Слике страница
PDF
ePub

ce que le Gouvernement de la République n'eût pas dans notre récent Livre jaune sur la Macédoine, marqué assez d'intérêt à l'élément grec de la région macédonienne. M. d'Ormesson a répondu au Ministre des Affaires étrangères, en conformité avec mes vues, que nous ne demandons de privilèges pour personne en Macédoine, mais une condition tolérable pour tous.

Je crois utile de vous faire part de ces indications à titre d'information.

DELCASSÉ.

N° 15

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

à M. Constans, Ambassadeur de la République française à Constantinople.

Paris, le 17 février 1903.

Je viens de recevoir, des Ambassadeurs de Russie et d'Autriche-Hongrie, le texte du projet de réformes pour la Macédoine, que M. Zinovief et le Baron de Calice doivent remettre à la Sublime-Porte. Dans la ponsée des Gouvernements de Russie et d'Autriche-Hongrie, qui est aussi celle du Gouvernement de la République, ce programme, simple et pratique, a pour objet essentiel de parer aux nécessités urgentes, et d'améliorer immédiatement la condition matérielle des populations de la Macédoine. Mais il n'a pas la prétention d'être définitif et n'exclut nullement la recherche d'autres réformes qui consolideraient el compléteraient l'œuvre commencée.

Je vous prie de recommander instamment au Sultan l'application de ce programme.

DELCASSÉ.

No 16

!

M. Bourgarel, Ministre plénipotentiaire, Chargé de l'Agence et
Consulat général de France à Sofia,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Sofia, le 18 février 1903.

Mes derniers télégrammes ont fait connaître à Votre Excellence les mesures de répression que le Gouvernement bulgare s'est enfin décidé à prendre contre les Comilés macédoniens.

C'est à sa réception hebdomadaire de samedi dernier que M. Daneff, profi tant de la présence simultanée au Ministère des Affaires étrangères de tous les chefs de mission accrédités à Sofia, nous a annoncé la décision de son Gouvernement.

Il était visible que sa détermination lui coûtait et qu'il ne l'avait prise qu'à contre-cœur et sous la pression de circonstances inéluctables. Il insista beaucoup sur ce fait que l'attitude du Gouvernement à l'égard des Comités était uniquement due aux renseignements rapportés par le Ministre de l'Intérieur à son retour de la tournée d'inspection qu'il vient d'effectuer sur la frontière. Ce préambule avait certainement pour objet de répondre à une information sensationnelle publiée la veille dans les journaux de Sofia et d'après laquelle

le Commissaire Impérial ottoman aurait, d'ordre de son Gouvernement, remis à M. Daneff une note protestant contre la tolérance dont les Comités étaient l'objet de la part du Gouvernement princier, en ajoutant que, s'il n'y était pas mis fin, la Turquie se verrait forcée d'en faire un « casus belli ».

Dans un entretien privé que j'ai eu quelques instants après avec lui, le Président du Conseil m'a déclaré, de la façon la plus catégorique, que jamais pareille communication ne lui avait élé adressée. — Ali-Ferrouh-Bey m'a dit, de son côté, que, s'il était vrai que des notes assez aigres avaient été échangées en ces derniers temps entre le Commissariat Impériaf et le Gouvernement Princier, il était faux qu'aucune de celles qu'il avait adressées à M. Daneff eût jamais revêtu la forme comminatoire d'un ultimatum. Les mesures annoncées ont été exécutées sans retard. Tous les Comités tant à Sofia qu'en province, ont été dissous et les scellés apposés sur leurs papiers et sur les locaux où ils tenaient séance. Les principaux chefs ont été mis en état d'arrestation; pour ne parler que des plus connus, M. Michailowski, malade, a été, après une détention de quelques heures, ramené dans sa maison où il est gardé à vue; M. Zontcheff est interné à Drenovo et le général Yankoff à Baltchik, ainsi que M. Stanicheff. Tous sont déférés aux Tribunaux. Quand à MM. Nicoloff et Boris Sarafoff, on n'a pu encore découvrir leur retraite on croit que le dernier est en Macédoine.

Ces événements, s'ils ont surpris tout le monde, ne paraissent pas avoir causé ici une impression aussi vive qu'on aurait pu le craindre. Un meeting de protestation qui s'est tenu dimanche en plein air n'avait altiré qu'une foule indifférente et n'a soulevé aucun incident. Au Sobranie, les interpellations se succèdent depuis trois jours; M. Daneff y a déjà répondu en montraut les raisons politiques qui ont dicté sa conduite, et M. Radeff. Ministre de la Justice, en développant les arguments juridiques sur lesquels s'est appuyé le Gouvernement pour agir comme il l'a fait. La liste des interpellateurs n'étant pas épuisée au moment où j'écris ces lignes, le Cabinet n'a pu encore demander à la Chambre le bill d'indemnité qu'il se propose de solliciter et qui, vraisemblablement, lui sera accordé par une majorité qui semble vouloir lui demeurer fidèle.

Quoi qu'il en soit, l'énergique détermination à laquelle vient de s'arrêter le Gouvernement princier ne peut qu'être très favorable à la cause de la paix, et elle paraît, malgré tout, avoir déjà produit une détente salutaire. Il convient donc de savoir gré à M. Daneff d'avoir eu le courage de la prendre et d'avoir su sacrifier ses sentiments intimes et sa popularité aux intérêts, bien entendu, de la Bulgarie et de la Macédoine. Il serait naturellement téméraire d'assurer qu'elle suffira pour faire cesser d'un seul coup toute agitation de l'autre côté des Rhodopes, mais, en privant les agitateurs de leurs plus fermes points d'appui et en supprimant la plus dangereuse des causes de conflit entre la Turquie et la Bulgarie, elle facilitera, à n'en pas douter, la tâche pacificatrice des Puissances et leur action à Constantinople en vue de l'adoption par le sultan des réformes projetécs.

[ocr errors]

N° 19

M. Steeg, Consul de France à Salonique,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Salonique, le 8 février 1903.

La publication du dernier Livre jaune qui, d'ailleurs, n'est connu jusqu'à présent à Salonique que par quelques extraits publiés par des journaux français, a produit dans ce pays une profonde impression. J'ai recueilli de plusieurs côtés, notamment de la part de notables grecs de Salonique, l'expression de la vive gratitude de la population chrétienne, heureuse de voir que le Gouvernement de la République n'a pas été le dernier à s'occuper d'alléger ses souffrances.

[ocr errors][merged small]

M. Constans, Ambassadeur de la République française à Constantinople,

à M Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Péra, le 23 février 1903.

Je suis heureux d'annoncer à Votre Excellence qu'une décision du Conseil des Ministres, rendue la nuit dernière et approuvée par iradé impérial de ce jour, accepte l'ensemble des réformes proposées par les Gouvernements Austro-Hongrois et Russe sans aucune modification. Le Grand-Vizir lui

même m'en a donné l'assurance.

N° 19

CONSTANS.

M. Bompard, Ambassadeur de la République française à SaintPétersbourg,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Saint-Pétersbourg, le 25 février ¡903.

J'ai l'honneur d'adresser, ci-joint, à Votre Excellence le texte français d'un communiqué qui a paru ce matin au Messager Officiel et qui donne une analyse détaillée du projet austro-russe de réformes que le Sultan vient d'accepter pour l'administration des trois vilayets de la Turquie d'Europe.

ANNEXE

La communication officielle du 30 novembre de l'année dernière a fait connaître les décisions prises par la Russie au début même des troubles dans la péninsule balkanique, pour éviter des complications possibles dans la Turquie d'Europe.

Le Gouvernement Impérial, ayant suivi avec une constante sollicitude la vie politique des populations coreligionnaires de la Russie, a été informé à

temps par ses agents de l'état réel des choses et n'a cessé d'attirer l'attention la plus sérieuse de la Porte sur la nécessité urgente d'améliorer la situation des habitants chrétiens des vilayets de Salonique, Kossovo et Monastir.

L'Ambassadeur de Russie à Constantinople, appelé à Yalta au mois d'octobre de l'année dernière, a été chargé d'élaborer un projet des réformes les plus urgentes, et de signaler à la Porte l'impérieuse nécessité de mettre celles-ci à exécution, afin d'écarter dans leur source les causes de mécontentement parmi ses sujets.

C'est dans ce même sens qu'à été faite une communication à l'Ambassadeur extraordinaire ottoman Turkhan-Pacha, envoyé par le Sultan à Livadia pour saluer S. M. l'Empereur.

Le Gouvernement ottoman s'est déclaré prêt à suivre ces conseils amicaux. Un iradé du Sultan, promulgué en novembre 1902, concernant les réformes dans les provinces européennes de la Turquie, n'a pas présenté toutefois des garanties suffisantes pour l'amélioration nécessaire du sort de la population chrétienne; aussi n'a-t-il pas atteint le but poursuivi l'apaisement général. D'un autre côté, malgré les conseils bienveillants donnés aux Etats balkaniques, l'action subversive des comités révolutionnaires a continué a produire ses effets néfastes en incitant la population à un soulèvement contre l'autorité légale.

En raison de cette situation alarmante. S. M. l'Empereur a daigné charger le Ministre des Affaires étrangères, au commencement de décembre de l'année dernière, de se rendre dans les capitales de la Serbie et de la Bulgarie pour transmettre au roi Alexandre et au prince Ferdinand, en l'auguste nom de Sa Majesté Impériale, une communication dans le sens suivant :

La Russie, qui, de tout temps, a témoigné l'intérêt le plus vif pour le sort des populations chretiennes de la Turquie, consacre en ce moment même tous ses efforts à engager le Gouvernement ottoman à introduire le plus tôt possi- ble des réformes dans les trois vilayets d'Europe. Pour remplir avec succès cette tâche, il est également nécessaire que, de leur côté, les États slaves, prenant les mesures en leur pouvoir pour sauvegarder la tranquillité dans la péninsule balkanique, réagissent contre des troubles dangereux et toutes menées révolutionnaires. Ce n'est qu'à ces conditions qu'ils peuvent compter fermement sur le puissant appui de la Russie.

S. M. le Roi de Serbie et S. A. le Prince de Bulgarie, en réponse aux conseils qui leur ont été donnés au nom de Sa Majesté l'Empereur, n'ont pas manqué d'assurer le Secrétaire d'État comte Lamsdorff que leurs gouvernements s'appliqueraient. en conformité des indications bienveillantes du Monarque russe, à mettre fin à toute agitation ultérieure de la part des sociétés et des comités révolutionnaires, dans l'attente des résultats de l'action de la Russie en faveur des populations chrétiennes de l'Empire ottoman. Ces promesses ont été remplies, et le Gouvernement impérial n'a pas manqué de témoigner sa complète approbation au Gouvernement bulgare pour les mesures prises par lui ces derniers temps contre les comités révolutionnaires.

Après sa visite en Serbie et en Bulgaric, le Secrétaire d'État comte Lamsdorff, d'autorisation de S. M. l'Empereur, s'est rendu à Vienne, où ont eu ARCH. DIPL., 1903. 3° SÉRIE.

TOME LXXXV.

19

}

lieu entre les Ministres des Affaires étrangères des deux Empires voisins et amis conformément à l'arrangement de 1897, des conférences spéciales qui ont abouti à la fixation des principes généraux devant servir de bases aux réformes projetées dans les trois vilayets turcs.

Lè programme commun, ainsi établi, a été communiqué au commencement de janvier dernier aux Ambassadeurs de Russie et d'Autriche-Hongrle à Constantinople, lesquels ont été chargés, après un examen des conditions locales, d'élaborer sur cette base un projet plus détaillé de mesures ayant pour objet une amélioration efficace du sort de la population des provinces de Salonique, Kossovo et Monastir.

Le projet élaboré par le conseiller privé actuel Zinoview et le baron de Calice a reçu l'approbation des deux gouvernements et a été ensuite communiqué confidentiellement le 4 (17) février courant aux grandes Puissances signataires du traité de Berlin de 1878, avec prière, dans le cas où elles se montreraient favorables aux réformes projetées, de prêter leur concours aux démarches instantes de la Russie et de l'Autriche-Hongrie à Constantinople. La France. l'Italie, l'Allemagne et l'Angleterre se sont déclarées entièrement prêtes à appuyer auprès de la Porte le projet de réformes élaboré par la Russie et l'Autriche-Hongrie. Les Ambassadeurs russes et autro-hongrois ont été chargés ensuite, au nom de leurs gouvernements, de remettre au Sultan ce projet de réformes, qui, dans ses traits généraux, se présente comme suit:

Pour assurer le succès de la mission contiée, en vertu de l'iradé du Sultan, à l'inspecteur général, celui-ci sera maintenu à son poste pour une période de plusieurs années, déterminée d'avance, et il ne sera pas révoqué avant l'expiration de cette période sans que les Puissances aient été préalablement consultées à ce sujet. Il aura la faculté de se servir, si le maintien de l'ordre public le rend nécessaire, des troupes ottomanes, sans avoir chaque fois recours au gouvernement central.

Les valis seront tenus de se conformer strictement à ses instructions.

Pour la réorganisation de la police et de la gendarmerie, le Gouvernement ottoman se servira du concours de spécialistes étrangers. La gendarmerie sera composée de chrétiens et de musulmans dans une proportion` analogue à celle des populations des localités en question.

Les gardes champêtres seront chrétiens là où la majorité de la population est chrétienne.

Vu les vexations et les excès dont la population chrétienne n'a que trop souvent à souffrir de la part de certains malfaiteurs arnaoutes, et vu que les crimes et délits commis par ces derniers restent, dans la plupart des cas, impunis, le Gouvernement ottoman, avisera sans retard aux moyens de mettre fin à cet état de choses.

Les nombreuses arrestations opérées à la suite des derniers troubles dans les trois vilayets, y ayant. excité les esprits, le Gouvernement ottoman, pour accélérer le retour à une situation normale, accordera une amnistie à tous les accusés ou condamnés pour faits politiques, ainsi qu'aux émigrés.

Pour assurer le fonctionnement régulier des institutions locales, un budget des revenus et des dépenses sera dressé dans chaque vilayet, et les percep

[ocr errors]
« ПретходнаНастави »