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rappelle le savoir des Bénédictins, leur amour de la science. L'interprétation philologique des auteurs du moyen-âge, surtout de ceux de l'ancienne littérature anglaise, y trouve les secours les plus précieux, et entrera, je ne crains pas de trop dire, dans une nouvelle phase, grâce aux labeurs du collègue dont nous pleurons la perte. La publication de son mémoire n'arrêta pas les travaux de Delfortrie. A peine fut-elle achevée qu'il conçut le projet de présenter dans un cadre moins étendu et sous une forme plus populaire les principaux résultats de ses recherches, afin d'en faire profiter l'enseignement usuel des langues qui l'avaient tant occupé. Sans tarder il se mit à l'œuvre, et déjà cette œuvre approchait de sa fin, lorsque la mort est venue glacer la main laborieuse qui la traçait, et que même les premières atteintes du mal funeste qui nous l'a enlevé n'avaient pu arrêter. Espérons qu'une autre main savante et amie achèvera ce qu'il reste à faire pour que cette dernière pensée de notre collègue puisse recevoir sa réalisation.

Ma tâche finit ici. Vous le voyez, Messieurs, le président Delfortrie a dignement fourni sa part à l'œuvre à laquelle nous travaillons tous, qui est celle de l'Université, à l'avancement de la science. Qu'il repose donc après une vie si bien remplie dans la paix de Dieu, et que sa mémoire reste honorée et respectée parmi nous !

NOTICE SUR NICOLAS DE LEUZE, LICENCIE EN THÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN, PAR LE PÈRE PROUVOST, S. J.

Nicolas de Leuze mérite d'être compté parmi les savants de l'Université de Louvain qui, au 16e siècle, consacrèrent leurs talents au service de notre sainte religion. Il a surtout la gloire d'avoir attaché son nom à la fameuse Bible française dite de Louvain.

Il semble qu'il était natif de Frasnes en Hainaut, vu qu'il est presque toujours désigné de la manière suivante Nicolaus Leusius ou de Leuze à Fraxinis. Il est toutefois à remarquer que dans une de ses lettres il prend le nom de Nicolaus de Fraxinis alias Leusius et que, dans un acte, il est appelé Nicolaus à Fraxinis de Leuze, ce qui pourrait faire croire que son vrai nom était Defrasnes, Dufresnes ou quelque nom semblable et qu'il était originaire de Leuze.

Paquot, dans ses fastes de l'académie de Louvain, que l'on conserve manuscrits à la Bibliothèque royale à Bruxelles, nous apprend que de Leuze devint écolâtre à l'église de St-Pierre à Louvain le 12 décembre 1550 et chanoine du premier ordre dans la même église le 22 juin 1559. Il était de plus licencié en théologie dès l'année 1550. Il enseigna assez longtemps la philosophie à la Pédagogie du Lys et fut un des bienfaiteurs de ce collége.

Ce fut là qu'il eut pour élève Jacques Sluper natif d'Herzelle, poëte latin de cette époque, qui nous a

conservé dans ses œuvres, aujourd'hui fort peu connues, quelques détails sur son ancien maître (1).

Disons d'abord quelques mots sur les travaux scripturistiques de Nicolas de Leuze.

Il y aurait une notice fort curieuse à faire sur la Bible dite de Louvain. Cette question a été traitée d'une manière assez peu complète par Richard Simon (Hist. crit. du vieux Test. it. du nouv. Test.). On trouve des renseignements plus exacts dans Brunet, dans Van Hulthem, qui s'est servi des notes de Paquot, et surtout dans la Bibliothèque sacrée du P. Lelong.

Ce fut en 1530 qu'on vit paraître pour la première fois, en un seul volume in-folio, une traduction complète de toute la Bible. Elle avait été imprimée chez Martin Lempereur en vertu du privilége de l'empereur Charles-Quint, donné à Malines le 4 juillet 1530. On s'accorde à la regarder comme l'œuvre de Jacques Le Febvre, d'Etaples, théologien catholique de l'Université de Paris, qui fut quelque temps lié avec les Calvinistes, mais qui mourut dans la Foi catholique. Il est à remarquer toutefois que cette édition complète n'est en quelque sorte qu'une réimpression de diverses éditions partielles; car le nouveau Testament avait déjà été imprimé à Paris en 1523 chez Simon de Colines (3 vol. in-8°) et le Psautier en 1525 chez le même (in-8°) (2). De plus en 1528 avait paru à

(1) Valère André, Fast. Acad., pag. 263 et 45. Paquot, Mémoires II, p. 318.

(2) Le Febvre avait publié longtemps auparavant un Psautier en

Anvers, chez Martin Lempereur, la traduction du reste de la Bible, vue et examinée par le frère Bonaventure, gardien du couvent des Franciscains à Anvers, de concert avec quelques autres religieux de la même maison, et publiée avec la permission de Nicolas Coppin, maître et docteur en théologie, doyen de l'église collégiale de St-Pierre et inquisiteur de la Foi catholique (4 vol. in-8°) (1). Charles V dans son privilége de 1530 fait mention de la permission accordée, après examen, par l'inquisiteur de la Foi et de l'avis donné par le même inquisiteur et par d'autres théologiens de Louvain.

En 1533, par des lettres données à Bruxelles le 21 novembre et faisant mention du privilége de l'an << trente dernier, » l'empereur permit de réimprimer la même Bible qui fut livrée au public l'an 1534. Cette nouvelle édition différait de la précédente. On y avait introduit des corrections faites d'après les sources grecques et hébraïques. On y avait aussi ajouté des notes, dont plusieurs malheureusement, dit Lelong, favorisaient le Luthéranisme. Il est indubitable que l'autorité ecclésiastique n'avait pas revêtu ces changements de son approbation, et Paquot fait observer avec raison que d'après le privilége on aurait dû

cinq colonnes, Gallicum, Romanum, Hebraicum, vetus, conciliatum. V. l'index des livres défendus.

(1) Lelong indique une seconde édition de cette traduction incomplète, publiée en 1529-32 (4 vol. in-8), avec le privilége impérial de l'an 1530.

suivre dans la réimpression l'exemplaire approuvé par l'inquisiteur. Aussi l'édition fut-elle supprimée aussi bien que celle de 1541 qui paraît lui avoir été semblable (1). Toutes deux se trouvent marquées comme prohibées dans l'index publié par ordre du duc d'Albe et imprimé à Liége en 1560. On les trouve aussi marquées comme défendues (à la page 16 non chiffrée) dans les «< catalogues de livres réprouvez et de ceulx que l'on pourra enseigner par l'advis de l'Université de Louvain avec l'édict et mandement de la Majesté Impériale (2). »

C'est, comme on le voit, tout-à-fait à tort que l'on a donné à la bible imprimée à Anvers avant 1572 et 1578, le nom de Bible de Louvain, vu que les théologiens de Louvain n'ont pris aucune part à ses diverses éditions.

La véritable Bible de Louvain est celle qui a été publiée en 1550 par les soins de Nicolas de Leuze. Elle a pour titre : « La saincte Bible nouuellement translatée de latin en françois, selon l'édition latine, dernièrement imprimée à Louvain: reueuë, corrigée

(1) Il existe à la bibliothèque académique de Louvain un exemplaire de l'édition de 1530 et un de celle de 1534.

(2) On lit dans les Annales de l'imprimerie Plantinienne, publiées par M. Ch. Ruelens et le R. P. Aug. De Backer (p. 187) que « Charles-Quint, par son édit de 1546, avait défendu toutes les bibles traduites en français et en flamand, imprimées aux PaysBas depuis 1526. » Il en résulterait que même l'édition de 4550 aurait été prohibée du moins d'une manière implicite.

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