NOTICE

sur Mgr Jean-Baptiste DECROLIÈRE évêque de Namur.

En ouvrant cette année académique par le discours qu'on lira plus loin, Mgr Hebbelynck a rendu un hommage juste et mérité à la mémoire de Mgr Decrolière, 25e évêque de Namur. Nous empruntons quelques détails sur la vie et les œuvres du vénéré prélat à l'Oraison funèbre prononcée le jour des funérailles 9 septembre 1899, en l'église cathédrale de St-Aubain, à Namur, par M. le chanoine Houba, archiprêtre.

JEAN-BAPTISTE DECROLIÈRE naquit à Marchienne-auPont, sur les rives de la Sambre, dans une contrée merveilleuse d'industrie et de travail, au milieu d'une population d'une densité extraordinaire, en 1839. I sortait des rangs du peuple, ses parents appartenaient à cette classe de travailleurs, actifs et courageux qui unissent à l'intelligence de la vie les vertus morales et chrétiennes et savent conserver, au milieu d'une population fascinée par les progrès de l'industrie et par le scepticisme contemporain, la foi pieuse de leurs aïeux. La Providence préparait ainsi celui qu'elle destinait aux plus hautes fonctions du sacerdoce à une connaissance exacte des questions ouvrières, qu'il devait traiter plus tard avec cette maturité de jugement qui fut une de ses qualités.

Le jeune Decrolière montra de bonne heure de grandes dispositions pour l'étude et un vif attrait pour la piété. Il fit de très brillantes humanités au séminaire si renommé de Bonne-Espérance, remportant toujours les premières palmes, croissant en sagesse et en vertu; se distinguant déjà par une tendre dévotion envers la sainte Vierge, aux pieds de laquelle il venait, dans l'église de Marchienne, déposer ses couronnes, lors de son retour dans sa famille à la fin de l'année scolaire. Cette dévotion envers Marie fut la dévotion caractéristique de toute la vie de Jean-Baptiste Decrolière. Il l'avait puisée au berceau; quand Dieu l'appela au poste éminent d'évêque de Namur, il s'empressa de placer son épiscopat sous la protection de Celle qu'il avait tant invoquée sous les doux vocables de Notre-Dame de miséricorde et d'espérance: Spes nostra salve!

Ses talents, développés par une application soutenue, le firent envoyer à notre Université. Il ne demeura parmi nous que quelques mois. Son évêque avait apprécié sa valeur, et il le rappela pour lui confier la chaire de rhétorique au collège d'Enghien, si réputé par ses victoires littéraires. Le jeune professeur se montra de suite à la hauteur de ce poste de confiance et il a laissé à Enghien un profond souvenir.

Alliant à un rare degré l'autorité, la science, le goût littéraire et la bonté, il gagnait le cœur de ses élèves. Il voulait en faire des jeunes gens instruits, solidement pieux, inébranlables dans la foi, capables de porter fièrement le drapeau de la science unie à la