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Mais si cela est vrai, comment se fait-il que les Boxers n'aient dirigé leurs coups que contre les missions et contre elles exclusivement, sur tout le territoire qui a été le théàtre de leurs méfaits ?

Oui ! pas un seul commerçant, pas un seul industriel, pas un fonctionnaire n'a été molesté à aucuu moment. Toutes les attaques, toutes les razzias, toutes les destructions de maisons, toutes les violences, tous les massacres, je le répète, ont été dirigés contre les missionnaires et contre les missionnaires seuls.

Est-ce qu'il ne vous apparaît pas avec évidence que si la colère des Chinois et la recrudescence des troubles avaient eu pour raison ou pour prétexte les causes dont a parlé M. Guébriant, ils se seraient exercés contre les étrangers indistinctement. Les fonctionnaires au lieu d'y échapper, au lieu de continuer à être entourés du respect des populations, auraient été les premiers menacés. S'il n'a pas été ainsi, c'est bien que le mouvement boxer est une levée de boucliers anti-religieuse et non anti-européenne. Mais qui ne voit le péril pour tous dans l'avenir ?

Voilà ce que nous ménagent les missionnaires, et déjà se formulent leurs réclamations, et c'est au règlement de ces litiges que va s'épuiser toute l'activité de nos consuls, qui auraient cependant mieux à faire pour la défense des intérêts économiques et politiques de la République française.

Les missionnaires en Chine produisent l'effet d'un corps étranger dans un organisme peu disposé à le supporter. Ils y causent de l'irritation pour toutes sortes de motifs que j'ai essayé d'indiquer l'année dernière. Je n'y reviendrai pas à une heure où ce débat paraît épuisé et où je veux me garder de la responsabilité de retarder le vote du budget. Au surplus, il y a été fait allusion assez souvent dans la discussion d'aujourd'hui. Je crois que ce sont là les causes des difficultés que nous rencontrons. Aussi avec une insistance qui ne pouvait venir que d'une forte conviction, je demandais au gouvernement de mon pays d'abandonner un protectorat devenu une arme à deux tranchants... Je parle de ce prolongement de notre protectorat sur l'Extrême-Orient, de ce protectorat qui n'et pas fondé sur les capitulations comme notre protectorat d'Orient, qui n'a pas de base légale, qui n'est qu'un protectorat de consentement mutuel, qui résulte des faits beaucoup plus que des textes et dont il ne reste presque plus rien depuis l'acte de 1899, depuis que vous avez hiérarchisé l'église catholique en Chine et que vous en avez imposé la reconnaissance légale au Gouvernement chinois.

Aujourd'hui nous n'avons plus réellement qu'une bribe de l'ancien protectorat; et ce qui nous en reste, ce sont les charges et les dangers, sans les avantages et sans l'honneur. La sagesse veut que nous l'abandonnions pour le plus grand succès de notre effort économique en Extrême-Orient et pour la plus grande sécurité de nos relations extérieures.

M. le comte de LANJUINAIS.

hâte pas de le recueillir!

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Abandonnez-le, et vous verrez si l'Italie ne se

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Et l'Allemagne aussi !

M. le Marquis de LA FERRONNAYS.
M. LE RAPPORTEUR. L'Italie sait très bien qu'elle ne peut pas plus prendre
le protectorat d'Extrême-Orient que nous ne pouvons utilement le conserver.
A l'heure actuelle, les différentes puissances qui exercent leur action dans
ARCHI. DIPL. 1903. 3° SÉRIE. TOME LXXXV.

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le monde, au-delà de leurs frontières, entendent rester les protectrices nées et naturelles de leurs nationaux. Aucun pays ne peut plus se targuer d'être seul, comme nous avons pu l'être en d'autres temps, à défendre toute la chrétienté, qu'elle que soit la nationalité des protégés.

Les faits relatifs aux missions allemandes du Chantoung, les récents incidents de Jérusalem, où l'Italie a revendiqué la protection de ses nationaux, comme l'Allemagne avait réclamé la défense des siens, montrent assez clairement la vérité de mon assertion, en même temps que la politique qui s'impose à la République française.

Je ne voudrais pas terminer sans répondre à l'accusation de M. Denys Cochin de n'avoir pas donné aux actes des missionnaires lors de la dernière campagne de Chine leur véritable physionomie.

Notre collègue ne voit là que l'acte excusable d'un prélat ayant charge d'âmes et prenant, là où il le trouve, chez ses adversaires, l'argent qui doit lui procurer les ressources nécessaires. Il n'en est pas ainsi.

Le fait est malheureusement exact du pillage du palais du prince Li, par les missionnaires sous la direction de l'évêque Favier. . . . .

Le rapport Voyron est connu de tous les Membres de la Commission du budget. Je ne puis d'ailleurs oublier sous quelles réserves il a été communiqué à la Commission et à moi-même, et personne ne saurait me reprocher de respecter l'engagement pris. . . . .

On sait que les actes de pillage qui ont été reprochés aux missionnaires sous la conduite de l'évêque de Pékin sont consignés dans le rapport officiel du général Voyron.

Il est certain, d'autre part, qu'il n'y a dans ce rapport ni accusations, ni atténuations, mais la constatation loyale des faits tels qu'ils se sont passés. Ils parlent d'eux-mêmes.

Le pillage a été organisé par les missionnaires, aidés de soldals appelés à leur service; il a été ensuite régularisé sous forme de prises de guerre, conformément aux règlements militaires, règlements détestables, qui ne sont plus de notre temps, et qui devraient être extirpés, comme le demande énergiquement le général Voyron lui-même, de notre code militaire. M. le lieutenant-colonel DU HALGOUET. C'est fait.

M. LE RAPPORTEUR. - Voilà la vérité sur cet incident. C'est un fail particulier, mais que prouve-t-il en réalité ? Il prouve que les missionnaires peuvent être à de certains moments entraînés à de coupables agissements auxquels ils semblent se croire autorisés par l'idée qu'ils se font de leur puissance et de leurs droits.

Ceux qui ont eu le loisir de lire dans mon rapport ce qui a trait aux documents que nous devons à un marin dont vous ne contesterez pas les sentiments très chrétiens, le contre-amiral Cloué, commandant en chef de la division du Pacifique, à la suite de l'enquête de M. le capitaine de vaisseau Aube...

M LEFAS.- Vous ne connaissez pas ce volume, il vous contredit formellement; je l'ai d'ailleurs entre les mains.

M. LE RAPPORTEUR..... auront pu se rendre compte, non pas d'après tel ou tel livre, monsieur Lefas, mais d'après des documents absolument officiels,

quels sont les procédés et les habitudes des missionnaires, et auront certainement conclu avec lui que lorsque les missionnaires se trouvent dans des régions où ils ont à subir la concurrence d'autres missionnaires, ils se réclament hautement de leur qualité de Français, ils arborent le drapeau tricolore, et ne manquent pas de s'en couvrir pour s'assurer l'appui de la France.

Au contraire, lorsqu'ils sont libres de leurs actes, l'orsqu'ils n'ont pas à redouter la concurrence de missions rivales, ils exercent une véritable tyrannie sur les populations au milieu desquelles ils se trouvent, poursuivant avec la même âpreté, avec toutes les ardeurs de leur proselytisme, la domination des âmes et la conquête violente des avantages matériels, à tel point qu'on a vu des îles du Pacifique désertées par leurs populations qui fuyaient la tyrannie des missionnaires.

Ce n'est pas moi qui apporte ces faits et qui formule ces appréciations, c'est le contre-amiral Cloué lui-même, à la suite d'un rapport très circonstancié, très documenté du commandant Aube dont l'Amiral Cloué fait d'ailleurs le plus grand éloge.

Ce rapport officiel, adressé à M. le Ministre de la Marine, ne jette-il pas un jour particulier sur la façon de se conduire et de procéder des missionnaires dans les contrées où ils se rendent ?

Quoi d'étonnant que dans un pays si longtemps fermé, susceptible comme la Chine, ou il n'y a pas de religion, mais seulement des coutumes, des cérémonies, des rites et beaucoup de superstitions, où le culte des ancêtres est la seule religion professée, dans un pays aussi septique, les habitudes des religieux, leur ingérence, les pratiques de leur culte, leur prosélytisme, leur façon de faire de la mission, au prix du baptême, le refuge de tous ceux qui ont maille à partir avec les mandarins ou avac le fisc, puissent provoquer ces mouvements violents par lesquels l'organisme chinois cherche à se débarrasser de ces corps étrangers, dont la présence les gêne et souvent les exaspère ? Voilà ma réponse.

Messieurs, je m'excuse d'avoir été entraìné plus loin que je ne l'aurais désiré, je m'excuse surtout de la hâtive improvisation à laquelle j'ai été obligé de me livrer. Je m'en excuse devant la Chambre parce que, quand j'ai l'honneur de prendre la parole ici, je tâche toujours, par une préparation suffisante, que mes paroles répondent aussi exactement que possible à ma pensée. Si dans cette discussion trop imparfaite, un peu décousue, j'ai pu, soit dans les termes où se formulait ma pensée, soit dans les idées, qui auraient pris une forme excessive, soulever les susceptilités de mes collègues, je me hâte de le regretter. Mon excuse, messieurs, est dans la sincérité de cette conviction profonde que l'intérêt et le devoir de la République française sont de poursuivre dans le monde, aussi bien qu'en Extrême-Orient et en Orient qu'en Occident, la diffusion de notre influence par l'étude de notre langue, par la création d'écoles et par l'institution d'hôpitaux, mais que ce n'est pas à des congrégations qu'il faut confier cette haute mission; qu'ils faut la confier à nos maîtres laïques, à nos médecins, à nos architectes, à nos ingénieurs, à tous ceux qui, ayant au loin apporté véritablement l'esprit français, y feront apparaître notre France dans le pur rayonnement de son véritable génie ! M. LE PRÉSIDENT. La parole est à M. Denys Cochin.

M. DENYS COCHIN. Je demande à la Chambre de me permettre de répondre quelques mots, et je vais être d'accord avec M. le rapporteur. Je ne parle plus des missionnaires. Sur eux nous avons notre opinion arrêtée. La seule chose qui me distingue de mon honorable collègue, c'est qu'il ne veut pas de missionnaires lorsque je les défends, qu'il veut des ingénieurs, des médecins et des architectes, alors que j'en veux tout autant que lui.

Donc, je ne parle plus des missionnaires, mais je m'attache aux premières paroles de M. le Rapporteur, paroles fort graves.

Le patriarche orthodoxe aurait interdit aux enfants qui sont sous sa juridiction, et tous ceux sur lesquels il peut avoir de l'influence, d'aller dans les écoles des autres confessions.

Je réponds d'abord à M. le Rapporteur que je me permets de croire que, les écoles fussent-elles laïques, le patriarche orthodoxe aurait donné les mêmes instructions; seulement je m'émeus de ces instructions et je me demande ce qu'elles signifient. Je parle ici, non du protectorat d'Extrême-Orient qui, comme vous l'avez dit très bien, repose sur des traditions et non sur des actes positifs, mais de ce protectorat du Levant qui repose sur des traités. Si jamais nous devons y renoncer ce qu'à Dieu ne plaise il devrait ètre échangé contre autre chose. Nous ne pouvons renoncer à des droits écrits sans compensation. Je parle donc de ces droits que nous exerçons en vertu de traités dans le Levant.

Je m'adresse, en même temps qu'à M. le rapporteur, à M. le ministre ; je m'inquiète de voir que ce protectorat est depuis quelque temps fort battu en brèche; que parmi les puissances celles qui, peut-être devraient avoir le soin le plus jaloux de ne pas marcher sur nos plates-bandes, de ne pas trop s'occuper de propager leur influence là où nous avons l'intention de maintenir la nôtre, n'évitent pas toujours avec un soin assez scrupuleux de nous porter ombrage.

Je n'ai pas besoin de me livrer à des logogriphes ni de vous donner à deviner des rebus. Je suis partisan et ami résolu de l'alliance russe; mais j'ai dit autrefois et je rappelle mes paroles, que l'amitié de la France avait ses charges lorsque deux amis sont liés, chacun doit prendre les convenances de l'autre ; il n'est pas juste qu'un seul prenne les charges agréables, sans doute, mais quelquefois lourdes de l'amitié.

Nous avons un protectorat en Syrie et ici je demande à mes collègues de l'extrême gauche de me faire la gràce de ne pas m'arrêter quand je dirai que ce protectorat est surtout catholique, et que si l'on parle surtout français dans ce pays, c'est à cause des écoles catholiques qui y existent. Les choses étant ainsi, nous devons nous inquiéter de voir s'élever contre nous, contre le protectorat des Latins un protectorat des Grecs qui s'affirme de jour en jour davantage. Depuis cinq ou six ans, depuis le temps des grandes discussions au sujet de l'Arménie, la politique de nos voisins et alliés à bien changé : cette politique autrefois si dure pour les dissidents et les Grecs du temps du prince Lobanof, aujourd'hui plus humaine, et — je m'en félicite plus courtoise, tiendrait-elle à établir contre le protectorat des Latins, que nous revendiquons, un protectorat des Grecs orthodoxes ou non, que d'autres exerceraient, et qui gagnerait peu à peu sur le nôtre.

Voilà les questions sur lesquelles mon attention a été appelée par les paroles de M. le rapporteur lorsqu'il a parlé du mauvais procédé du patriarche orthodoxe.

Je ne vois pas dans l'acte de ce patriarche une mesure cléricale catholique, d'autant plus qu'il n'est pas catholique, mais je suis tenté d'y voir un acte spécialement anti-français et dirigé contre le protectorat latin que nous exerçons.

A un point de vue tout à fait différent de celui que signalait M. le rapporteur, mais qui ne peut échapper à sa compétence en matière d'aflaires étrangères, je signale avec lui le fait à M. le Ministre des affaires étrangères et je lui demande si très fermement, dans les conversations qu'il aura, il ne défendra pas les droits de l'influence que nous tenons de notre protectorat latin contre lequel je ne voudrais pas voir élever un protectorat orthodoxe. M. Henri MICHEL (Bouches-du-Rhône). Je viens confirmer les observations qui ont été tout à l'heure présentées à la Chambre par M. le rapporteur du budget des affaires étrangères à propos de ce qui se passe, non pas en Extrême-Orient mais dans le Levant.

Je le ferai avec un document qu'un certain nombre d'entre vous ont sans doute reçu, document rapidement analysé par mon collegue et ami M. Dubief, dans son remarquable rapport, mais que je crois utile de mettre plus fortement en relief qu'il n'a jugé à propos de le faire lui-même, peut-être pour ne pas rompre l'harmonie de ce rapport par de plus longs développements sur ce point particulier.

Vous ne me direz pas, par conséquent, que j'invente quoi que ce soit; ce ne sont pas des faits tirés de l'imagination, ce sont des faits que vous trouverez relatés dans une brochure que beaucoup d'entre vous ont certainement entre les mains.

Cette brochure, adressée à MM. les sénateurs et députés du bloc républi cain, est intitulée : « Les congrégations religieuses et l'influence française en Syrie ». L'honorable M. Denys Cochin conviendra que je suis bien dans le sujet :

« Grâce, disent les auteurs de cette brochure, à la princière générosité du gouvernement de la République française, Beyrouth a le rare bonheur de posséder une Faculté de médecine et de pharmacie dirigée par les mèmes révérends pères jésuites dont les établissements viennent d'être fermés en France. Il est vrai que Byrouth se trouve à 33 degrés de longitude Est de la rue de Vaugirard. Dans cette Faculté, où les élèves même schismatiques sont obligés d'assister à la messe... »

Notez ce point, messieurs, il importe de le souligner :

« Les élèves même schismatiques sont obligés d'aller à la messe. » C'est déjà grave, messieurs, d'obliger les élèves, même schismatiques, à aller à la messe, et la Chambre conviendra avec moi, que c'est une singulière façon d'observer ce qu'on appelle la neutralité scolaire. Mais voici qui vaut mieux. Vous allez voir de quelle manière élégante et distinguée ces gens-là c'est l'expression des auteurs de la brochure pour désigner les jésuites parlent de nos plus grands penseurs et de nos plus illustres écrivains en France. On nous dit quelquefois que nous ne nous servons pas toujours ici

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