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La prudence des Rois qui les ont gouvernés successivement a employé tous ses soins pour les maintenir. Mais souvent le ciel a pris soin de la confondre par des accidens, qui troublent d'ordinaire toutes les nations de la terre, et qui font la haine de l'amitié et la guerre de la paix du monde la plus affermie.

Nous n'avons point vu de notre temps arriver entre ces deux États aucun de ces changemens qui ont paru si fréquens aux siècles passés. Et si c'est un coup du ciel, qui n'a pas permis que le Roi mon maître se joignît comme un ennemi étranger à cette foule d'ennemis domestiques qui s'étaient élevés contre V. M., je puis dire, Sire, que c'est encore un effet de cette sainte alliance renouvelée à son avénement à la couronne et une suite de cette amitié sincère qu'il garde à tous ses alliés.

C'est par elle qu'il a vu avec déplaisir toutes les révolutions malheureuses arrivées dans vos États, que depuis il a senti de la joie pour tous vos bons succès; qu'aujourd'hui il écoute avec admiration les bruits que la renommée répand dans le monde de tant de royales vertus qui éclatent dans la conduite de V. M. Et enfin, Sire, c'est par ce principe d'amitié sincère, établi depuis tant de siècles entre ces deux États, que le Roi, mon maître, a cherché à la renouer par

l'heureux mariage de Monsieur avec la Princesse d'Angleterre, sœur de V. M.

La manière obligeante avec laquelle V. M. lui a répondu, et les marques de bonne correspondance et union en toutes choses, qu'elle lui a fait donner par son Ambassadeur, lui fait espérer que cette amitié sera réciproque de la part de V. M., et qu'elle passera de vos personnes royales en celles de vos peuples pour le bien et pour le repos commun.

Et comme le Roi, mon maître, ne désire rien avec plus de passion que d'entretenir une bonne intelligence, il m'a envoyé à cette fin vers V. M. en qualité de son Ambassadeur, pour lui en donner toutes les assurances et pour m'employer près d'elle à divertir tous les obstacles qui pourraient la troubler. C'est à quoi, Sire, je m'emploîrai avec toute l'exactitude et tous les soins que mérite un ouvrage si nécessaire à l'utilité et au repos de tant de peuples.

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Discours d'entrée du Connétable de Castille, Ambassadeur Espagne près du Roi de France, Louis XIV, en 1701.

SIRE,

Je me présente à V. M. par ordre du Roi mon maître, et la reconnaissance qu'il témoigne à V. M. de la situation où elle l'a mis, s'expliquera un peu mieux par la lettre qu'il écrit à V. M. que par tout ce que je pourrais lui dire de sa part. C'est cette lettre que je remets entre les mains royales de V. M. La junte que forma en mourant le Roi Charles II, mon maître, qui soit en gloire, m'a choisi pour venir témoigner, avec un profond respect à V. M. de la part des royaumes, du gouvernement et des peuples qui composent la monarchie d'Espagne, combien ils ont tous célébré la sage et prudente disposition du feu Roi en faveur du Roi mon maître, petit-fils de V. M. Les uns et les autres, avec un respect plein de reconnaissance, remercient et félicitent V. M. dans le transport de leur cœur, de voir le trône d'Espagne occupé par un Prince qui touche de si près à V. M. Ils en tirent les conséquences les plus flatteuses, tant pour la religion que pour

l'État. C'est ce que cette lettre dira à V. M., et j'y dois ajouter que c'est à V. M. que nous reconnaissons devoir le don précieux qu'elle nous fait d'un Prince qui a des vertus si relevées, et que nous vivrons toujours avec un cœur pénétré de respect et d'amour pour V. M., et pour la bonté qu'elle nous a témoignée, dont nous la supplierons toujours de nous accorder la continuation; nous tâcherons de l'obtenir par les moyens les plus convenables à l'honneur qu'elle nous fait. Ayant le bonheur de me voir aux pieds de V. M., qui, par sa magnificence me fait l'honneur de m'accorder ces grâces, ces distinctions et ces faveurs que je me suis flatté d'en recevoir, je lui sacrifie ma personne et ma maison; et j'en tire avec confiance son plus grand relief et le mien, et le service le plus assuré du Roi mon maître.

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Le Roi lui fit cette réponse:

MONSIEUR,

Vous devez être bien persuadé que je reçois avec beaucoup de plaisir les complimens du Roi mon petit-fils, et avec beaucoup de satisfaction les reconnaissances que vous me témoignez de la part des Royaumes et des États qui composent la monarchie d'Espagne. Ils ne pouvaient choisir, pour s'en acquitter, une personne qui me fût

plus agréable que vous. Vous voyez à présent l'une et l'autre nation tellement unies que les deux désormais ne font plus qu'une. Pour moi, je suis présentement le meilleur Espagnol du monde ; et si le Roi mon petit-fils me demande des conseils, je ne lui en donnerai que pour la gloire et pour l'intérêt de l'Espagne. On verra mon petit-fils à la tête des Espagnols pour défendre les Français; et on me verra à la tête des Français pour défendre les Espagnols. Pour vous, Monsieur, vous devez avoir connu, depuis que vous êtes à mà Cour, la distinction que je fais de votre personne; et la joie que mes sujets montrèrent hier de vous voir, est une marque qu'ils connaissent combien j'aime les Espagnols.

III.

Discours d'entrée du Comte de Briord, Ambassadeur de France près des États-Généraux, en 1700.

MESSIEURS

Je viens donner à VV. SS. de nouvelles assurances de la constante amitié du Roi mon maître, et du désir sincère qu'il a d'observer inviolablement la dernière paix. Toutes les démarches que S. M. a faites depuis qu'elle a été conclue ont

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