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bientôt on recherchera son amitié. Après quatre ou cinq exemples réitérés, on trouvera plus extraordinaire qu'un prince chrétien cherche à Constantinople, des secours qu'il n'ose y demander aujourd'hui, sans causer une sorte de scandale.

Il n'est pas vraisemblable que la Porte change de politique. Ce n'est pas sculement, comme on le croit communément, qu'elle soit attachée à ses principes par superstition, par orgueil, et par mépris pour les chrétiens; c'est que le despotisme, quand il est parvenu à un certain degré, ne voit rien, n'imagine rien, et ne redoute que les nouveautés. Pourquoi un grand seigneur, abruti dans les voluptés de son sérail, soupçonneroit-il que ses états ne sont pas gouvernés aussi bien qu'il peuvent l'être? S'il se donne la peine de penser, pourquoi n'admireroit-il pas la justesse des ressorts de son gouvernement, qui, par une harmonie singulière, tendent tous au but unique, de rendre ses sujets esclaves, et lui tout - puissant? Des hommes. nés dans des pays libres ont bien loué comme une perfection, ce vice extrême du gouvernement des Turcs.

Le grand-seigneur, dit Ricaut, ne consi

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dère dans ses ministres, ni la naissance, ni le bien. Il affecte de se faire servir par ceux qui sont entièrement à lui, et qui, lui étant redevables de leur nourriture et de leur éducation, sont obligés d'employer pour son service, tout ce qu'ils ont de capacité et de vertu, et de lui rendre par une espèce de rétribution, et avec intérêt, la dépense qu'il a faite pour leur former l'esprit et le corps; de sorte qu'il peut les élever sans envie et les ruiner sans danger.

Les enfans qui sont destinés pour les grandes charges de l'Empire, et que les Turcs appellent Ichoglans, sont d'abord présentés au grand seigneur, qui les envoie, comme il lui plaît, dans son sérail de Pera, dans celui d'Andrinople, ou dans le grand sérail de Constantinople. Ce sont là les trois colléges où ils sont élevés. Ceux qui sont choisis pour le grand sérail, ont toujours quelque chose de particulier, qui les rend recommandables, et sont les premiers avancés dans les charges. La première chose qu'on leur apprend, quand ils sont là, c'est de garder le silence, d'être respectueux, humbles

et soumis, de tenir la tête baissée, et d'avoir les mains en croix sur l'estomac. Leurs

hogias, ou maître d'école les instruisent en même temps avec grand soin, de ce qui regarde la religion Mahométane, à prier Dieu à leur mode, en Arabe, et à s'entendre, à lire, à écrire et à parler Turc parfaitement.

Leurs punitions ordinaires sont des coups sous la plante des pieds, de longs jeûnes et de longues veilles, et quelquefois d'autres peines plus rudes. De sorte qu'il faut, par nécessité, que celui qui a passé par tous les différens colléges, les différens ordres et les différens degrés du sérail, soit un homme. extraordinairement mortifié, patient et capable de supporter toutes sortes de fatigues, et d'exécuter toutes sortes de commandemens, avec plus de soumission et d'exactitude, que ne font les capucins ou les autres religieux dans leur noviciat. Ce qui devroit faire croire, selon toute apparence, que ces hommes nourris toute leur vie dans la servitude, ont l'esprit tellement abattu, qu'ils sont plus propres à obéir, quand ils sortent du sérail, qu'à commander, ou que la joie de se voir dans une condition libre et hors de leurs souffrances passées, doit les rendre insolens et leur faire perdre la raison, quand ils sont élevés à de grands emplois.

Quand les élèves sont quasi hommes faits, vigoureux et capables de faire des exercices. où il faut de la force, on leur apprend à manier une pique ou une lance, à jetter la barre de fer, à tirer de l'arc et à lancer le gérit, ou le dard. Ils s'occupent plusieurs heures chaque jour à ces sortes d'exercices, soit qu'ils s'appliquent à tous ou à quelqu'un d'eux; et les eunuques les punissent sévèrement, s'ils remarquent qu'ils se relâchent ou qu'ils les négligent. Il y en a plusieurs entre eux qui emploient une grande partie du temps. à bander un arc, à quoi ils s'appliquent par degrés, commençant par un foible, et puis par un plus fort, et finissant par un très-mal-aisé. Par cet exercice et usage continuel, ils parviennent à pouvoir bander un arc, d'une force extraordinaire, ce qu'ils font plutôt par adresse et par coutume que par force. Ces exercices qu'ils pratiquent ainsi incessamment, les rendent très-vigoureux, très-dispos, très-sains et très-propres, pour la guerre et pour toutes sortes d'emplois où il faut agir. Le manège est un de leurs principaux exercices, c'est-là où leur apprend à se tenir de bonne grâce à cheval, à le manier adroitement, et à tirer

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