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présentement dans le parlement, mais ils le sont fort dans Londres, et c'est par l'intrigue du sieur Algernon Sidney que l'un des deux échevins nommé Bethel a été élu.

Le Duc de Buckingham est aussi dans ce parti, et croit même être à sa tête. Il y est en effet, quant à l'apparence; mais dans le fond c'est le docteur Hoes, qui est comme le patriarche des sectaires. et le sieur Pen est le chef des trembleurs. Ce dernier est un homme de beaucoup d'esprit, fils d'un vice-amiral d'Angleterre, et est fort riche : il est assurément à la tête d'un fort grand parti, quoiqu'il ne paraisse pas dans les assemblées publiques dont ils sont exclus...

Le service que je puis tirer de Sidney ne paraît pas; car son commerce est avec des gens obscurs et cachés; mais il est intime ami du sieur Jonnes, qui est l'homme le plus savant dans les lois de l'Angleterre. Il sera Chancelier, si le parti opposé à la Cour est supérieur, et que le Comte de Schafbery se contente de quelque autre place.

Harbord est le même que j'engageai dans l'affaire du grand trésorier. Il est ami de Montaigu; mais ils n'ont pas les mêmes liaisons avec le Duc de Montmouth. Au contraire, celui-ci a paru être dans les intérêts du Prince d'Orange. J'ai engagé par lui beaucoup de gens fort accrédités dans le

parlement et dans Londres; c'est un homme actif et vigilant, par qui j'ai de fort bons avis, et qui a fort envie de faire sa fortune au moyen de la France. Montaigu ne sait qu'une partie des liaisons que nous avons... Il y a d'autres gens dont je tire quelques services...

Le sieur Du Gros, Résident du Duc de Holstein, me donne aussi de fort bons avis. Il est fort ami de Mylord Cavendish, et a du pouvoir sur son esprit. Il a fait l'écrit que j'envoie à V. M.; je l'ai fait traduire en anglais pour en distribuer des copies. Ces sortes de libelles sont d'une grande utilité dans ce pays-ci. C'est ce même Du Cros qui fit, cet été, les remarques sur l'alliance avec l'Espagne, dont les Ministres furent fort fâchés, et auraient fort souhaité en découvrir l'auteur.

J'ai gagné un commis de Mylord Sunderland, nommé Le Pin, qui me donne quelquefois de bons avis. Je conserve toujours un bon commerce avec le Duc de Buckingham. Il a été assez malade; il se porte mieux à présent. Si les affaires s'aigrissent, comme il pourra bien arriver, il aura beaucoup de crédit dans Londres, et fera plus de bien qu'on ne l'imagine. Il a été à la chambre haute une fois. Il est ennemi du Duc de Montmouth, et par là il est en quelque façon pour le Duc d'Yorck. Mon principal soin et ma première

application ont été d'engager des gens accrédités dans le parlement, pour empêcher que les alliances ne fussent approuvées, et qu'on ne donnât de l'argent pour les soutenir. C'est l'intérêt présent de V. M.; mais à l'égard de l'avenir, je vois que ce que V. M. a le plus à cœur, est d'empêcher qu'il ne se fasse une réunion de l'Angleterre par un raccommodement de S. M. Britannique et de son parlement.

V. M. croit que l'élévation du Duc de Montmouth y peut contribuer beaucoup; ainsi j'ai cherché les moyens de le traverser et de reculer ses prétentions sans m'exposer à être soupçonné de favoriser le Duc d'Yorck. Il fut averti, il y a deux jours, par Herbert, qu'il était venu un courrier exprès du Prince d'Orange pour offrir à S. M. Britannique son secours, et tout ce qui est en son pouvoir, en cas que les affaires se brouillent ici. C'est ce qui a fondé le bruit que les États-Généraux offraient d'entrer dans tous les intérêts de S. M. Britannique. Cela est assez répandu dans le parlement et produit un mauvais effet pour eux. J'ai cru que je devais prendre ce temps-là pour fortifier encore le Roi de la Grande-Bretagne, en cas qu'il soit capable de prendre une bonne résolution, et lui ôter le scrupule que V. M. soit refroidie de l'aider, s'il était en une trop étroite liaison avec le Prince

d'Orange. Pour cela, j'ai chargé Mylord SaintAlban de lui dire que le désir sincère qu'a S. M. Britannique ne sera point retardé par la considération des intérêts du Prince d'Orange, et que V. M. consentira que les mesures qui seront prises entre elle et S. M. Britannique ne soient point contraires aux intentions du Prince; en un mot que l'union de la maison royale d'Angleterre ne sera point traversée par V. M., et que s'il y a des expédiens qui puissent faire subsister S. M. Britannique, sans se soumettre entièrement à ses sujets, V. M. les facilitera de sa part autant qu'il sera en son pouvoir. J'ai bien chargé Mylord Saint-Alban ; il 'm'a dit que le Roi de la Grande-Bretagne avait reçu cette ouverture avec beaucoup de joie, et qu'il l'avait chargé de m'en remercier; mais ce Prince ne s'est point encore ouvert sur la conclusion d'un traité, et par là il paraît qu'il n'est pas encore déterminé à casser le parlement.

J'ai cru, Sire, que l'avance que j'ai faite à S. M. Britannique ne pouvait produire qu'un bon effet. V. M. m'a donné ordre de favoriser plutôt la prétention du Prince d'Orange que celle de Montmouth. Je ne le pourrais faire dans le parlement sans me discréditer entièrement, et perdre le fruit de toutes les liaisons que j'y ai faites; mais les intentions de V. M.

auraient leur effet, si le Prince d'Orange emportait la balance dans l'esprit de S. M. Britannique sur le Duc de Montmouth.

Après ce que V. M. m'a mandé sur cela, je ne me donne plus la liberté de penser que l'élévation de Montmouth serait une occasion de trouble pour long-temps en Angleterre, entre deux familles qui prétendraient à la couronne. Je me renferme à ce que V. M. m'a prescrit, et je ne perdrai point l'occasion de traverser les prétentions du Duc de Montmouth, quand je pourrai le faire avec succès. Je reconnais que V. M. doit empêcher qu'il ne serve de prétexte à une réunion, et qu'il ne s'établisse en sa personne une royauté si faible, que ce serait dans le fond une république. C'est sur cela que je dirigerai ma conduite. Cependant je crois qu'il est de la prudence de ne rien faire paraître d'une telle intention, etc.

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