bloemenveld, champ de fleurs; vaderlandsliefde, amour de la patrie; strydbyl, hache de combat; krygsgod, dieu de la guerre; dondergod, dieu de la

(1) Nous renverrons encore une fois le lecteur qui désirerait plus de développements, à l'utile ouvrage de M. Lulofs: Gronden der nederlandsche woordafleidkunde.

« ПретходнаНастави »