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de 1756. Ni l'une ni l'autre de ces puissances n'en a encore retiré aucun avantage; les services qu'elles se rendront, les uniront plus. étroitement. On pourroit prédire le sort de cette alliance, si on osoit prévoir le sort de la Prusse, sous les successeurs du prince qui la gouverne actuellement.

La maison d'Autriche, la Pologne, la Russie et la république de Venise forment une barrière que les Turcs ne peuvent forcer. On ne sauroit même douter que ces quatre puissances né fussent en état de repousser le grand seigneur en Asie, s'il étoit de l'intérêt des autres princes chrétiens de leur laisser exécuter une pareille entreprise, ou si elles-mêmes elles étoient assez peu prudentes, pour en former le projet. La Porte conservera les possessions qu'elle a acquises. en Europe, parce qu'elle ne pourroit les perdre, sans trop agrandir quelques. puissances. Il importe d'ailleurs à tous les peuples. qui font le commerce du Levant, que Grèce et les autres provinces de la domination Ottomane soient entre les mains d'une nation oisive, paresseuse, et qui ignore l'art de tirer parti des avantages que lui présente

sa situation.

la

Dans la guerre célébre qui fut terminée par la paix de Carlowitz, la Pologne et Venise se seroient sans doute hâtées de faire leur accommodement avec le grand seigneur; elles auroient même dû lui fournir des secours, si les armées de l'empereur Léopold eussent été en état de marcher à Constantinople et de s'en emparer. Ces deux républiques n'ignorent pas que leur sûreté dépend d'une certaine rivalité entre la cour de Vienne et de la Porte. Si le Turc accabloit la maison. d'Autriche, les domaines les domaines que les Vénitiens possèdent en Dalmatie, leur seroient bientôt enlevées, et les Polonais auroient de vives allarmes pour la Podolie et les provinces. voisines. D'un autre côté, la cour de Vienne ne sauroit triompher de l'Empire Ottoman, et conserver en même temps assez de modération pour ne pas vouloir dominer sur le golfe Adriatique, et ne point traiter les Polonais avec autant de hauteur, qu'elle a aujourd'hui pour eux de ménagemens.

Indépendamment des règles fondamentales de la politique, qui ordonne toujours à un peuple de cultiver l'amitié de ses voisins, sans cesser de s'en défier; je dis que dans la situation présente des choses, situation

qui vraisemblablement durera long-temps, les Vénitiens et les Polonais ne doivent songer qu'à vivre en bonne intelligence avec la Porte. Elle ne peut leur donner aucun ombrage, depuis l'agrandissement des forces de la Russie, et par conséquent les motifs. qui les portèrent dans le dernier siècle à se liguer avec l'empereur Léopold, pour faire

la

guerre à Mahomet IV, ne subsistent plus aujourd'hui. Leur gouvernement ne leur permet pas d'espérer de grands succès à la guerre; et ils ne pourroient l'entreprendre qu'avec le secours de quelques alliés, qui, étant plus puissans qu'eux et plus propres à faire des conquêtes, en retireront toujours le principal avantage. D'ailleurs, que ces deux republiques ne soient inquiètes, ni du sort de la maison d'Autriche, ni du sort de l'Empire Ottoman. Ces deux puissances peuvent se faire des plaies considérables; mais l'une ne ruinera point l'autre. Que les Polonais et. les Vénitiens soient sûrs qu'indépendamment d'eux, assez d'autres états travailleront à entretenir l'équilibre de la Hongrie.

Dans le temps même que la Russie ne jouissoit presque d'aucune considération auprès des princes chrétiens, elle étoit

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cependant respectée des Turcs. Que doit-ce donc être aujourd'hui que cette puissance, formée par Pierre-le-Grand, a développé en elle des forces qu'elle ne connoissoit pas, domine sur le Nord, et influe dans toutes les affaires de l'Europe? De quelque supériorité cependant, que la cour de Pétersbourg puisse se flatter, il est de son intérêt d'entretenir la paix avec la Porte; doit-on songer à faire des conquêtes, quand on est plus puissant que ses voisins? Ne seroit-il pas insensé d'en tenter, quand on règne sur de vastes provinces, dont plusieurs ne sont que des déserts? Les liaisons de la Russie avec les Turcs, lui donneroient de la considération auprès de ses autres voisins. D'ailleurs, les Polonais lui refusant le passage sur leurs terres, pour porter l'effort de ses armes en Moldavie, elle est obligée de se tourner du côté des Palus Méotides et du pays des Tartares; et la guerre ne se peut faire dans ces contrées qu'avec des frais immenses: les Russes s'y consumeroient à faire des conquêtes pénibles

et inutiles.

Si les forces de la cour de Vienne lui permettent d'espérer des succès que la Pologne ni Venise ne peuvent se promettre; si la

situation de ses domaines la met en état de faire la guerre à la Porte beaucoup plus commodément que les Russes; si enfin, la Hongrie riche, fertile, abondante et propre à former un royaume florissant, n'est point un pays où des conquêtes soient à charge; il en résulte que le grand seigneur doit regarder la maison d'Autriche comme sa principale ennemie; c'est contr'elle qu'il doit tourner cette ambition, qui lui est prescrite par le livre de sa loi. Pour n'avoir pas à la fois plusieurs ennemis, il est donc de son intérêt de mettre à profit les dispositions favorables, dans lesquelles les Polonais et la république de Venise sont à son égard, et de dissiper les soupçons inquiets qu'il inspire

à la Russie.

Qu'on ne me fasse pas un crime de révéler à une cour infidelle ses véritables intérêts, relativement aux puissances chrétiennes; les écrits politiques ne changeront point la face du monde; car ils n'en changeront pas les passions. Mon ouvrage ne sera point porté à Constantinople, et quand il seroit entre les mains du grand seigneur ou du visir, au lieu d'un conte Persan, la politique du sérail seroit encore la même. Je continue

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